⌜𝚚𝚞𝚒𝚗𝚣𝚎⌟

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Bonne lecture !

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Petit, Harry pensait ne pas avoir d'avenir.

Ce n'est pas forcément un point important, quelque chose qu'il partage avec tout le monde : dans les faits, il n'est même pas certain d'en avoir déjà parlé à quelqu'un. Mais voilà, aussi simplement que ça, Harry pensait réellement ne pas avoir d'avenir.

Quand son monde se résumait à regarder le dessous de l'escalier, tous les soirs avant de s'endormir. À essayer d'ignorer les regards, les froncements de sourcils, et les rires devant ses vêtements trop grands, troués, ou bien trop usés. Harry ne jouait pas au foot, ne courait pas dans la cour, ne bavardait pas en classe. En primaire, Dudley avait convaincu tout le monde de ne pas lui parler, et les professeurs étaient bien trop fatigués par Pétunia et sa voix haut perchée qui affirmait à tous les conseils de classe que son fils était trop doué pour le niveau de ses professeurs, et que Harry était juste un peu retardé. Il ne parle pas ? Ne mange pas beaucoup ? Répond à peine quand on lui parle ? Laissez-le tranquille, ce pauvre garçon. Vous vous moquez des handicapés ?

Il ne pensait pas avoir d'avenir en regardant son assiette à moitié vide, ses genoux pleins de bleus, son menton plein de poussière quand Duldey le faisait tomber au sol.

Il ne pensait pas avoir d'avenir en grelottant dans son placard humide, en reniflant dans un coin du salon, en restant dans un petit parc vide seul après les cours, la tête basse.

Fais comme si tu n'existais pas, d'accord ? Ça nous rendra la vie plus facile.

Au bout d'un moment, Harry a bien cru ne pas exister, oui. Il s'est assis sur le rebord d'une fenêtre, à l'école, et a attendu en regardant le jardin de derrière, celui où personne ne va et où les professeurs font faire un potager aux plus petits, tous les ans. Il s'est assis, a attendu, puis s'est endormi, en pensant ne pas exister.

Quand il a ouvert les yeux, Harry était en bas, allongé dans l'herbe, sans blessure. Il a regardé l'herbe, les arbres, le vent un peu frais. Et ce jour-là, sans trop savoir pourquoi, quelque chose a changé.

Il y avait quelque chose, quelque chose en lui qui n'était pas juste vide et creux, quelque chose qui pulsait et vivait, et qui l'avait fait tomber en douceur tandis qu'il s'était endormi dans l'embrasure de la fenêtre de sa classe.

Harry aurait pu arrêter d'exister. Mais sa magie s'est manifestée, et tout d'un coup il s'est senti moins seul.

Parfois, il repense à ce moment. Ce n'était rien, pas grand-chose, pas vraiment : c'était bien avant que sa colère arrive, pour tout et pour rien, bien avant qu'il ne décide de pardonner à Dudley car ce n'était qu'un enfant et qu'il lui a demandé pardon, bien avant qu'il n'envoie son oncle et sa tante se faire voir car eux étaient adultes.

Bien avant qu'il ne découvre réellement la magie, qu'il découvre que cette chose en lui avait un nom, que cette chose en lui le faisait parler au serpent, que cette chose en lui soigne ses blessures et fasse repousser ses cheveux.

Bien avant qu'il ne rencontre Draco, et bien avant qu'il ne comprenne que finalement si, il avait un avenir.

Parfois, Harry repense à ce moment, oui. Dans des instants calmes et étranges, en prenant un bain ou en cuisinant, ou encore en décidant de parler un peu à sa psy.

Ou en regardant la TV, comme maintenant.

Ses yeux sont posés sur l'écran, mais il ne le voit pas vraiment. Il y pense, car le film parle de magie (pas tout à fait la vraie, la bonne, mais ça s'en rapproche) et qu'il est fatigué. Harry est pourtant rentré souvent ces derniers jours : il quitte le travail seulement deux heures après tout le monde, et rentre chez lui pour se laver, manger (parfois) et dormir (quand il y arrive).

Demain peut-être || DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant