Trente jours

Chapitre 1

Le temps de trente jours, ils se sont promis de vivre sans penser au lendemain, sans penser aux autres. Ils voulaient devenir le centre du monde pour pouvoir oublier les mois et les années de souffrance qu'ils avaient endurés séparément.

Ils ont vécu une histoire pure et sans artifices. C'était un conte de fée comme dans les livres de princesses, sauf qu'ici il n'y a pas de princesses. Ici il y a juste deux princes. Ils vivaient un rêve, ils se complétaient, s'aidaient et avançaient ensemble. Pourtant, ils étaient jeunes mais ils ressentaient le besoin d'exister. La vie ne les avait pas épargnés. Chaque seconde était un obstacle, chaque minute une souffrance, chaque heure une épreuve. Chacun de leurs cotés, ils ont toujours essayé de trouver des solutions pour moins souffrir et surtout pour moins ressentir.

Ils se connaissaient depuis quelque temps car ils fréquentaient la même université où ils étaient transparents, complètement effacés dans cette masse de personnes mais ils n'avaient jamais osé faire le premier pas.

L'un se prénomme Sacha et l'autre Hugo.

Avant leur rencontre, Sacha était différent, il n'aurait jamais pensé qu'il puisse un jour être attiré par un garçon. C'était tombé sur lui et il ne s'y attendait pas, mais il s'en était rendu compte trop tard. Il était étudiant en littérature et passait la majorité de son temps libre à lire ou à écrire, enfermé dans son monde, il se sentait plus fort.

Avant leur rencontre, Hugo était détruit. Il voulait disparaitre pour plusieurs raisons, mais n'avait jamais caché qu'il aimait les garçons mais il le savait, il aimait un garçon en particulier. Il était étudiant en psychologie, drôle de choix pour un garçon détruit par la vie mais il pensait au plus profond de son cœur qu'il réussirait à se sauver de ses démons. Pour éviter de s'attacher et de souffrir, il s'enfermait dans son monde et il se protégeait comme il pouvait de la vie.

L'amour n'a pas de genre, on tombe amoureux d'une personne et pas d'un sexe.

Rien n'est plus important que de vivre sans regrets.

Ils s'étaient retrouvés par hasard dans un bar, un dimanche, durant une douce nuit de Mai. Ils avaient bu, côte à côte, durant plusieurs heures mais aucun mot n'avait été échangé. Vu de l'extérieur, ils étaient simplement deux personnes dans un bar mais ils se connaissaient et se comprenaient seulement en se regardant. Ils avaient besoin d'une présence, car ils étaient deux âmes seules égarées dans une avalanche constante de sentiments et d'émotions. Alors, tous les jours de la dernière semaine de Mai, Hugo revenait à la même place dans l'espoir de le revoir. En ce moment il allait mieux, les médicaments que son psychiatre lui avait prescrits lui servaient de boucliers contre ses pensées et contre lui-même. Ses émotions étaient régulées, toutes crises avaient disparus alors il s'autorisait à sortir. Grâce aux effets chimiques, il ne subissait plus les effets de la bipolarité. Il a été diagnostiqué il y a à peu près deux ans après avoir tenté de mettre fin à ses jours. Sa mère l'avait sauvé de justesse, il était prêt à rejoindre les étoiles mais son heure n'était pas encore venu. Durant deux semaines, il a été interné dans un centre d'aide psychiatrique et c'est lors de son premier rendez-vous avec son psychiatre que le mot a été posé sur tous les symptômes et les dérèglements qu'il ressentait de manière chronique depuis bien trop d'années. Hugo souffrait de bipolarité : une maladie chronique responsable des déséquilibres de l'humeur, sa vie oscillait entre états d'exaltation intense et dépression profonde.