Méredith ferma les yeux.
Une vilaine migraine lui martelait les tempes.
Elle était enceinte ! Le gynécomage venait de lui confirmer ses doutes.
La tête lui tournait. On n'aurait pas pu lui annoncer une pire nouvelle.
Lorsqu'elle s'était réveillée, nue, sur le tapis du salon du manoir Black, tendrement enlacée dans les bras de Régulus, elle avait paniqué.
Les souvenirs de la veille, lui revinrent avec une cruelle acuité, et avec eux, la culpabilité.
Comment avait elle pu à ce point manquer de discernement ?
Certes, la solitude lui pesait, voilà bien longtemps qu'un homme ne l'avait pris dans ses bras, et ne l'avait désiré, et oui, elle avait trop bu.
Mais, coucher avec Regulus ? C'était la pire chose à faire.
Certes il était sin meilleur ami, son confident, son complice depuis toujours, et elle l'adorait, comme on aime un frère, mais il était aussi le petit frère de Sirius, et bien qu'ils soient séparés, bien qu'il vive avec une autre femme, depuis deux ans, il prendrait cela, comme une trahison.
En tout cas, c'etait ce qu'elle ressentait.
Et puis, c'était aussi une trahison envers Regulus, ce qui était bien plus grave. Il venait de perdre son épouse, trois mois plutôt. Il lui faisait confiance, il était éploré, fragile, et elle avait abusé de cette confiance.
Elle s'en voulait tellement !
Elle aurait voulu remonter le temps et effacer cette soirée.
Malheureusement, elle n'en avait pas le pouvoir.
Lorsque Regulus avait émergé à son tour, la honte, la culpabilité l'avait rongé.
Il avait non seulement trahi son frère, en couchant avec sa femme, car bien qu'ils soient séparés depuis cinq ans, Mery était toujours la femme de Sirius à ses yeux mais surtout, il avait trahi son épouse. Cette idée le hantait.
Ils avaient fini par convenir que cette nuit n'avait pas d'importance, qu'ils devaient tous deux l'oublier, après tout, c'était une erreur, les sentiments qu'ils nourrissaient l'un pour l'autre, n'étaient pas en cause. Les responsables, étaient l'alcool, la solutude, le besoin de se sentir vivant.
C'était tombé sur elle, mais cela aurait pu être n'importe qui. Elle était là, voilà tout.
Durant les premières semaines, ils avaient eu du mal, à se côtoyer. Ils evitaient de se retrouver seuls, ils étaient gènés, lorsque leur mains se touchaient par inadvertance, ils sursautaient violemment, et puis, petit à petit, les choses étaient redevenues normales.
Mais à présent, elle était enceinte.
Dans son ventre, la preuve indiscutable de leur trahison, prenait vie.
Meredith tremblait, à présent.
Elle quitta le cabinet du gynécomage, comme un automate. Son cerveau avait du mal à accepter cette évidence.
Elle ne pouvait pas, ne devait pas attendre un enfant de Régulus.
C'était impossible.
Et puis, comment allait elle lui dire ? Alors qu'il semblait aller mieux ?
Ça le détruirait, ça les détruirait tous les deux.
Dans le pub, en face du cabinet, elle tentait de reprendre ses esprits.
Il y avait une solution, bien sûr. Elle avorterait. Voilà, c'était ce qu'il fallait faire. Elle ferait ça discrètement. Elle concocterait une potion avortive, et personne ne saurait, pas même Regulus, qu'elle attendait un enfant.
Elle avait beau retourner et retourner le problème dans sa tête, c'était la seule solution.
Elle avala d'un trait le verre de whisky qu'elle avait commander dans même y penser, elle songea que ce n'était pas bon, pour le bébé, puis réalisa que ça n'avait pas d'importance, puisqu'il n'y aurait pas de bébé.
Elle paya et transplana dans le chemin de traverse.
Elle acheta les ingrédients dont elle avait besoin, et rentra chez elle.
Elle s'attela à la fabrication de ma potion.
Regulus était inquiet. Depuis quelques jours, Méredith n'allait pas bien. Elle était nerveuse, pâle, et soucieuse, il avait bien tenté de la convaincre de se confier à lui, mais elle était demeurée évasive.
Ne la voyant pas rentrer, il jeta de la poudre de cheminette dans la cheminée et passa sa tête.
- Lily ? Tu es là ?
Lily Potter se rendit dans son salon et sourit au visage qui sortait de l'âtre, au milieu de flammes vertes.
- Bonjour Reg.
