Il était là. Devant moi, il était là. Farlan... Il était dans un piteux état. Il était brulé, mutilé, la tête tranchée. Il avait été brulé vivant, avant de se faire rompre le cou. Je le regardais, démunie. Je ne réagis pas. Je ne sais pas comment de toute façon. J'entends des pas résonner. Ils approchent de l'endroit où je suis, assise sur le sol, fixant le sang gluant et froid du corps de mon ami... Je sais qui approche. Je le sais. Je le sens. Leur énergie émane de leur corps, je les reconnais.
Pakunoda – Rima... Murmura-t-elle en entrant dans la pièce après avoir vue ma silhouette.
Sharnalk – Viens...
Il s'était rapproché jusqu'à moi avant de poser doucement une main sur mon épaule, main que je retira tout de suite. Mon expression au visage suffisait à comprendre ce que je ressentais, tout comme mon expression corporelle ; mon corps me trahissait. On pouvait très bien remarquer les émotions qui le traversaient.
Moi – Vous ne l'avez même pas aidé... Commençai-je d'une voix faible, meurtrie. Vous ne l'avez même pas aidé... Vous, vous savez ce qu'il allait faire ! Repris-je en parlant de Feitan.
Je tourna la tête, montrant ainsi mes yeux froncés, mon regard noir, brutal. Je regardais de cette façon Sharnalk.
Moi – Pourquoi tu...POURQUOI TU NE L'AS PAS AIDÉ ?! Hurlai-je.
Sharnalk est resté bien bête devant moi. Il ne s'attendait pas à un tel changement de comportement, sans doute ! La fille enjouée, naïve, celle qui rigole à en perdre haleine... Cette fille avait laissé place à celle qui est blessée, dure, froide.
Je me releva d'un bond, laissant les deux membres de la brigade dans l'usine. Je les avais pris de court en courant de toutes mes forces jusqu'à l'extérieur. J'allais retrouver le reste de la brigade, toujours perchée sur la colline.
Moi – FEITAN !
Tout le monde me regardait, en particulier l'intéressé qui semblait s'être calmé. Il avait levé un sourcil. J'étais maintenant devant lui, à un mètre. Je le regardais, très remontée. Ma respiration se faisait entendre et, d'un coup, je me mis à hurler à gorge déployée, courant jusqu'à lui ! Je le tenais par le col de son haut. La scène devait être d'un ridicule, il n'est pas très grand et moi non plus... Mais assez pour le redressé sur la pointe de ses pieds... Il me regarde encore plus méchamment que tout à l'heure.
Moi – ESPECE DE SALAUD !!!
Uvogin – Rima ! Non !
Moi – POURRITURE !!!
Phinks s'était rapproché pour m'encercler avec ses bras. Il me retenait, mais avec du mal. J'étais déchainé.
Moi – SALAUD !!! ARGH, LACHE-MOI PHINKS ! LACHE-MOI !
Phinks – Il est où Sharnalk ?! On a besoin de son antenne là ! Cria-t-il aux autres.
Je bouillais. JE BOUILLAIS. JE BOUILLAIS. JE BOUILLAIS ! JE BRULAIS... JE BRULAIS.
Moi – J'T'AI DEJA DIT DE NE PAS ME TOUCHER !!! Hurlai-je déchainée.
Phinks – Mais que !
Une étonnante énergie avait jailli de mon corps ! Un peu comme mon aura, avec le nen... Sauf que ce n'était pas ça. C'était le pouvoir que j'avais dans le sang depuis toute petite... Mais, ce pouvoir, l'eau, avait totalement changé. Mon corps s'était illuminé un court instant, je sens mes yeux brûler à cause de cette énergie ! Et, tout à coup, de grosses flammes orangées apparurent sur mes bras, autour de moi.
Uvogin – Le feu ?! Lança-t-il étonné. Depuis quand elle... ?!
Machi – Ecartez-vous !
Moi – FEITAN !
Nobunaga avait dressé son katana. Franklin jouait avec le bout de ses doigts, attentif à mes faits et gestes. Pakunoda arrivait en courant, son revolver à la main... Mais qu'importe...
Je sais ce que je veux. Ma volonté est immense, là ! Mon corps me brûle, je m'en fiche ! JE M'EN FICHE ! JE M'EN FICHE !
Et, tout à coup –
Kuroro – Que tout le monde fiche le camp. Feitan, reste ici.
Sharnalk – Que ?! CHEF ?
Tout le monde partait de la colline, hésitants. Il ne restait plus que Feitan et Kuroro, le fameux chef de la brigade qui nous avait laissé entre les mains de ses disciples il y a quelques mois déjà.
