Allongée sur le lit depuis deux jours, je n'ai pas bougée d'un poil. Je n'ai pas mangée, je n'ai pas bu, je n'ai pas dormi.
Je suis juste restée là, à ne rien faire.
A attendre. Attendre quoi ? Je ne sais pas.
La mort peut être.
Est ce que la famille de Mona sera au courant de sa mort ? Vont-ils avoir une pierre tombale pour se recueillir ? Mais vont ils retrouver tous les morceaux de son corps ? Mon père va t'il croire que je suis morte aussi ? Que mon corps à été brûlé et caché quelque part ?
J'entend la porte s'ouvrir et l'odeur du roux parvenir à mes narines. Le lit s'affaisse, des bras s'enroulent autours de ma taille et un baiser vient se déposer tendrement sur mon cou.
Il ne dit rien, il me serre simplement dans ses bras. Je lui en veut quand même. Il aurait dû me laisser avec Anatoli et sauver Mona. Elle le méritait plus que moi. Elle valait plus que ma pauvre vie. Elle avait beaucoup de rêves et d'ambitions. Elle serait devenue une grande personne j’en suis sûr. Quelqu'un qui aurait fait bouger les choses. Elle était déterminée. Moi, je suis une pauvre gamine de 19 ans aujourd'hui qui ne sait même pas quoi faire de sa vie. Je me suis inscrite en fac de psycho pour être comme ma mère mais est ce que j'en ai réellement envie ? Je suivais à peine les cours. Je voulais rendre fière mon père. Qu'il voit la femme qu'il a tant aimé à travers moi. Mais résultat, il n'a plus personne. Il n'a plus personne à aimer. Son coeur qui était déjà bien brisé doit être en miette, ce n'est plus réparable. Je suis tellement désolée papa...
-" Je sais que tu m'en veux Eliza, c'est ton droit. Mais j'allais pas te perdre pour sauver une inconnue. Elle n'était pas importante à mes yeux. Tu es importante à mes yeux.
Je souffle doucement en retenant mes larmes.
-C’est ton anniversaire aujourd'hui petite ange, on devrait sortir faire la fête et se bourrer la gueule.
Je tourne la tête de droite à gauche.
-Aller mon amour. Me supplie t'il en se collant fortement à moi. Tu vas pas rester là à te morfondre, ça ne sert à rien. Elle ne reviendra pas, c'est la vie. On va boire un verre en son honneur, si tu veux.
Je refuse encore une fois.
-Aller Elizabeth...
-Ne m'appelle pas Elizabeth s'il te plait. C'est Eliza.
-Eliza, je veux que tu lèves ton joli petit cul de ce putain de lit. Que tu ailles prendre une bonne douche. Que tu t'habilles sexy, que tu te fasses jolie pour moi et qu’on sorte en boîte. Tu vas boire et t'éclater, tu verras que ça ira mieux. Ça va toujours mieux après trois-quatres verres, tu verras !
Il est 21h30 et je veux que dans une heure, j'entende le bruit de tes talons claquer sur mon putain d'escalier. Tu n'as pas le choix petite femme. M'ordonne t'il avant d'embrasser ma tempe et de partir."
Est ce que, c'est une bonne idée ? Boire pour oublier ? Mais ça n'ira pas mieux demain matin, la douleur sera encore là. J'aurais toujours aussi mal au coeur. J’aurais toujours l'impression qu'on compresse mon coeur comme pour me l'arracher. Je soupire et me retourne sur le dos. Est-ce que c'est une bonne idée de boire avec tous ces gangsters autour de moi ? Andrew est là, je ne risque rien avec lui. Il m'apprécie à sa manière. Je suis sa faille, il me la dit. Il ferait tout pour me protéger. Alors est-ce c'est une bonne idée de boire pour oublier ? La douleur partira quelques heures. Est ce que, je dois toujours en vouloir à Andrew de m'avoir sauvée moi et pas Mona ? Pour lui, c'était logique. Je suis sa faille et elle était la mienne, pas la sienne. Alors non je lui en veux pas. J'en veux à Anatoli, c'est lui qui lui a tiré une balle derrière la tête. C'est lui qui l'a tuée. Et c'est moi qui le tuerai, ma vie est déjà foutue de toute manière.
Je me lève du lit déterminée à me prendre la cuite de ma vie ce soir. Je veux boire jusqu'à ne plus pouvoir penser à quoi que ce soit. Je veux boire à ne plus savoir parler. Je veux boire pour oublier.
