Anima

Leviathan (partie 1)

Zalia était énervée. Depuis ce matin, elle cherchait en vain son frère Vallas, qui lui avait promis de la retrouver au café du coin pour boire un bon verre d'algues. Mais alors qu'elle s'était rendue à la place centrale, elle avait bien dû attendre 20 minutes sans voir ne serait ce que l'ombre de son frère. La jeune fille avait alors tourné en rond, avant d'aller finalement s'assoir au café, seule, boire un coup.

Zalia en eut finalement marre, et décida d'aller se dégourdir les jambes. Elle paya le gérant, laissa un petit pourboire comme il était coutume de le faire, et partir flâner dans les rues tranquillement. Elle regardait les devantures des magasins, rêveuse. Depuis que son frère avait commencé à travailler au tribunal de la Cité, elle ne le voyait plus que rarement, et ce n'était pas la première fois qu'il lui posait un lapin.

Ses pas la menèrent devant l'aquarium, comme si le musée l'avait attiré jusqu à lui. Puisqu'elle était là, autant en profiter ! La jeune fille entra, passa devant les conservateurs très affairés, et partit explorer l'aquarium. L'océan l'avait toujours passionné, elle avait lu une centaine de livres sur le sujet, et passait le plus clair de son temps sur les plages de l'île, à regarder les vagues s'agiter pendant des heures. Elle devait connaître tous les spécimens de l'aquarium depuis belle lurette.

Alors qu'elle s'était arrêtée devant son aquarium préféré, regardant un requin blanc de 10 mètres de long qui tournait en rond, la jeune fille sentit soudain une petite main se glisser dans la sienne. Elle baissa les yeux, et vit une toute petite fille, 6 ans maximum, qui la regardait avec de grands yeux. De très beaux yeux, soit dit en passant. Des yeux gris, comme la couleur de la mer lorsqu'éclate une tempête, avec de beaux cheveux longs bouclés, de couleur marron foncée. Zalia vit au premier coup d'oeil que la petite était une Noble, au vu de la coupe parfaite de ses vêtements, et aux armoireries si reconnaissables de la noblesse cousues sur sa tunique. Elle s'agenouilla pour se mettre au niveau de l'enfant et lui dit, en souriant :

- Bonjour petite... Tu t'es perdue ? Tu as besoin d'aide ?

La gamine continuait de regarder Zalia, sans dire un mot. La jeune fille se releva, regarda dans tous les sens si un adulte ne traînait pas à proximité, cherchant son enfant perdue. Mais non, les allées étaient desertes. Elle refit une nouvelle tentative avec la petite fille, qui n'avait pas bougé.

- Tes parents ne sont pas là ? Tu habites où ?

Mais la gamine ne voulait rien dire, et elle fit même une moue têtue pour marquer son mécontentement face à ces questions. Zalia décida de l'emmener dehors, elle trouverait alors quelqu'un qui pourrait l'aider à trouver le parent de l'enfant. Mais alors qu'elle tirait sur la manche de sa tunique, la petite résistait. Toujours silencieusement, elle montra du doigts l'aquarium, puis le panneau explicatif qui accompagnait celui-ci. Zahlia comprit. L'enfant voulait qu'elle lui lise le panneau !

- Tu veux que je te lise le panneau, c'est ça ?

La petite aquiesca de la tête, le premier signe encourageant pour Zahlia.

- Alors tu vois, ceci est un requin blanc. Avant la catastrophe, ils étaient beaucoup plus petits et moins sauvages et meurtriers qu'aujourd'hui. À l'époque, ils faisaient seulement 6 mètres maximum pour les femelles, mais ils étaient déjà très craints par l'homme !

Toute à ces explications, Zahlia s'était levée et arpentait l'allée de long en large en faisant de grands signes. Sûrement que la petite ne comprenait rien, mais elle avait l'air d'écouter avec attention le discours de Zahlia, qui emportée dans son explication, débitait des informations diverses à une vitesse vertigineuse. Elle ne parlait de sa passion des animaux marins et de la mer à personne, aussi se rattrapait elle en quelque sorte avec la petite fille. Zahlia ne vit d'ailleurs pas le temps passer, et elle ne s'arrêta que lorsque sa gorge lui fit mal d'avoir trop parlé, alors qu'elle était fatiguée de ses grands mouvements.

La petite fille l'avait jusqu'à maintenant écouté sans rien dire, mais à présent elle applaudissait discrètement la prestation de Zahlia, un grand sourire sur les lèvres. Entrant dans le jeu, Zahlia s'inclina, comme si c'était un spectacle. Bien qu'elles ne s'étaient jamais rencontrées auparavant, et que leurs milieux sociaux étaient totalement́ différents, les deux filles avaient senti un complicité naître entre elles. Elles sortirent du musée alors que le soleil à couchait, main dans la main.

- Marina ! Je t'ai cherché de partout ! cria soudainement une voix inconnue.