Kuroro – Rima, Commença-t-il d'une voix neutre, Essaie de te calmer.
Moi – Vous, taisez-vous. Vous ne savez pas ce qu'il s'est passé. Il l'a tué. IL L'A TUÉ !
Feitan – Comment tu parles au chef ?!
Kuroro – Feitan, le gamin ? Demanda-t-il en tournant son visage vers lui.
Feitan – C'était un accident.
Moi – Ca c'est un mensonge !
Feitan – Il a dit que nous étions des assassins.
Je me mis à rire nerveusement, puis –
Moi – C'est une raison pour couper la tête de mon meilleur ami ?! EST-CE QUE C'EST UNE PUTAIN DE RAISON VALABLE ?! UNE RAISON POUR LE TORTURER ? LE BRULER ? LUI ROMPRE LE COU ?!!
Cette vive énergie augmentait. Mon front luisait, ma peau commençait à me piquer. Les flammes grandissaient autour de moi et mes yeux s'étaient à nouveau illuminer une ou deux secondes.
Kuroro – Rima, Reprit-il, Tu vas mettre ta vie en danger si tu ne te calmes pas très vite.
Mon regard s'embrasait. Les flammes créées une chaleur torride et un courant d'air qui aurait pu être agréable, sauf que cela n'était pas le cas.
Moi – Vous n'avez rien à me dire !
Kuroro – Ta mère a sûrement dû t'expliquer que les sorciers uniques peuvent se tuer s'ils utilisent en trop grande quantité leur pouvoir, surtout s'ils ne les contrôlent pas. Tu ne sais pas contrôler ce nouveau pouvoir très impressionnant, tu contrôles à peine celui de l'eau ! Pour le bien de tous, de toi, calmes-toi !
Moi – FEITAN A...
Kuroro – Je sais. Je l'ai entendu. Je comprends ta douleur, vraiment. Tu as le droit d'être énervée, triste, en colère contre Feitan. Mais tu n'as pas le droit de salir cette image de sorcier, d'unique ! Tu n'as pas le droit de te laisser submerger par tes émotions. Tu n'as pas le droit. Tu ne peux pas. Tu veux mourir toi aussi ?! Laisser ta famille, tes amis, sous prétexte que Farlan soit mort ?!
Les mots, ses mots, étaient bien trop douloureux. Je m'étais écroulé sur les genoux, les mains sur mes yeux. Je pleurais, criant de toutes mes forces. Quelques pics de glace s'étaient mis à pousser sur certaines parties de mon corps ; Kuroro qui s'était approché de moi s'était brusquement stoppé dans son élan ; l'un des pics avait failli le transpercer.
Kuroro – Je ne veux pas que tu penses que nous sommes de mauvaises personnes. On sera là le temps qu'il faut pour toi, tu resteras avec nous le temps que tu te reprennes... Et après... Tu pourras t'en aller, si tu le souhaites.
« Tu pourras t'en aller, si tu le souhaites » ... S'il n'avait pas été tué, nous aurions pu nous sauver, tous les deux, dès ce soir même...
Je suis restée là, sur le sol, toujours en pleure. Mes mains étaient toujours sur mon visage, tentant de contrôler ce que je laissais ressortir de mon pouvoir... De mes pouvoirs.
Kuroro – Tu n'es pas seule, Rima Kirschtein.
[ELLIPSE DE 20 JOURS]
Uvogin était retourné dans l'usine pour récupérer le corps de Farlan. Il l'avait entouré d'un drap usé pour que je puisse le porter avec lui, j'y tenais.
Farlan est à quelques pas de l'usine carbonisée maintenant, enterré. C'est Franklin qui avait creusé le trou.
La brigade fantôme au complet avait respectée le deuil que je continue de vivre...
Bien-sûr, je ne suis pas partie.
Je reste avec mon ami. Je n'ai pas la force de partir, pas tout de suite, pas comme ça. La brigade s'était installée dans une autre usine abandonnée, comme si de rien n'était.
J'y vais tous les jours, à l'endroit où Farlan est désormais. Je me mets par terre, à côté de la terre retournée, et je parle. Je parle de nos souvenirs, de nos envies et de nos rêves que nous nous étions confiés depuis le début de l'examen hunter.
Je pleure beaucoup. J'ai du mal à contrôler la tristesse qui est devenue presque banale dans ma façon d'être. Parfois, des petits flocons de neige s'échappent de mon corps, exprimant ainsi cette tristesse. Je ne contrôle plus rien...
