CHAPITRE 1

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Raelen Mong est déjà bien réveillée lorsque le soleil se faufile à travers l'interstice des rideaux. Aveuglée par ce rai de lumière indésirable, elle grogne et s'immerge un peu plus sous l'épaisse couverture. Elle essaie par tous les moyens de se rendormir mais quand son cerveau s'est mis en mode ON, plus rien ne peut l'éteindre. Elle a l'impression d'avoir dormi sur un matelas de pierre - conséquence de son entraînement de la veille.

Elle se trouve dans la suite numéro 7 - 5ème étage- de l'hôtel Septentrion, réputé pour accueillir des célébrités. Il a même hérité du surnom de « forteresse impénétrable » car aucun journaliste n'est jamais parvenu à s'y introduire. Mais Raelen est ici pour une toute autre raison : son père, procureur, s'est vu confier un gros procès avec beaucoup d'argent en jeu. Craignant pour la sécurité de sa fille, il a fait appel à un hôtelier impliqué dans l'affaire. En vieil homme riche et excentrique, ce dernier a accepté d'héberger Raelen le temps du procès.

« - On ne manque pas de chambres ! a-t-il dit lors de leur rencontre. Et puis, notre sécurité n'a rien à envier à celle de la Maison Blanche. »

Raelen ne voulait pas être enfermée dans une cage, aussi dorée soit-elle. Elle voulait profiter des vacances d'été, la dernière ligne droite avant le lycée. Mais son père ne voulait rien entendre : la voilà maintenant coincée ici.

Avec un nouveau grognement, la jeune fille s'extirpe à contre cœur de la chaleur de la couette. Immédiatement, tout son corps irradie de douleur. Elle s'étire pendant plusieurs minutes avant de s'asseoir en tailleur.

« - Bon, voyons voir... » murmure-t-elle en contemplant le chaos autour d'elle

Son sac de sport traîne honteusement au sol, révélant vêtements, serviettes humides, lunettes et maillot de bain. L'adolescente passe dans la salle de bains attenante et étend ses affaires humides. Son reflet dans le miroir n'est pas très flatteur : ses yeux légèrement bridés sont rouges et ses cheveux ternis par le chlore. Après avoir retrouvé une tête plus convenable, la lycéenne enfile un jean et un sweat-shirt « emprunté » à son père. Elle quitte sa suite et verrouille à l'aide d'une carte magnétique. Neuf autres personnes résident à cet étage, mais ils se croisent rarement.

L'ascenseur la conduit au hall d'entrée, aussi spacieux qu'une gare. Le sol en marbre s'accorde avec les chandeliers, les ornements dorés et les tapisseries lourdes. Le logo de l'hôtel est affiché en capitales rouges sur le bureau de réception. L'endroit respire la richesse et l'opulence. Des bagagistes en uniforme font la courbette dès qu'ils croisent un client. Des visiteurs sont assis sur les fauteuils capitonnés, lisant une revue People ou un journal économique. Elle entre dans la cafeteria : l'odeur du croissant chaud lui met l'eau à la bouche. Elle se sert un petit-déjeuner et s'installe à une table à l'écart des autres clients. Soudain, une main lui tapote l'épaule.

« - La place est libre ? » demande un adolescent

Il a des boucles noires, des taches de rousseur et un visage d'ange. La jeune fille acquiesce en souriant : un peu de compagnie n'est jamais de refus. L'adolescent prend place face à elle ; son plateau est composé d'un bol de céréales, un bol de lait chaud, une dizaine de viennoiseries et du fromage blanc.

« - J'ai un appétit d'ogre, je sais, rit-il en devinant ses pensées. Mais je dois faire le plein d'énergie pour ce qui m'attend.

- Tu pratiques un sport ? demande-t-elle

- En quelque sorte. J'aide sur des tournages de films : c'est beaucoup plus épuisant que tu ne pourrais le croire.

- Tes parents travaillent dans le cinéma ?

- Mon père est producteur, oui, dit-il en révélant une fossette. J'ai appris à tenir une caméra avant de savoir parler. Et toi, pourquoi tu es ici... ?

TRY NOT TO LIEWhere stories live. Discover now