Au pied de la colline, Ulfrik observait avec grande attention l'avancée de ses guerriers. Appuyé sur le manche de sa hache, il constatait avec satisfaction la manière dont Njall et les autres hirdmenn appliquaient ses ordres. Ils avaient jeté dans la mêlée tous les combattants disponibles et les manœuvraient habilement ; concentrant tous leurs efforts sur la formation centrale. Celle de Narfi.
N'ignorant pas la férocité des Jomsvikings, il semblait préférable à Njall et ses camarades de faire flancher la volonté ennemie en coupant promptement la tête de la rébellion. Leur hégémonie sur Ulfborg en dépendait. Il serait ardu de venir à bout des varulvar, surtout avec une majorité d'humains, mais cela n'était pas impossible. Sûrs que leur stratégie était la bonne, les hirdmenn poussaient la ligne de front un pas après l'autre, un coup après l'autre.
Et, bien qu'ils fussent près d'acculer leurs adversaires, ils ne s'attendirent pas à leur inébranlable détermination. L'ardeur dont faisaient preuve les partisans de Narfi surprit plus d'un combattant et d'un hirdmadr. Ils se battaient avec vaillance et courage, s'épaulant et se protégeant mutuellement dans les murs de boucliers malgré leur infériorité numérique. Certains hommes, même blessés, continuaient à porter des coups mortels jusqu'à ce que leurs armes leur tombassent des mains. Lorsque l'un d'eux quittait le mur, il était rapidement remplacé par un de ses compagnons. L'incroyable force des varulvar leur permettaient de tenir malgré le déferlement de violence.
Toutefois, à l'instar de Narfi, Njall savaient qu'ils ne pourraient pas contenir éternellement l'avancée des troupes d'Ulfborg et que leur réserve de combattants valides n'étaient pas inépuisables. À force de persévérance, les fidèles à Ulfrik finiraient par trouver la partie la plus faible de leur défense. Puis, une fois les frères jurés tués, il en serait fini des insurgés et de leur tentative de sédition.
Redoublant d'efforts à cette pensée, Njall exhorta de plus belle ses guerriers, envoyant les quelques métamorphes dont il disposait affaiblir le mur de boucliers. Ils s'écrasèrent violemment contre les bois des targes, leurs armes crissant sur les umbos de métal. Leur force fit ployer la première ligne et menaça d'emporter les suivantes. Avant que l'espoir ne quittât le cœur et les esprits des rebelles, Narfi et ses camarades se portèrent au secours de leurs combattants.
Malgré leur aide, la défense reculait sous le nombre et la violence des chocs. Le temps leur parut s'allonger. Les minutes s'égrainèrent lentement pendant qu'ils tentaient de repousser l'assaut. Les mains se crispaient sur les poignées des boucliers et des armes. Les cris de guerre exprimaient autant la rage que l'énergie du désespoir. Ils ne devaient céder sous aucun prétexte.
Sous son casque, Narfi sentait la sueur coller à ses cheveux et couler le long de son cou. Son sang bouillonnait de haine et de frustration. Le loup hurlait sa fureur de ne pouvoir laisser libre court à ses instincts. Un grognement montait dans sa gorge lorsque l'on lui attrapa l'épaule droite. Surpris, le jeune varulfr se retourna prêt à sauter à la gorge de l'importun.
Son regard remonta le bras du guerrier qui lui faisait face jusqu'à son visage dissimulé sous un casque à lunettes. Rencontrant deux prunelles du même bleu que les glaciers, Narfi le reconnut immédiatement. Brynhildr.
La jeune femme dont les combattants n'avaient été que peu éprouvés, avait vu le centre sur le point d'être submergé. Elle s'était promptement portée au secours des frères jurés avec quelques hommes. Alors que leurs yeux s'attardaient quelques instants encore, la tempête qui menaçait d'emporter Narfi s'apaisa devant le sourire de la jeune femme. Puis, ils s'adressèrent un signe de tête et elle plaça quelques Jomsvikings à l'endroit le plus faible de la formation.
Les frères jurés accueillirent ce renfort inespéré avec grande joie et s'en félicitèrent. Les Jomsvikings, une vingtaine en tout, possédaient l'âme et le corps de combattants aguerris aux rudesses des combats. Positionnés en soutien des porteurs de boucliers, ils jouaient des lances et des haches avec une grande virtuosité, empêchant quiconque de menacer la stabilité du mur. Progressivement leur position se stabilisa. L'arrivée de leurs alliés avait revigoré l'ardeur des troupes de Narfi.
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Le Lai du Loup et de Brynhildr
Paranormal« L'Orpheline et le Louveteau, Sur les ruines fumantes de la Halle, Vengeance de la Déesse contemplant, Par Freyja liés, Le Serment du Sang prêteront ; » - La Prophétie de la Voyante, extrait - Lorsque Narfi, un jeune guerrier, retourne dans son vi...