Complexe Watergate, nord-est de Washington D.C.
— Hima, je suis rentré.
Naruto Uzumaki pénétra dans l'entrée de l'appartement et ferma la porte derrière lui. Il n'avait pas l'habitude de rentrer à 17 heures, mais ce n'était pas un jour comme les autres.
Il n'eut pas de réponse, non pas qu'il se soit attendu au contraire, mais le sac à dos jeté à côté de la porte indiquait que Himawari était là. Pourtant, l'appartement était si tranquille que même la craquelure d'un glaçon aurait semblé assourdissante. Et cette image n'était pas loin de la vérité : sa fille était glaciale avec lui.
Il laissa tomber ses clés sur la table en marbre de l'entrée et remonta le couloir à la moquette beige jusqu'à la chambre de Himawari, lieu de son dernier coup de filet parental. Sans surprise, la porte était fermée. Il dut frapper quatre fois avec force pour qu'elle cède enfin et daigne lui répondre.
Elle entrouvrit à peine la porte, juste assez pour qu'il aperçoive un il larmoyant et un nez rose. Merde, elle avait pleuré ! Décernez-moi le prix du Père de l'Année... ou pas !
— Qu'est-ce que tu veux encore ?
Il inspira profondément et se rappela que c'était lui l'adulte.
— Il faut qu'on parle, toi et moi.
La porte s'ouvrit un peu plus, révélant une bouche pincée et l'éclat du fil blanc des écouteurs de son iPod.
— J'ai pas envie.
— Envie ou pas, nous allons régler le problème une bonne fois pour toutes. Viens dans mon bureau dans cinq minutes ou tu es punie pour toute la semaine.
Elle recula et lui claqua pratiquement la porte au nez.
Lui qui voulait repartir sur de bonnes bases... Se sentant aussi épuisé que s'il avait affronté Rita Mae Brown, Naruto gagna son bureau, son sanctuaire dans un appartement qui autrement semblait trop immense, trop moderne, trop lisse et trop beige pour lui convenir. Voilà ce qui arrivait quand on engageait une décoratrice d'intérieur. Au moins, il était resté sur ses positions et ne l'avait pas laissée approcher de son bureau. Le style colonial des meubles, les couleurs chaudes, le tapis navajo... Tout lui ressemblait dans cette pièce. De même que ses livres, des éditions reliées en cuir de classiques de la littérature américaine, de Nathaniel Hawthorne à Arthur Miller en passant par Mark Twain, qu'il avait tous fait venir de son ranch texan. Après six mois passés à la ville, il avait encore l'impression d'être chez lui dans ce bureau.
Le mal du pays le prit soudain. Déterminé à l'ignorer, il passa derrière le bureau, sortit son ordinateur et l'alluma. Il se connecta et parcourut sa boîte de réception en attendant Hima. Mentalement, il se promit que, contrairement à ce matin-là lors de l'incident concernant le magazine, il ne perdrait pas son sang-froid. Si sa fille était en colère, qu'elle soit en colère. Toute émotion, même la rage, était préférable au silence qu'elle adoptait la plupart du temps.
Un soupir lui fit lever la tête en direction de la porte. Hima se tenait sur le seuil, un pied dans le couloir, comme si elle planifiait déjà sa fuite.
Il considéra ses cheveux blonds hérissés, son tee-shirt court dévoilant son ventre et son jean taille basse, et sentit son amour-propre parental couler comme le Titanic. Où était passée sa petite fille ? Qui était cette étrangère renfrognée et avachie ? Ses yeux verts emplis de colère, bordés d'un épais trait d'eye-liner noir, le ramenèrent un mois en arrière, quand elle s'était pointée dans le hall de son immeuble du Watergate à plus de minuit, un sac à dos sur l'épaule, son mascara coulant sur ses joues comme des ruisseaux de boue.
« Je ne retourne pas chez maman, et tu ne peux pas m'y obliger » furent les premiers mots qu'elle avait prononcés, le menton (qu'elle tenait de sa mère) en avant, l'air fier.
