Il se dirigea ensuite vers la sortie pour revenir dans le salon, suivi de près par John.
- Tu peux m'expliquer ce qui se passe ? demanda John d'un ton à la fois énervé et perplexe, mais en chuchotant.
- Voici Henri Finney, bourreau et 4ème adoptant de Mlle Sanders quand elle avait 9 ans. Probablement la dernière cible de notre serial killer, répondit-il impassible.
- Comment ça bourreau ? Et pourquoi est-il inconscient sur le sol ?
- Oh, il l'a torturée. Et en arrivant il l'a agressée et a voulu me frapper quand je lui ai demandé de la lâcher. Donc je lui ai envoyé mon poing dans la figure, pas de quoi s'affoler.
- Tu rigoles j'espère.
John était sidéré, mais il l'avait toujours su, son ami n'était pas banal. Toute cette histoire risquait cependant de (très) mal se finir. Déjà, apprendre que quelqu'un avait été torturé même il y a des années était quelque chose de difficile à encaisser, en tout cas pour quelqu'un comme John qui était beaucoup plus sensible que d'autres. Le plus surprenant était Sherlock. Jamais il ne l'avait vu avoir un contact physique avec une personne, ou en tout cas sans tenter de d'en dégager ou de l'éviter. Et pourtant, la position dans laquelle il avait trouvé le détective et la jeune fille ne laissait pas place à l'interprétation. Ils étaient étroitement enlacés, elle endormie et lui la regardant presque tendrement. John secoua la tête, pas persuadé d'être vraiment réveillé sous les yeux médusés de Sherlock qui ne comprenait pas sa réaction.
Il reprit ses esprits et sortit son téléphone. Il composa rapidement un numéro avant de porter le téléphone à son oreille.
- Lestrade, c'est John. Est-ce que vous pourriez venir chez Sherlock ? C'est assez urgent. Super, merci.
John raccrocha et s'assit dans son fauteuil en gardant un œil méfiant sur l'homme toujours inconscient sur le sol. Quant à Sherlock, il en fit de même en attrapant son violon pour en triturer les cordes.
L'inspecteur ne mit pas longtemps à arriver, accompagné par le Sergent Donovan et un autre policier. Leur arrivée ne se fit pas sans bruit et Zoé sortit rapidement de sa chambre, les yeux gonflés et vagues. Elle jeta rapidement un œil à toute la pièce pour voir que Lestrade venait de franchir le seuil et que Henri Finney était toujours au sol. Elle ne dit rien et alla se poster près de Sherlock, comme pour se rassurer. Le détective la regarda rapidement, un peu surpris, mais se concentra rapidement de nouveau sur ce qu'il se passait ici.
Lestrade, en voyant Henri Finney, eut un air surpris mais aussi en colère. Il devait se souvenir de ce qu'il s'était passé il y a maintenant des années et savoir qu'il avait de nouveau attenté à celle qu'il considérait comme sa fille le mettait dans un état d'énervement peu habituel.
- Vous allez devoir fournir une bonne explication pour ça, soupira-t-il.
Repoussant son aversion, il s'accroupit près du criminel et sûrement par acquis de conscience, posa sa main sur sa nuque pour vérifier qu'il était toujours vivant.
Le sergent Donovan, pour qui l'aversion envers Sherlock n'était plus une surprise, lança :
- Il faut toujours que vous vous fassiez remarquer, hein ? Ça y est, vous commencez à montrer votre vrai visage en attaquant des citoyens ?
- Si je peux me permettre, dit Zoé pour la première fois d'un ton ferme et résolu. Sans lui, c'est moi qui serait à la place de cet homme maintenant, car Sherlock m'a sauvée de lui. Alors si vous avez un quelconque reproche à lui faire, adressez-vous à moi.
Son regard fermé et déterminé ébranla la confiance de Donovan qui ne sut que répondre.
- Ce n'est pas le moment, sergent, ajouta Lestrade. Cet homme sort à peine de prison et agresse déjà quelqu'un.
- Comment vous savez qu'il sort de prison ?
- Tout simplement parce que c'est moi qui l'ai arrêté il y a maintenant 11 ans.
- Qu'avait-il fait ?
- Il... s'en était pris à une enfant, hésita-t-il en jetant un coup d'œil vers la jeune fille qui était restée postée près du détective.
Celle-ci lui fit un hochement de tête discret qui ne passa évidemment pas inaperçu aux yeux de Sherlock.
- Il va falloir l'emmener au poste de police et l'interroger, ajouta Lestrade d'un air résigné.
Il s'apprêtait à le réveiller mais Sherlock fut plus rapide.
- Étant donné ses récentes actions, c'est-à-dire agresser Zoé ici présente, il serait peut-être plus pertinent de le menotter au préalable.
