Chapitre 12

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Livre des Profonds :
Article 4-08, le Code d'Obéissance des Sirènes : "La transformation d'une sirène peut être forcée à la surface par la présence d'eau. Une transformation même non-voulue devant un humain est motifs à sanction dans le conseil."

- Vers où est-elle allée ?

Le soldat le fixa un instant et William raffermit sa prise sur sa gorge. Le garde eut lair mauvais mais parla tout de même.

- Elle partait en direction des quartiers pauvres, souffla-t-il, sa voix était altérée par sa trachée entravée.

- Les quartiers pauvres ? Répéta le jeune pirate pour lui-même.

Se tournant vers le soldat il appuya encore sur sa nuque le faisant encore légèrement souffrir.

- Bien aimable à vous, cracha-t-il ironiquement avant de relâcher sa prise.

Tout de suite le garde voulu le stopper à l'aide de son épée mais William la pointa sous sa gorge.

- Oh et vous comprendrez sans doute que j'ai besoin d'être tranquille, n'est-ce pas ? Fit-il tout en menaçant l'homme avec sa propre épée.

William eut un sourire satisfait.

- Bien ! Conclut-il en rangeant l'arme sous sa ceinture. Ravi d'avoir fait affaire avec vous !

Sur ces mots le capitaine, s'en alla en direction du quartier pauvre. Il avait d'autres personnes à questionner et peut être d'autres armes à voler.

Cela faisait bientôt une heure que la sirène était retenue prisonnière dans une sorte de cellule humide et glacée. Elle ne se souvenait que peu du chemin pour s'y rendre, le coup à la tête que lui avait porté la montagne de muscle après une énième protestation l'avait assez assommée pour lui faire oublier quelques minutes les élancements dans ses jambes.

Désormais attachée par les poignets au mur, elle se sentait presque plus épuisée encore depuis qu'elle était réveillée. Et pourtant cela ne faisait pas si longtemps que ça s'inquiétait la sirène. La tête baissée, elle la releva vivement quand la porte grinçante devant elle s'ouvrit. Un homme qu'elle avait grand peine à identifier dans l'obscurité ambiante s'approcha à peine avant de balancer un seau d'eau glacée sur Sophia. La sirène tressaillit, elle ne craignait pas le froid, elle en avait une trop grande habitude mais l'eau...

L'adrénaline parcourut ses veines alors que la peur pénétrait son cœur. L'eau allait vite devenir une vraie torture. Et sûrement celui qui était venu l'arroser telle une plante le savait. La douleur provoquée par l'éloignement n'était rien comparé à ce qui allait suivre.

L'eau. L'élément qui devrait naturellement constituer l'univers permanent des sirènes, en petite quantité pouvait s'avérer la plus cruelle des tortures. Effleurant à peine sa peau humaine, l'eau rendait l'éloignement plus oppressant, plus douloureux encore. L'eau, bien que douce, provoquait en Sophia une réaction automatique qui s'avérait extrêmement pénible sans l'océan à ses côtés. L'eau pouvait forcer sa transformation en sirène. N'étant pas l'élément constituant l'espace qui l'entourait, l'eau risquait de crisper encore et encore les muscles de ses jambes. L'eau avait un pouvoir destructeur sur elle. L'eau intensifiait sa douleur. L'eau forçait la transformation. L'eau l'effleurait. L'eau, froide, glaciale, infernal.

Crispant tous ses membres, Sophia hurla alors que la transformation s'effectuait contre sa volonté. Sans quelle ne puisse le contrôler et malgré toute sa résistance, ses jambes se changèrent très lentement en une queue à la puissance incroyable. Trop lentement. Sophia hurla encore, le temps que prenait sa nageoire à se former rendait la transition d'autant plus douloureuse.

La Profondeur des MersWhere stories live. Discover now