Je vais directement dans la douche pour me laver. J'ai encore du sang sur moi, cette odeur nauséabonde de mort qui me suit. L'odeur de la peau et des baisers mouillés de ce connard de russe. Je le hais, je veux sa mort. Je me hais de lui avoir offert si facilement mon corps, il m'a souillée de ses mains et de ses caresses, de ses gémissements et de ses mots. Je me frotte si fort que ma peau est prête à saigner. J'étouffe un cris et sors de la douche. Ma haine est si forte. Je me sèche et ouvre ma valise. Je ne peux pas mettre ces vêtements. Je prends la valise et la jette rageusement dans la piscine. CONNARD. Je souffle un bon coup, essayant de reprendre mes esprits. Ne laisse pas ta haine te bouffer de l'intérieur, pensais-je. J'ouvre le dressing espérant trouver des vêtements, mais rien. Je ris de frustration. C'est pas possible, il y a que des mecs dans cette villa ! Je souffle et descend jusqu'à la piscine. Heureusement pour moi, tout le monde est en train de se préparer. Je récupère donc, les vêtements et file à la buanderie les faire sécher. C'est ridicule, cette situation est ridicule, je suis ridicule. Un rire sort de ma bouche. Que je suis conne !
J'espère que les hommes d'Andrew, on bien fait leur travail en enlevant tout les micros qu'il y avait un peu partout.
Une fois habillée, je retourne dans la salle de bain, et bordel que ma tête fait peur. J'ai trois kilomètres de cernes sous mes yeux rougis et mon teint est si pâle, j'ai une allure de morte vivante. Qu'est-ce que j'aimerai être morte.
Une fois cette horrible tête arrangée, j'enfile mes baskets blanches. Je n'ai absolument pas envie de mettre de talon. Je ne sais pas ici, mais à Londres c’est tendance les robes avec des baskets. Puis clairement, je m'en fou. Je veux juste me bourrer la gueule pour ne plus penser. Pour ne plus sentir mon coeur se serrer dans ma poitrine. Je veux oublier la douleur ce soir.
Je descend les escaliers, Andrew est assis sur le canapé, une bière à la main. Au son de me pas, il tourne son visage sur ma personne. Il regarde mon visage, ma robe puis mes chaussures. Il fait la moue à la découverte de chaussures plates puis se lève pour me rejoindre. Le roux glisse son bras autour de ma taille avant d'embrasser ma tempe.
"-Tu es magnifique petit ange."
Je lui fais un sourire timide avant qu'il m'incite à le suivre jusqu’a sa voiture à l'extérieur.
Le trajet s'est fait dans le silence mais avec la main réconfortante du mafieu sur mon genoux. Il peut-être si adorable. J'ai du mal à imaginer que derrière cette frimousse se cache un tueur, il est si gentil et attentionné avec moi.
"-Quoi ? Pourquoi, tu me regardes comme ça ? Me demande t'il en arrivant devant la boîte.
-Rien... Juste merci.
- Tu me remercies pourquoi au juste ? De t'avoir demandé de ramener ton jolie petit cul ?
-Non. D'être si gentil avec moi. De pas m'avoir tuer quand je t’ai dis que Anatoli m'avait envoyée pour que je t’espionnes. D'avoir essayé de sauver Mona. De ne pas m'avoir jetée dans les griffes du diable alors que tu aurais pu. Je suis juste une fille banale qui ne vaut rien.
- Et Eliza. Prononce t'il en attrapant mon visage de ses deux mains. Tu n’es pas rien pour moi. Jamais tu entends ? Jamais Anatoli ne t'approchera. Il ne te fera plus de mal. C'est bientôt un homme mort. Ce n'est qu'un petit émigré qui ne connaît rien à la vie alors qu'il croit tous savoir. Il va crever. Crever comme un chien.
-Promis ?
-Promis mon amour. Me jure t'il avant d'embrasser mon front. Aller ! Que la fête commence !"
Je crie, je crie tellement fort ! Dieu que ça fait du bien ! Merde ! Mes cheveux collent à ma nuque et à mon front tellement que je suis en sueur. Mes pieds me font un mal de chien mais ça fait terriblement du bien ! Je rejoins le groupe attrapant un verre au passage avant qu'on ne trinque tous ensemble à l'unisson. Je connais absolument pas ces personnes mais elles offrent à boire. Plusieurs filles m'entraînent avec elles pour retourner à la piste de danse. Je vois une tête rousse nous rejoindre un sourire idiot sur le visage. Il m'attrape par les hanches me colle à lui, son front se colle au mien. Et je vois dans ses yeux le désir qu'il éprouve pour moi à cet instant. Mais le visage de ce connard de russe quand je lui faisais l'amour me revient en-tête. Va au diable Anatoli.
"- J'ai terriblement envie de t'embrasser Eliza. Je sais même pas comment je me retiens de le faire !
- Qu'est-ce que tu attends pour le faire alors ?"