- Bonjour, je te dérange pas ?
- Non, je viens de rentrer.
- Tu pourrais me garder les enfants, une heure ou deux ?
- Bien sûr. J'arrive.
Quelques minutes plus tard, Lily arriva par la cheminée et Regulus se rendit chez Meredith. Il ignorait si elle serait là, mais il commencerait par là, au cas où.
Elle était là, allongée en chien de fusil sur le canapé. Elle avait du s'endormir.
Il sourit tendrement, et la couvrit d'un plaid.
Il n'y avait pas de bouteilles d'alcool,près d'elle, ni dans la poubelle, ce qui était bon signe.
Mais il sentit l'odeur d'une potion.
Il s'en approcha.
- Qu'est ce que tu mijotes ?
Il jeta un coup d'oeil sur le grimoire et blémit.
Il était ouvert à la page des potions avortives.
Il secoua la jeune femme.
- Mèry, réveille toi.
Elle sursauta et se redressa vivement.
- Reg ? Mais qu'est ce que tu fais ici ?
- J'étais inquiet. Je te trouvais bizarre depuis quelques temps. Et maintenant, je sais pourquoi. Tu es enceinte !
Elle baissa la tête.
- Depuis quand tu le sais ?
- Deux semaines, mais j'ai eu la confirmation ce matin seulement.
- Pourquoi tu me l'as pas dit ?
- Parce que je voulais t'épargner de nouveaux remords.
- C'est très gentil à toi, répliqua t'il d'un ton ironique. Mais c'est raté. Tu voulais avorter sans même m'en parler ?
- Je pensais que c'était la meilleure solution.
Il soupira.
- Mèry, on était deux pour...Et on doit être deux, pour prendre cette décision, tu crois pas ?
- C'est la seule solution possible.
- C'est vraiment ce que tu veux ?
- Ce que je veux ou pas, n'a pas d'importance. On n'a pas le choix.
Il soupira.
- Bon, tu as sûrement raison, mais...Je te laisserais pas seule.
- Reg...
- Non ! Je n'ose même pas imaginer ce que tu dois ressentir, en ce moment, alors au moins, laisse moi t'assister.
A bout d'argument, elle hocha la tête.
Il versa la potion nauséabonde dans un verre et la lui tendit, d'une main tremblante.
- Tu es sûre ?
- On en a déjà parlé. Tu te vois élever ce bébé ? Et tu vas dire quoi à Jade et Anta ? Et Sirius ? Tu y as pensé ?
Il baissa la tête, la prit dans ses mains.
- Je sais, tu as raison.
Tout allait beaucoup trop vite.
- Je...j'ai besoin de réfléchir à tout ça.
Elle retira ses mains de son visage, et le prit en coupe.
- Reg, regarde moi.
Il planta ses yeux dans les siens.
- On ne peut pas faire machine arrière. On ne peut pas garder cet enfant, ce serait beaucoup trop dur, pour toi, comme pour moi.
Il hôcha la tête.
Elle avait raison, bien sûr. Il ne parvenait pas à avoir les idées claires.
Mais lorsqu'il songeait à ce bébé, aussi innocent qu'il pouvait l'être il avait la nausée.
Ce bébé, était la preuve de sa faute impardonnable, de sa trahison. Il ne parvenait pas à l' imaginer vivant au milieu des enfants de Fleur. Pire que ça, il ne pouvait imaginer aimer cet enfant. Il n'avait pas été conçu dans l'amour, mais dans l'union de deux corps ivres, et désespérés. Comment pourrait il grandir équilibré, dans ce cas ?
Comment Mèry et lui pourrait entretenir leur amitié avec cet enfant non désiré, pour leur rappeler constamment leur faute.
Et comment Sirius le prendrait il ?
Même si pour l'heure, il se fichait de son frère comme d'une guigne.
Sur le papier, Sirius n'avait pas son mot à dire, mais ça ne l'empècherait pas de juger, et de lui adresser des reproches.
Oui, tout les poussait à cette extrémité. Ce bébé, ne devait pas voir le jour.
Il soupira.
- Tu as raison. Tu te sens prête ?
Elle hocha la tête.
- Plus on tardera, plus ce sera dur.
Elle ne voulait pas penser à l'enfant, qui ne verrait jamais le jour.
Elle se faisait l'effet d'un bourreau s'aprêtant à exécuter un innocent, car après tout, il l'était. Il n'avait rien demandé, si ce n'est vivre et être aimé, mais il n'aurait pas cette chance.
