Et s'aimer encore (Demain nous appartient - Clemax - NOUVELLE)

Chapitre 3 - Maxime

A quelques centaines de mètres de chez lui seulement, sur une autre berge de l'étang de Thau, Maxime ajustait tant bien que mal son nœud papillon sur le col serré de sa chemise. Il regrettait presque d'avoir envoyé sa mère s'occuper de sa promise, il avait sûrement plus besoin de l'assistance de Chloé que Clémentine.
— C'est bon, là ? demanda-t-il.
Dans le miroir, il observa la réaction de Bart – son meilleur ami – qui était avachi sur le lit derrière lui, en costume et cravate, son abondante chevelure blonde savamment coiffée en arrière et laquée.
— Oui ! C'était déjà bon y a dix minutes quand tu l'as mis la première fois ! fit-il.
— Putain, je stresse, constata Maxime en enfilant sa veste.
— Je vois ça ! Quelle idée aussi, de te marier ! s'esclaffa Bart.
— Merci, ça m'aide vachement !
Le témoin de Maxime délia ses longues jambes et s'assit au bord du lit.
— Sérieusement, mec, profite, c'est censé être le plus beau jour de ta vie !
Un sourire béat illumina le visage rasé de près de Maxime.
— J'ai tellement hâte, si tu savais ! C'est idiot, ça ne changera rien à nos vies, mais de savoir qu'elle est bientôt ma femme...
— Elle ne se doute toujours de rien pour ce soir ?
Maxime n'avait pas dit à Clémentine que pour leur nuit de noces ils ne rentreraient pas chez eux. La chambre d'hôtel – ou plutôt la suite – qu'il avait réservée lui avait coûté cher, mais il voulait que cette journée se termine en apothéose.
Maintenant qu'il était indépendant financièrement – même si son salaire n'était pas mirobolant –, Maxime voulait vivre ce qui leur avait manqué pendant les premières années de leur union. Les escapades en amoureux le week-end avaient été rares, les vacances encore plus. Pendant ses études, il avait travaillé tous les étés pour gagner un peu d'argent. Une seule fois au mois d'août de l'année précédente, ils s'étaient octroyés une semaine de dépaysement dans les gorges du Tarn. Mais bien qu'ils aient profités pleinement, ces quelques jours avaient été bien plus sportifs que romantiques. Ils avaient fait du kayak, du rafting, de l'escalade. Le soir, ils s'endormaient épuisés et fourbus, sous la chaleur de la toile de tente qu'ils avaient plantée dans un camping bon marché.
Alors au mois de septembre, de retour à Sète, quand il avait été recruté au terme de trois entretiens d'embauche, Maxime avait déclaré à son nouvel employeur qu'il était disponible tout de suite, à condition toutefois qu'il dispose de deux semaines de vacances fin décembre et début janvier. Clémentine lui avait laissé carte blanche pour l'organisation du mariage, alors il ne lui avait pas dit toute la vérité non plus au sujet de leur voyages de noces. La lune de miel était prévue pendant les vacances scolaires de Noël, ça elle le savait. Mais jusqu'à présent elle croyait qu'ils se contenterait d'un hôtel de charme réputé sur la côte méditerranéenne, ce qui lui convenait parfaitement, tant qu'ils étaient tous les deux. En réalité, ils s'envoleraient pour une semaine de rêve aux Maldives et Maxime prévoyait de le lui annoncer le lendemain matin, au terme de leurs noces qu'il espérait parfaites.
Alex, qui ne parvenait pas à masquer sa propre nervosité, vint chercher son fils une demi-heure avant l'heure convenue pour le départ, suivi comme son ombre par le petit dernier de la famille, qui, avec son nœud papillon de travers sur sa chemise blanche, était son grand frère en miniature, les boucles blondes en plus.
— Les garçons, vous êtes prêts ? Bart, tu as les alliances ? pressa Alex.
Le brouhaha qui monta du rez-de-chaussée lorsqu'il ouvrit la porte de la chambre acheva d'angoisser Maxime. Sa tante Anna était là, ainsi que sa grand-mère Marianne et son compagnon Renaud (qui n'était pas le grand-père de Maxime). Ils reconnurent aussi le rire de Flore, la mère de Bart et amie proche de la famille depuis aussi loin que Maxime se souvienne.
D'autres convives devaient déjà approcher de la mairie, cherchant où se garer, le plus près possible pour ménager ces dames qui, courageuses, braveraient le froid de décembre trop peu couvertes en talons hauts et robes de fête. D'autres encore se hâtaient certainement, pas en avance, s'engueulant dans les voitures.
Le petit groupe s'exclama quand Maxime descendit les escaliers, lâchant des « oh ! » et des « ah ! » devant son apparence de... marié. Marianne l'embrassa bruyamment, puis effaça de son pouce les traces de rouge que ses baisers avaient laissées sur ses joues.
— Tout le monde est prêt ? demanda Alex avec entrain.
Personne ne remarqua le « non ! » désespéré que Maxime émit pour lui-même.