Il n'avait pas su quoi faire : l'engueuler et lui interdire de lui parler sur ce ton, ou la prendre dans ses bras parce qu'après tout elle était saine et sauve, et ne gisait pas, sans vie, dans un vide-ordures. Il avait opté pour le câlin, s'était excusé auprès du concierge, puis avait fait monter Himawari dans son appartement. Dès qu'il avait refermé la porte derrière eux, elle avait perdu toute contenance et s'était effondrée.
— Oh, papa !... avait-elle soufflé de sa voix de petite fille dont il se souvenait si bien, la voix qui non seulement jouait sur sa corde sensible, mais menaçait de le faire craquer.
Il avait alors eu la certitude que Himawari ne jouait pas la comédie. Pour qu'elle fugue, quelque chose de grave avait dû se passer à New York.
Au moment où il avait senti qu'elle était sur le point de se confier à lui, son BlackBerry avait beuglé les premières mesures du titre de Madonna, Material Girl, la sonnerie qu'il avait attribuée à son ex-femme, Shion.
Hima s'était refermée comme une huître. En sanglots, elle avait foncé droit vers la chambre d'appoint, qui lui était réservée quand elle venait chez lui.
Conscient que sa chance était passée, Naruto avait décroché.
— Shion, écoute. Hima est ici. Elle va bien.
Il avait passé les trente minutes suivantes à la calmer tout en essayant de savoir ce qui s'était passé. Seulement, Shion n'en avait pas la moindre idée, ce qui le terrifiait. Jusque-là, son ex avait été le parent cool, la confidente, à mi-chemin entre la meilleure amie et la grande sur. Si elle ignorait la raison de sa fugue, c'est que, quoi qu'il se soit passé, c'était grave. Lorsqu'il avait appris que Hima avait volé un bracelet sans valeur quelques semaines auparavant, il avait été estomaqué.
— Comment est-ce possible ? Avait-il demandé. Et pourquoi ne me le dis-tu que maintenant ?
— Pas d'interrogatoire, Naru, avait répliqué Shion, en passe de perdre son légendaire sang-froid britannique. Je sais que tu penses que je suis une mauvaise mère, mais...
— Ce n'est pas vrai.
Shion n'était pas l'archétype de la mère parfaite, c'était certain, mais elle aimait Hima de tout son cur. Il désapprouvait peut-être ses voyages et ses horaires insensés, mais c'était une bonne mère. Et un enfant, notamment une fille, avait besoin de sa mère, raison pour laquelle il ne s'était pas battu pour la garde alternée, se contentant de voir Hima pendant l'été et les vacances scolaires.
Il avait inspiré profondément et baissé la voix.
— Écoute, quoi que Himawari ait vécu de si terrible, c'était à New York, et il est évident qu'elle considère Washington et mon appartement comme un refuge, pour l'instant du moins. Laisse-moi la calmer, l'inscrire à l'école ici, et on voit comment ça se passe. Avant que tu m'appelles, elle était sur le point de se confier à moi. Je le sentais.
Cette dernière remarque avait convaincu Shion. Au final, ils s'étaient mis d'accord pour qu'il garde Hima avec lui, mais seulement jusqu'aux vacances d'hiver. En attendant, il avait du pain sur la planche. Cela faisait des années qu'il n'avait pas été parent à plein-temps. Ni à temps partiel, d'ailleurs. Malgré cela, il avait toujours pensé qu'il entretenait une relation solide avec sa fille. En la regardant à présent, il admit qu'il s'était fait des illusions. La connaissait-il vraiment ? Qu'aimait-elle ? Qui étaient ses amis ? Quels étaient ses projets pour l'avenir, ses rêves ? En avait-elle seulement ? Davantage que ses vêtements exclusivement noirs et son piercing à la langue, c'était l'expression morte et morne de son regard qui l'inquiétait. L'été précédent, elle avait semblé si enthousiaste, si... heureuse.
— Pourquoi tu me regardes bizarrement ? demanda Himawari, le ramenant au présent. Si t'as un truc à me dire, dis-le.
— Très bien.
Il s'éclaircit la voix, se préparant à aborder le proverbial éléphant dans le magasin de porcelaine : le magazine confisqué. Ne se sentant pas encore capable de se lancer, il entama la conversation différemment.
