L'embrouille est dans le pré

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Une bien belle journée d'été s'annonçait, le soleil pointant finalement le bout de son nez après un printemps pluvieux.
« La journée parfaite pour rien faire ! », lança joyeusement la petite brune en s'étirant, encore à moitié enterrée sous sa couette. Puis son téléphone sonna.
Non, elle n'avait aucune envie de décrocher : avec un temps comme celui-ci, quelqu'un allait forcément lui suggérer de sortir, pire encore, on pouvait l'inviter ! Son portable sonna une seconde fois. Puis une troisième. Il vibrait vainement, posé sur ses genoux comme une moule sur un rocher.
Puis un message s'afficha finalement sur son écran : « ça sert à rien de faire semblant, je lâcherai pas l'affaire. Décroche cette saleté de téléphone ou je te le fais manger. »
Sally soupira lourdement, vaincue. Ses plans tombaient à l'eau. Elle fit ses adieu à son lit et rappela son amie, une ancienne camarade d'université dont elle était toujours proche.

- Sally, enfin ! C'est pas trop tôt !
- Je rends les armes. Dis-moi tout Eva.
- Il est grand temps de sortir de ta tanière ! T'as vu comme il fait beau ?
Gagné. Cette vermine voulait la trainer dehors.
- Et oui. J'ai une fenêtre, figure-toi.
- Mieux que d'en profiter à travers la vitre, tu vas voir ça de près. Prépare ta valise, on part deux semaines en vacances.
Un ange passe.
« Allô ? Sally ? »
- Ah non !!!
Elle raccrocha soudainement. Deux semaines dehors ? Puis quoi encore ?
Le téléphone vibra à nouveau. Sans conviction, elle décrocha à nouveau.
- Inutile de fuir. On a loué une caravane, on est garés en bas de chez toi. Fais ta valise avant qu'on vienne défoncer la porte.
- J'ai vraiment pas le choix ?
- Sally. T'as que vingt-trois ans, mais tu vis comme une nonne. T'as pas quitté ton appartement depuis que t'as fini tes études et t'es bien partie pour finir vieille fille. Il est temps de faire des rencontres, profite de ta jeunesse !
- Des rencontres ? Dehors ? Là ? Mais je suis pas prête !
- Le destin, ça se provoque ! Allez, en selle vieux cheval ! A dans dix minutes !

Eva mit fin à l'appel, scellant une bonne fois pour toute le destin de sa comparse.
Aucune idée d'où ils allaient pour ce périple. En plus de se retrouver dans un environnement inconnu, elle réalisa soudainement que ses amis la pousserait à parler des inconnus.
A son grand regret, en plus des chaussettes et des shorts, elle n'avait pas de ciguë à mettre dans ses bagages. Une mort à la Socrate, ça aurait été stylé. Dommage.
Sa valise étant bouclée, elle jeta un dernier regard à son ordinateur avant de tourner les talons : avec un peu de chance, son voyage lui inspirerait de nouvelles histoires.
D'un pas lent, Sally descendit les marches d'escaliers puis traversa le long couloir qui conduisait à l'entrée de l'immeuble.
La porte s'ouvrit et d'un seul coup, le soleil radieux l'éblouit. Face à elle se tenaient ses deux meilleurs amis, Eva et et Loris. Plutôt fiers de leur coup, ils lui adressèrent un petit signe de la main.
- Prête pour de nouvelles aventures ? Lui dit joyeusement le blondinet, un large rictus se dessinant sur son visage.
- Allez ma petite, on va bien rigoler !
Elle lui arracha sa valise des mains et la glissa à l'intérieur du véhicule avec entrain. Eva lui indiqua la porte avec un petit clin d'œil. Pas de retour en arrière possible.
Sans grande conviction, Sally prit place sur la banquette arrière et inspira un grand coup avant de leur demander quelle était leur destination. Ses deux amis, tout sourire, se retournèrent simultanément et répondirent en chœur :

« On part en camping dans la Creuse ! »