Le lieutenant hocha la tête, lui mit les fameuses menottes et le secoua un peu, jusqu'à ce que ses yeux s'ouvrent difficilement. Son regard tomba sur l'inspecteur, le faisant sourire.
- Comme on se retrouve, Lestrade. Entre Zoé et toi, c'est ma journée, rigola-t-il. Vous êtes sérieux, pour les menottes ? Tiens, Zoé, tu es encore là, fit-il ironiquement.
Cette dernière attrapa mécaniquement la manche du détective qui ne sourcilla pas, se forçant à ne pas trembler.
- Tu es un monstre, cracha-t-elle.
Finney la regarda à la fois salacement et plein de dégoût.
- Parce qu'entre nous deux, le monstre c'est moi ? As-tu déjà tenté de te regarder dans un miroir ? Tu les caches peut-être mais moi ça ne prend pas, je sais où sont tes cicatrices, n'est-ce pas Inspecteur ? Mais j'oubliais, je suis le seul à savoir où se situe l'une d'entre elles, fit-il perversement sous l'air choqué de tout son auditoire.
En moins de deux, Lestrade était sur lui, prêt à lui en coller une à son tour. John le retint rapidement en lui disant qu'il travaillait pour Scotland Yard, qu'il comprenait sa colère mais qu'il pourrait la déverser au procès. Quant à Zoé, elle avait complètement attrapé la main de Sherlock qui la tira rapidement en dehors de toute cette ambiance pleine d'amertume mais surtout pleine de choc.
Ils descendirent rapidement les escaliers, toujours main dans la main sous les yeux surpris de Mme Hudson qui passait par là. Elle les appela mais il ne ralentit pas l'allure pour autant, sortant du 221B Baker Street. La nuit tombait déjà et un ciel étoilé faisait lentement place à un ciel nuageux et terne. Zoé, qui ne savait pas du tout où Sherlock voulait aller, se laissait guider à travers les rues de Londres.
Ils déambulèrent une quinzaine de minutes avant d'arriver devant un grand bâtiment de forme ronde. Elle comprit tout de suite où ils étaient et se sentit aussitôt émerveillée.
Il sortit un trousseau de clés duquel il utilisa une petite clé en métal pour ouvrir l'observatoire. Ils atterrirent dans une grande salle où un gigantesque télescope trônait sous un dôme. La pièce était plongée dans le noir, de sorte de pouvoir admirer les étoiles. Il l'entraîna vers deux fauteuils et la fit asseoir, sa main toujours dans la sienne. Le téléphone du détective vibra et il dut la lâcher pour taper rapidement un message à John qui était inquiet, lui disant que tout allait bien et qu'ils reviendraient plus tard. Il le remit rapidement dans sa poche et se tourna vers la jeune fille qui semblait avoir enfin relâché la pression et qui regardait les constellations d'un air émerveillé. Cette fois encore, il ne put détacher son regard d'elle et s'approcha instinctivement jusqu'à ce qu'elle tourne la tête vers lui, le sourire aux lèvres.
- Merci Sherlock, vraiment. Tu ne sais pas à quel point j'en avais besoin.
- Au contraire, sinon je ne t'aurais pas amené ici. Finney disait vrai ? Il a vraiment abusé de toi ? demanda-t-il avec son tact légendaire.
Aussitôt, son sourire s'effaça et elle prit un air plus grave. Elle regarda ses pieds, gênée et honteuse.
Sherlock, qui depuis peu comprenait de mieux en mieux les humains, ou plutôt une certaine humaine, ne mit qu'une seconde à comprendre ce qu'il s'était passé, mais aussi que tout cette partie de l'histoire était restée secrète pendant tant d'années. il prit délicatement son menton entre ses doigts et leurs visages se rapprochèrent.
- Ce n'est pas de ta faute, murmura-t-il doucement.
Ses yeux se remplirent de larmes et une d'entre elle coula, sans qu'elle ne puisse le contrôler. Il l'essuya avec son pouce avant de se tourner vers le ciel.
- Je n'ai jamais compris pourquoi les hommes aimaient tant regarder les étoiles. Ce ne sont que des point blancs sur noir, fit-il perplexe pour changer de sujet.
- C'est parce que vous ne les regardez pas de la bonne manière, rigola-t-elle.
Ils passèrent une grande partie de la soirée à admirer les étoiles et constellations, elle lui indiquant chacune qu'elle connaissait, jusqu'à ce qu'ils finissent par s'endormir, la tête de Sherlock sur celle de Zoé qui elle était sur son épaule, chacun paisible dans son sommeil.
---------
Et bim ! Voici le chapitre 10 ^^ je ne sais pas si j'aurais le temps de finir le suivant avant les fêtes alors au cas-où, joyeux Noël !!! On se retrouve très vite pour la partie 11 de Une histoire de Destin !
Merci à tous.te.s de me suivre, c'est vraiment ouf et ça me touche beaucoup ^^