De temps en temps, certains membres de la brigade fantôme viennent jusqu'au cimetière improvisé pour me voir. Ils tentent de m'apporter un soutien. Je ne sais pas s'ils viennent d'eux-mêmes où si Kuroro leur demande pour que je me sente entouré... Mais ils viennent. Est-ce que ça m'apporte du réconfort ? Pas du tout.
Aujourd'hui, c'est Sharnalk qui est venu. Je le sais. Je reconnais ses pas et sa façon à lui de se prononcer en râclant sa gorge. Je n'ai pas eu besoin de me retourner pour comprendre que c'était lui.
Sharnalk – Tu ne dis rien... Tu ne relèves même pas la tête pour voir de qui il s'agit...
Moi – Mh. Ne viens surtout pas me parler de ce qui s'est passé. Je suis trop fatigué pour me prendre la tête, pour épiloguer sur la façon dont tu nous as abandonné.
Sharnalk – Rima... C'était compliqué...
Moi – Tu l'as laissé, tu savais ce qui allait se passer. Tu l'as condamné.
Sharnalk - ... Excuse-moi.
Moi - Des excuses ! Toujours des excuses ! Comment voulez vous que je puisse vous faire confiance quand vous passez votre temps à inventer des excuses ?!! Est-ce qu'un jour vous allez vous rentrer dans la tête qu'il y a des conséquences à vos actes ! Des conséquences qui souvent rejaillissent sur les autres, comme moi...
J'avais explosé. Ma rage était grande, très grande. J'avais très mal parlé. A la fin, ma voix était cassée, brisée. J'allais mal, très mal.
Il y eu un silence, je soufflais. Puis -
Sharnalk – Je ne pouvais pas te sauver et le sauver. Je ne pouvais pas non plus m'interposer entre lui et Feitan. On serait tous morts, toi, moi, eux...
Moi – Farlan était en difficulté, il...
Sharnalk – Je t'assure Rima, je ne pouvais pas faire autrement...
Moi – Il était...
Je baissa la tête, observant les quelques fleurs grossièrement coupées, séchées sur la terre retournées.
Moi – Farlan était...
Sharnalk s'était accroupi, attrapant au passage ma main sans rien dire.
Moi – C'est exactement ce qu'il aurait fait.
Sharnalk – Je t'en prie, ne te mets pas dans cet état, il...
Moi – Il ne voudrait pas ça, c'est ça ?! Ce sont des bêtises ! Tu ne sais rien de lui, rien du tout ! Vous ne le connaissiez même pas. Vous êtes tous hypocrites. TOUS.
Sharnalk – Je... Ne te mets pas en danger pour lui.
Moi – Me mettre en danger ?! Tu divagues !
Sharnalk – Pas vraiment si on s'attarde à tes énormes cernes sous les yeux, à ton visage creusé, à ta peau sur les os... Tu t'es renfermé sur toi-même et tu as changé ! En à peine 20 jours tu... Tu sais comment tu es, là ?!
Moi – Je n'ai pas besoin d'un avis médical ! Je sais très bien comment je suis et comment je vais.
Sharnalk – Orh, écoute : je ne te demande pas de me pardonner, mais reprends-toi, je t'en supplie.
Il s'était redressé en lâchant ma main. Il avait mis sa main dans sa poche avant d'y retirer quelque chose. Il attrapa autre chose qui était déposé sur la terre derrière lui. Il déposa le tout, tout près de moi.
Sharnalk – C'était à lui. J'avais tout gardé quand vous êtes arrivés ici. Hum, tu te doutes qu'il n'y a plus la carte SIM...
Il était parti.
En relevant la tête, j'aperçu sur le sol un petit téléphone portable légèrement abîmé. C'était son téléphone, celui de Farlan. A côté, il y avait son sac à dos très abîmé, avec des déchirures, des taches. Ce sac l'accompagnait à chaque fois. Il ne l'avait jamais quitté pendant l'examen, c'était limite s'il dormait avec...
[AUJOURD'HUI – 4 MOIS APRES LA MORT DE FARLAN]
[LE 26 AOUT]
Kuroro – Machi et Pakunoda ensemble. Sharnalk, tu iras avec Rima.
Uvogin – Les deux hunters ensemble !
Sharnalk – Ca va aller ? Me demanda-t-il souriant.
Moi – Oui.
Le chef de la brigade s'était rapproché de Sharnalk et moi –
Kuroro – Vous savez quel est votre objectif ?
Sharnalk – Bien sûr chef !
Kuroro – Prête à voler de nouvelles choses ? Me dit-il.
Moi – Et comment ! Lançai-je enjouée.