— D'abord, je veux que tu saches que j'essaie de trouver quelqu'un pour nous aider à la maison. Tu sais, pour faire le ménage, cuisiner et te conduire à l'école ou ailleurs pour que tu ne sois pas coincée ici quand je suis pris au studio.
Quelqu'un pour te surveiller quand je ne peux pas. Quelqu'un, une femme, qui m'aidera à comprendre ce qui t'arrive avant qu'il soit trop tard. Elle plissa les yeux.
— Ce n'est pas ce que Mme Alvarez fait ?
— Si, en quelque sorte. Sauf que Mme A. ne conduit pas.
Et elle n'était pas assez jeune ni assez cool pour que Hima la considère autrement que comme une figure d'autorité. Hima se redressa brusquement.
— Alors tu l'as virée !
Naruto se raidit. Pourquoi semblait-elle si déterminée à le voir comme un ennemi ? Puisant dans ce qui lui restait de patience, il expliqua :
— Non. Mme A. m'a demandé un congé pour s'occuper de son petit-fils qui vient de naître. Je lui ai dit qu'elle pouvait revenir quand elle voulait.
C'était la vérité, et pourtant, à en juger par son expression, Hima n'y croyait pas. Elle fit la moue et se passa une main dans les cheveux, ses ongles peints en noir rongés jusqu'au sang.
— Comme nous avons une chambre en plus, je me suis dit que ce serait plus facile d'avoir quelqu'un sur place plutôt que quelqu'un qui fasse la navette, ajouta-t-il.
Quoi qu'il ait dit, elle explosa de rage.
— Quelqu'un va vivre ici avec nous ! hurla-t-elle, ses yeux lançant des éclairs. Elle aussi, elle va fouiller ma chambre ?
L'éléphant arrivait donc enfin sur le tapis – ou dans le magasin de porcelaine.
— Chérie, je ne fouillais pas ta chambre. Comme tu n'ouvrais pas la porte après que j'ai frappé, je pensais que tu n'avais pas entendu le réveil. Je ne voulais pas que tu sois en retard pour l'école.
En retard pour l'école, mon cul. Il avait eu peur qu'elle se soit fait du mal. Ce n'était probablement que de la paranoïa, mais elle avait été si déprimée et secrète qu'il ne savait pas à quoi s'attendre. En entendant la douche dans la pièce adjacente, il avait soupiré, soulagé. Elle était simplement en retard. Il avait fait demi-tour pour partir quand l'exemplaire ouvert d'On Top sur la table de chevet avait attiré son attention. Le titre de l'article, « Oubliez les contes de fées : le sexe chez les ados n'est pas une fiction mais la réalité », avait retenu son attention, mais c'était le sous-titre qui lui avait fait voir rouge : « Parents, préparez intelligemment votre fille : préservatifs, pilule... »
En regardant ces grands caractères noirs sur papier glacé, Naruto avait eu l'impression d'être frappé par la foudre et de recevoir un coup de poing au ventre en même temps, le tout au ralenti : terrifiant. Le temps s'était suspendu. Il avait retenu son souffle. Tout s'était arrêté, sauf la peur. Hima songeait-elle à avoir des rapports, en avait-elle déjà ? Et si elle avait déjà des relations sexuelles, se protégeait-elle ? Et de quelle façon : préservatifs, pilule, les deux, aucun des deux ? Si la réponse à l'une de ces questions était « oui », c'était qu'il arrivait très tard, peut-être même... trop tard ?
Mais comment était-ce possible ? Son bébé n'avait que quinze ans ! Jamais il n'avait connu de prise de conscience aussi violente ou blessante. Sans s'en rendre compte, il était devenu l'un de ces parents contre lesquels il pestait dans son émission, si égoïstement pris par leurs propres vies qu'ils n'avaient aucune idée de qui était leur enfant. Dorénavant, il était l'un d'eux, membre d'une tribu vivant dans le déni. Il était un Rip Van Winkle moderne, tandis que sa fille se faisait empoisonner par des messages culturels toxiques. Il avait ressenti le besoin d'évacuer la rage qu'il ressentait, et elle n'avait eu qu'un exutoire. Il avait ramassé le magazine, l'avait roulé et fourré sous son bras.
