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KOLSON

— Non, petit chat, ne t'approche pas de...

Trop tard. Le pot de fleurs offert par maman se fracasse en mille morceaux sur le sol. Qui a affirmé que posséder un animal de compagnie garantissait des vertus bienfaisantes ?

Alors oui, ses ronronnements me bercent durant mes insomnies, son doux pelage d'un brun roux bigarré m'apaise et ses pupilles, pas tout à fait définies, me fascinent. Quand bien même, le surveiller abolit à répétition ma sérénité.

Mon félin miaule en se carapatant dans la cuisine. Ainsi, il me laisse le soin de nettoyer ses bêtises à coups de balayette sans se soucier de mes humeurs. Déjà qu'il m'a réveillé aux aurores ! Par ailleurs, je devrais peut-être songer à lui trouver un substantif autre que « petit chat ». « Diablotin » lui correspondrait en tout point.

Voilà un mois que nous cohabitons dans mon studio étroit. La portée de mes parents a été répartie entre leurs enfants. Quelle brillante idée de nous responsabiliser sans stabilité financière pour couvrir nos arrières ! Évidemment, j'ai hérité du plus turbulent.

À tâtons, je mets le cap vers son endroit de prédilection sur lequel il roupille après avoir mené en bourrique son maître dévoué. Si seulement les rôles pouvaient s'inverser... Au moins, sa sieste me donne le champ libre pour me préparer et vaquer à mes occupations d'humain.

Avant de filer sous la douche, je confirme auprès de Kaya ma venue à son appartement d'ici une heure. Son approbation me parvient par l'intermédiaire d'un pouce jaune. Ses textos laconiques à base d'emojis aléatoires ont de beaux jours devant eux.

Bricoler dès le lever du soleil ne figurait pas parmi mes plans. Mais qui suis-je pour refuser d'épauler une amie en détresse ? Parce que, oui, sans sa musique, Kaya n'est rien. De même pour Allison avec ses affaires criminelles, Clyde et ses débats animés, les références françaises de Simon et les exploits sportifs pour Owen.

Moi, en revanche...

Fin prêt, je dépose petit chat dans son cabanon afin qu'il ne saccage pas mon intérieur de ses griffes durant mon absence. Je regrette de l'abandonner à son triste sort aussi souvent. Malheureusement, aucune solution ne s'adapte à ma situation. Par chance, l'une de mes sœurs se porte volontaire pour le garder lors de mes vadrouilles nocturnes. Cet arrangement permet aux fauves séparés de renouer le temps d'une soirée.

L'immeuble de Kaya se situe à quelques pâtés de maisons du mien. Nous habitons tous en périphérie les uns des autres, ce qui facilite nos retrouvailles. Contrairement à mes camarades étudiants, il me faut parcourir plusieurs kilomètres pour atteindre mon campus. L'université de Chester n'abrite pas les locaux de la section créative.

À l'acceptation de ma candidature, j'ai envisagé de déménager. Cependant, des éléments rendaient cette éventualité insurmontable tels que m'éloigner de ma vie festive, de la famille que je me suis choisie, de ma routine. Apparemment, lier connaissance avec des inconnus au parcours disciplinaire équivalent au mien figure parmi ces paramètres infranchissables. Non pas que la sociabilité me fasse défaut, je ne suis tout simplement pas un adepte du changement.

Le digicode composé, je m'engouffre dans l'ascenseur en implorant silencieusement Kaya de disposer d'outils conformes à mes compétences. Mes phalanges tapotent la porte d'entrée, faute d'une sonnette en état de marche. Mon signal n'a pas d'étendue sur son destinataire à cause de la forte mélodie qui s'échappe. Pas étonnant que ses voisins lui mènent la vie dure avec un volume sonore pareil !

Tentant ma chance, j'actionne la poignée. Kaya a l'habitude de débrider sa ribambelle de verrous lorsqu'elle attend de la visite. Le battant s'ouvre sur son séjour lumineux. La musique m'accueille de plein fouet, mais aucune trace de mon amie dans les parages.

Pinky PromiseWhere stories live. Discover now