Ma première session d'hypnose fut comme une révélation pour moi. Durant mes études, j'en avais déjà entendu parler mais le vivre réellement, c'était tout autre chose. Une expérience absolument fabuleuse. Sous la voix suave et monocorde d'Andréas, tranquillement installée dans le sofa prévu à cet effet, je relâchai profondément toute ma conscience. J'étais à des milliers de kilomètres loin de tout stress... A la fin de la séance, je me suis sentie véritablement détendue et reposée. J'étais déjà différente. Le bien-être ressenti me fit presque faire un geste regrettable, celui de serrer dans mes bras, mon thérapeute... mais ce n'était qu'un joli rêve... Le remerciant chaleureusement, j'allais lui demander combien je lui devais mais Andréas m'interrompit en m'informant qu'il allait faire préparer " un accord de confiance " comme il le disait et que je le signerais la prochaine fois. Ravie de le retrouver bientôt, je n'en fus pas moins impatiente. Pressée d'être à la session suivante, je me posais bêtement la question de savoir ce qu'il pensait de moi. Le Professeur Andréas Donovan était le parfait spécialiste. Avant tout, il était très professionnel. En plus, il était d'une beauté à couper le souffle, orné de cet halo de splendeur qui ne cessait de rayonner quand il était auprès de vous. Secrètement, je vouais un véritable culte à ses magnifiques lèvres et rêvais qu'il me les pose un peu partout sur mon corps... Mais vu sa perfection, je n'imaginais pas un seul instant qu'il puisse s'intéresser à moi... D'ailleurs, Andréas n'avait jamais montré un quelconque signe de béguin me concernant. Distant, professionnel et totalement énigmatique, voilà comment il paraissait... Même si je fantasmais à l'idée que je lui plaise, aucun indice distinct ne se manifestait... Je me posais beaucoup de questions à son sujet : avait-il une femme dans sa vie ? Etait-il marié ? Avait-il des enfants ?.... Mais étant donné que nous n'entretenions que des relations patient/médecin, je n'allais certainement pas m'engager dans ce genre de conversation à cœur ouvert.
Après deux séances effectuées à son cabinet en ville, Andréas me suggéra de faire la troisième à son bureau situé dans l'enceinte même de son hôpital psychiatrique. Pour lui, le fait d'avoir plus d'espace me permettrait de me sentir davantage en confiance et par conséquent, de me livrer et de travailler plus en profondeur, le côté thérapeutique. N'y voyant aucun inconvénient, j'acceptai évidemment car pour mon mieux-être, j'aurais fait n'importe quoi. C'était la première fois que je me rendais dans son établissement où le luxe et l'argent étaient de mise avec la grandeur des locaux en accord avec l'élégance du directeur et propriétaire des lieux. Plus nerveuse qu'à l'accoutumée, je devais reconnaître que ce bâtiment m'impressionnait tant par sa taille que par la technologie dernier-cri dont on vantait les mérites sur un panneau d'informations, situé près de l'accueil. J'avais plus l'impression d'être dans une clinique high-tech experte dans la chirurgie esthétique que dans un centre spécialisé. Tout ceci ne me rassura guère. Arrivant à son étage, pour ses consultations privées, je mesurais la renommée mondiale qu'avait développé le Professeur Donovan. Des photos grand format le montraient avec des chefs d'Etat, des souverains et autres patrons influents du capitalisme moderne. Stupéfaite de voir qui il était, en plus de toutes ses qualités, une personnalité célèbre fréquentant les grands de ce monde, j'en étais intimidée. M'annonçant à la secrétaire, celle-ci me regarda d'un œil suspicieux... Bizarre... Elle me fit patienter dans la salle d'attente, ressemblant plus à un spa de luxe que l'espace restreint d'un cabinet de psychiatre d'un quartier populaire... La dernière machine à café côtoyait la théière du futur, le tout agrémenté d'un chariot de viennoiseries françaises. Il n'y avait aucun doute, nous étions bien dans le luxe absolu. Au bout d'un certain temps, la secrétaire vint me chercher pour m'emmener dans le bureau d'Andréas. Bien différent de celui qui était en ville, celui-ci était sobre mais impeccablement agencé. Dans les tons neutres afin de pouvoir aider ses patients à se détendre dans de bonnes conditions, la taille de cette pièce paraissait démesurée. En admiration aussi bien de l'aménagement du cabinet, que par la vue imprenable sur les montagnes, je ne l'entendis absolument pas arriver tellement j'étais captivée par toute cette débauche de luxe. Pourtant, je n'avais rien à lui envier. Riche à milliards, ma fortune personnelle devait être équivalente, voire plus, à la sienne... mais à l'heure actuelle, ce n'était pas ce qui me préoccupait le plus.
" - Mademoiselle Tyler ! ... Ravi de vous revoir ! " me dit Andréas pour me secouer de mon moment d'égarement.
Sursautant par surprise, je le zieutais rapidement pendant qu'il s'installait : un costume noir, chemise blanche, chaussures italiennes et parfum à vous faire succomber, le tout impeccablement porté. Mon Dieu ! Cet homme savait comment s'y prendre pour que les femmes se mettent à ramper devant lui...
" - Bonjour Professeur... Je suis également contente de vous retrouver pour cette nouvelle séance " lui répondis-je pour me concentrer sur autre chose que sur son corps parfait.
Andréas m'observa de là où il se tenait.
" - Il y a un problème Aquilina ? "
Merde ! ... j'ai fait quelque chose que je n'aurais pas dû ? ... J'hésite à lui répondre mais après réflexions, je n'ai rien à me reprocher, si ce n'est le fait de l'avoir examiné sous toutes les coutures... Alors, je lui répondis :
" - Non... Absolument pas, Docteur ! .... J'ai juste hâte de commencer "
Andréas était loin d'être un demeuré.... mais il fit abstraction de mon subterfuge, non sans paraître un peu déstabilisé. L'avais-je troublé en l'admirant de cette façon ? Une fois de plus, aucune manifestation ne viendrait me conforter dans cette idée saugrenue... Avant de m'installer confortablement dans le fauteuil prévu pour la séance d'hypnose, Andréas m'informa qu'il avait fait préparer les papiers de ma demande de prise en charge par ma compagnie d'assurance santé et que je devais y apposer ma signature, auquel cas, je ne pourrais pas bénéficier d'un remboursement total. Après cette formalité accomplie, je me plaçais dans le sofa. La séance pouvait enfin débuter...