— Quand j'ai vu cette... (Feuille de chou, espèce de ramassis de conneries !) Publication, j'ai... (Réagi de manière excessive ? Bon, j'ai flippé.) Je me suis inquiété. Ce n'est pas le genre de choses auquel tu devrais être exposée à ton âge.
Ni à aucun autre moment, voulut-il ajouter, mais il était conscient qu'il ne pourrait pas la protéger indéfiniment. Néanmoins, il pouvait encore faire valoir les trois ans de droits parentaux légalement à sa disposition.
Elle croisa les bras d'un air de défi.
— C'est moi qui décide.
Naruto baissa les yeux vers la dernière « décision » de sa fille : un anneau en or au nombril, et sentit son âme se craqueler davantage.
— Non, ma chérie. J'ai bien peur que ça ne marche pas comme ça. Tant que tu n'auras pas dix-huit ans, ta mère et moi sommes responsables de toi.
Elle laissa échapper un ricanement, dont le cynisme lui brisa le cur.
— C'est marrant, maman n'a jamais censuré mes lectures. Ni mon accès Internet, ajouta-t-elle, faisant référence aux contrôles parentaux qu'il avait activés quelques heures à peine après son arrivée.
Elle aurait peut-être dû, pensa-t-il, mais la loyauté et un sentiment plus profond encore le retinrent de le dire à haute voix. Shion avait assumé la responsabilité d'élever Hima pendant dix ans. Critiquer sa permissivité alors qu'elle n'était pas là pour se défendre ne serait pas juste envers elle ni envers Hima.
— Tant que tu vivras sous mon toit, tu suivras mes règles, se contenta-t-il de dire.
Bon Dieu, il était passé du vieillot au vrai Paléolithique !
Les joues rouges, elle le défia du regard.
— Peut-être que je ne vais pas rester « sous ton toit » très longtemps.
Sa lèvre inférieure tremblait. Cela le ramena des années en arrière : quand elle était petite et qu'elle s'écorchait le genou ou cassait une poupée, elle courait dans ses bras pour qu'il arrange tout. À l'époque, il était son chevalier blanc, son héros. Si seulement il pouvait trouver un moyen de la secourir à présent.
— Écoute, Hima. Si quelque chose... ne va pas..., quoi que tu fasses, jamais ta mère et moi ne cesserons de t'aimer. Viens ici, ma puce.
Il se leva et tendit les bras vers elle, l'invitant à le rejoindre, ne serait-ce qu'à mi-chemin.
— Pas cette fois, papa.
Au bord des larmes, elle se retourna et se mit à courir, ses pieds nus martelant le sol du couloir, chacun de ses pas sourds lui faisant l'effet d'un coup de poing. Il laissa retomber ses bras le long de son corps. Le bruit désormais familier de sa porte qui claquait le fit battre en retraite dans son fauteuil en cuir. Bien joué, Uzumaki ! Maintenant, elle te déteste vraiment.
Il passa sa main sur son front avant de la plonger dans un tiroir de son bureau pour en sortir le magazine On Top. Il le parcourut, s'arrêtant sur l'article de couverture. Il l'avait déjà lu plusieurs fois, mais il ne pouvait s'empêcher d'y revenir. Tissé de citations d'interviews, de statistiques déformées et d'anecdotes encadrées en couleur, il n'était pas mal écrit, même si le message qu'il faisait passer était une pure connerie. « Oubliez les contes de fées... » Il secoua la tête et jura dans son souffle.
Comme si ce n'était pas assez compliqué d'être ado, les médias se sentaient obligés de répéter que l'homme parfait n'existait pas, et encore moins le prince charmant. Apparemment, tout ce que pouvait espérer une jeune femme était l'homme « parfait pour le moment », et les parents devaient s'attendre à ce que leurs filles en connaissent plusieurs avant d'atteindre vingt et un ans. Bon Dieu ! Les adolescents, garçons et filles, avaient besoin de comprendre que la promiscuité sexuelle avait des conséquences, des conséquences graves. Les préservatifs étaient importants pour la sécurité sexuelle, mais ils n'étaient pas infaillibles. Parfois ils se brisaient, comme leurs curs. Si Himawari avait des questions sur le sujet, il aimait à penser qu'elle les lui poserait ou, mieux encore, qu'elle les poserait à sa mère. Au lieu de cela, elle s'était tournée vers un magazine pour avoir des réponses. De mauvaises réponses.