Des lèvres se plaques violemment sur les miennes, mais c’est le brun que je vois m'embrasser avec tant de hargne. J'ai clairement pas assez bu !
Je me sépare du roux qui me regarde un peu déçu. Je lui montre mon verre vide et il comprend dans un rire que je veux boire, je ne suis pas assez bourrée. Peux importe si j'ai des trous de mémoire. Je fais confiance à Andrew, puis je pense que la plupart des personnes qui se trouvent dans cette boîte sont sous ses ordres et beaucoup nous ont vu nous embrasser, ils ne tenteront rien. Personne n'a tenté quoi que ce soit d'ailleurs. Je ne sais pas comment je dois le prendre. Je rigole intérieurement avant de saisir le verre que me tend mon sauveur et de le boire cul sec. Merde. Ma tête tourne. Je pose ma main sur l'épaule du roux pour reprendre mon équilibre. Il me demande machinalement si ça va en rigolant.
"-Tu devrais peut-être arrêter là pour ce soir Eliza.
-Tais toi et donne moi un verre petit roux tout mignon !
Les personnes autour de nous sont choqués de comment je parle à leur boss. Mais Andrew se met à rire de bon coeur.
-Vous avez entendu la dame ? Qu'on lui redonne un verre !
Chose dite, chose faite. Un verre de plus dans mes mains. Est ce que je vais le vomir ? Je pense. Ou alors ce sera le prochain, le verre de trop. Le roux me pousse gentiment contre la poutre du balcon, mettant ses mains sur mes hanches en plongeant sa tête dans mon coup. Je sens son nez caresser doucement mon coup.
-Je pourrais te tuer pour m'avoir parlée comme ça devant mes hommes mon amour...
-Tu tiens trop à moi pour ça..
-Hum... Ça m'excite tellement en fait.. J'ai envie que tu sois à moi, ma petite chef si tu vois ce que je veux dire. M'avoue t'il en plongeant son regard dans le miens.
Je fronce les sourcils. Bien sûr que je comprends ce qu'il veux dire... Mais honnêtement, ce n'est pas le moment, je n'ai pas le coeur aux plaisirs charnels.
-Mais je comprend. N’allons pas trop vite. Je ne veux pas tout gâcher. Mais...
-Mais ?
-Laisse moi t'embrasser encore et encore...
- Et si je refuse ?
- C'est le cas Eliza ? Je sais que tu as aimée que je t'embrasse. Pleins de filles aimeraient être à ta place, tu sais ?
-Très romantique. Rigolais-je en buvant mon verre.
-Je ne peux pas tout être à la fois.
-Il y a certaines chose qu'on ne dit pas quand on veux draguer.
-Est ce que j'ai besoin de te draguer ? Je suis sûr que tu es déjà accro à moi.
-C'est plutôt le contraire.
-Je m'en suis jamais caché petit ange. Je te l'ai déjà dis, tu es ma faille. Je veux faire les choses bien avec toi. Je veux pas te baiser pour après te jeter, tu comprends ? Je veux que tu restes avec moi. Que tu sois à moi. C'est pas des paroles en l'air, tu sais très bien que je ne mens jamais. Je te veux tout entière et je suis pas une tapette, ok ? L'alcool à la facheuse manie de me faire parler. Je te jure une vrai gonzesse. Je...
Je le coupe avec mon rire. C'est trop mignon.
-Eliza... Sérieux, juste restes avec moi, ok ? Puis de toute manière tu ne peux aller nul part tant qu'Anatoli n'aura pas rendu son dernier souffle.
-Je sais bien... Mais quand ?
-Bientôt. Je te le promets. Maintenant fait moi plaisir veux tu ?
- Comment ça ?
-Embrasse-moi."
Je peux lui faire confiance, je le sais. Il n'a pas le fond mauvais avec moi. Ce qui s'est passé avec le russe n'a rien avoir. J'étais persuadée d'avoir développée des sentiments pour Andrew au départ et je pense qu'ils sont encore là. Je lui sourit alors en touchant timidement sa tête, passant ma main à l'arrière de son crâne et de déposant mes lèvres contre les siennes. C'est doux. J'aime cette douceur. Je veux qu'on soit doux avec moi. J'en aie terriblement besoin. Je veux du réconfort et je sais que dans ses bras je peux en trouver. Je me sépare de lui mais il repose directement ses lèvres contre les miennes sous mon rire. Je le sens sourire. Il est content. Il a ce qu'il voulait et ça ne me déplaît pas. Il embrasse bien. Alors qu'il se détache de moi au bout de quelques minutes. Je sens un regard sur moi, c'est lourd. Mon regard vairon se pose sur une paire de yeux bleu. On dirait que cette personne m'attend calmement. Son visage me dit quelque chose mais impossible de mettre le doigt sur son prénom.