Chapitre 1

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Henry se leva sans hate, il repoussa les nombreuses couvertures qui l'empêchaient de ressentir le froid mordant de l'hiver et posa ses deux pieds sur le carrelage gelé. Il n'y avait presque pas de chauffage ici, et Henry n'en voyait pas l'utilité puisqu'il suffisait "d'avoir un gros pull et des chaussons et le froid disparaît" disait-il. Il se leva et une grimace se forma sur son visage lorsqu'il entendit son vieux dos émettre un craquement sourd.
Il alla jusqu'à sa cuisine d'un pas traînant et, par des gestes lents et appliqués
mis en marche une espèce d'antiquité qui tenait lieu de cafetière.
Il prépara son café de ses mains osseuses et pendant que sa boisson chauffait, il mit en route son grille pain.
Lorsque les tartines furent prêtes, il les sortit et sa main, en touchant le métal chaud, se vit orné d'un cloque, ce qui le fit hurler une ribambelle de jurons aussi vieillots que démodés. Sans se préoccuper plus que ça de sa blessure, il posa donc les tartines sur la vieille table en bois et sorti une tasse pour y verser son café.
Il était entrain de transvaser le liquide chaud dans sa vieille tasse quand le téléphone sonna. Ses mains tremblantes et peu habiles laissèrent tomber la tasse qui éclata dans un bruit aigu. Le carrelage jauni par les ans était tâché d'un flaque brunâtre qu'Henry pris soin d'enjamber en soupirant pour aller décrocher son vieux téléphone fixe.
Il porta lentement le combiné à son oreille avant d'entendre la voix de son éditeur, un homme obsédé par son travail, toujours pressé, mais très compétent. Monsieur Jospin, puisque c'était son nom, commença à parler à toute vitesse:
-Bonjour Henry, vous avez bien dormi?
Il ne laisse pas le vieil homme répondre avant de reprendre:
-Je voudrais savoir où vous en étiez de votre dernier roman? Vous disiez que vous l'auriez fini il y a trois semaine.
Henry ouvrit la bouche, s'apprêta a dire quelque chose mais il fut trop long et à nouveau monsieur Jospin le coupa:
-J'en aurais besoin très vite. Les gens attendent votre roman, il faudrait se dépêcher un peu. L'éditeur marqua une courte pause pour reprendre son souffle avant d'ajouter:
-Je veux le manuscrit sur mon bureau lundi.
Henry regarda le calendrier accroché dans la cuisine, on était vendredi.
Il commença à protester:
-Monsieur ce sera impossible je n'ai pas avancé d'un pouce!
Monsieur Jospin répondît du tac au tac:
-Ça m'est égal, dépêchez vous! Puis ajouta. J'ai quelqu'un sur l'autre ligne, bonne journée, et n'oubliez pas, pour lundi.
Henry retourna à sa table et étala lentement le beurre sur des tartines.
Il sirota son café, avant de croquer dans le pain, toujours chaud .
Il se retourna lorsqu'il se rappela de la tâche de café en plein milieu de sa cuisine. Il soupira, il ne savait pas où était la serpillière, c'était Martine qui savait tout ça. Ses yeux se perdirent dans le vide alors qu'il repensait à sa femme avant de revenir à la flaque brune sur son carrelage. "Charles le fera, pensa-t-il. Il doit passer demain."
Lorsqu'il eu mangé ses deux tartines et fini son café, il retourna dans sa chambre où il se contenta de passer un peignoir par dessus son pyjama à rayure usé.
Il ne s'habillerai pas aujourd'hui.
Il alla tout de suite à son bureau, au centre de la pièce, trônait la machine à écrire qui était autrefois l'objet autour duquel gravitait toute son inspiration et qui était devenu celui qui lui rappelait ce vide immense qui avait pris la place de ses idées.
Il s'assit devant cette dernière en soupirant, il la regarda tout d'abord pendant un instant puis il s'assis résolument. Il était décidé à écrire aujourd'hui. De toute façon, il n'avait pas le choix.

La plume, l'inspiration et Mary.Where stories live. Discover now