Et qu'est-ce qui n'allait pas avec les contes de fées ? Il y avait cru... il était une fois.
Il jeta le magazine dans le tiroir, qu'il referma violemment. Si c'était le genre de conneries que Himawari lisait, pas étonnant qu'elle soit si pessimiste et déprimée. L'annonce qu'il venait de passer avait intérêt à trouver preneuse, et vite. Sinon, il devrait passer par une agence spécialisée, même s'il n'avait pas grand espoir de la trouver là, surtout à Washington, parce qu'il ne cherchait pas seulement une nounou, une gouvernante ou une cuisinière, mais un mélange magique des trois, et bien plus encore. Celle dont il avait besoin devrait être une bonne fée moderne, une femme qui soit non seulement assez jeune mais aussi assez cool pour s'entendre avec une adolescente de quinze ans désabusée, qui avait passé la majorité de ses jeunes années à Manhattan. Si elle était livrée avec une baguette magique, c'était d'autant mieux.
Un « dring » automatisé attira son attention sur son ordinateur. Il venait de recevoir un mail. Désireux d'en finir avec le travail pour la soirée, il cliqua sur la boîte de réception. L'objet, « Gentille aux valeurs traditionnelles », attira son regard et piqua sa curiosité. Un autre spam vantant les mérites de fiancées sur commande ? C'était probablement un courrier d'auditeur, même si la plupart n'étaient pas aussi créatifs dans leurs titres. Toutefois, il avait un peu de temps devant lui et ferait tout aussi bien de le lire.
Cher monsieur Uzumaki,
Voilà quelques années que je suis jeune fille au pair à Manhattan dans une famille auprès de deux adolescents. Mes employeurs déménagent à l'étranger dans le cadre d'une mission pour leur église, et, ayant appris dans votre émission de radio que vous cherchez une gouvernante pour votre fille, je souhaiterais discuter avec vous de la possibilité de venir travailler pour vous. J'ai un diplôme d'enseignante, obtenue à l'Université catholique d'Amérique et je serais heureuse de vous adresser mes références si vous le souhaitez.
P.-S. : J'ADORE votre émission !
Le message était signé Hinata Uga et incluait un numéro de téléphone précédé de l'indicatif téléphonique de Manhattan.
Naruto passa une main dans ses cheveux et essaya de ne pas s'emballer, même si cette femme semblait prometteuse. Mince, elle semblait absolument parfaite ! Il relut le mail au cas où il aurait pris ses désirs pour des réalités au point de l'inventer de toutes pièces. Elle avait un diplôme dans l'enseignement. Elle avait de l'expérience avec les adolescents. Elle vivait à New York ! L'adresse à Manhattan serait un argument de poids pour Hima qui pensait que quiconque habitant plus loin que Jersey City était un péquenaud mâcheur de foin.
Et, pour couronner le tout, ses employeurs actuels étaient missionnaires. C'était exactement le genre d'influence saine et positive qu'il cherchait à insuffler dans la vie de sa fille.
Hinata Uga. Même son nom semblait le ramener à une époque plus douce, plus agréable. Il la considérait déjà comme l'équivalent de Julie Andrews dans Mary Poppins : ferme, calme..., magique.
Et pourtant, dans un monde regorgeant de cinglés, on ne pouvait être trop prudent, surtout quand il s'agissait d'accueillir quelqu'un chez soi. Il vérifierait ses références le lendemain à la première heure, à commencer par ses employeurs, les Swanson. Un autre coup de téléphone à son alma mater, l'Université catholique, et, en supposant qu'elle ait joué Franc jeu, il la ferait venir à Washington pour un entretien en face à face. En présence de Hima. Mlle Uga avait beau sembler parfaite sur le papier, ce serait sa façon de se comporter avec Himawari qui compterait plus que tout.
Naruto attrapa la souris. Eh bien, mademoiselle Hinata, voyons ce que vous avez à dire sur vous ! Souriant pour la première fois de la journée, il cliqua sur l'icone « Répondre » et se mit à taper.
Il n'était peut-être pas temps d'oublier le conte de fées ni d'abandonner son rêve. Pas encore.