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Ajaccio – octobre 2015

- Maman, non, tu ne peux pas me faire ça.

- Je suis désolée ma chérie.

En pleurs, je secoue mon visage et ferme les yeux le plus fort possible, comme pour ne pas devoir affronter la suite des évènements.

- Pour combien de temps ?

- Un mois, peut-être plus...

Deux semaines sans eux me paraissaient déjà interminables, alors un mois... Impossible. Comment est-ce que je vais pouvoir supporter leur absence ? Comment est-ce que je vais faire pour ne pas craquer face à mon frère ? Comment est-ce que je vais faire afin de ne plus subir ses injustices ?

- Emmenez-moi avec vous, s'il vous plaît.

- Emma, c'est impossible. Les cours sont beaucoup trop importants. Ne t'inquiète pas pour nous, je sais que Samuel s'occupera très bien de toi.

Tu ne connais même pas ton fils, maman.

Elle prend mon visage en coupe entre ses mains et m'embrasse le front, avec le plus de tendresse possible.

- Nous t'appellerons dès que nous arriverons en Italie.

J'admire la femme qui se tient devant moi alors qu'elle resserre le foulard qui pend à son cou, prenant ensuite ses bagages pour les descendre au rez-de-chaussée ; mais c'en est trop, je n'ai pas la force de les suivre.

Je m'enferme dans ma chambre à double tour, pleurant toutes les larmes de mon corps, recroquevillée sous mes draps. Je n'ai pas envie de revivre le cauchemar que j'ai subi lors de leur premier voyage, c'était horrible et seule Sara comprenait mes crises d'angoisse, elle n'arrivait cependant pas à les calmer, pas les premières.

Je sens mon cœur s'emballer et je sais que cela n'engendre rien de bon. Ma respiration est irrégulière tandis que mes mains deviennent de plus en plus moites. Sans réfléchir, je prends mon portable afin d'appeler Liam mais aucune réponse. Je décide de lui envoyer un message en essayant de contrôler mes pleurs mais rien n'y fait ; je me sens de plus en plus mal.

Emma : Liam, c'est Emma. Réponds-moi, j'ai besoin de toi.

Les minutes qui suivent me paraissent une éternité et, malgré ça, ma respiration se calme petit à petit et je m'endors, couchée dans mon lit.



La musique qui résonne dans la pièce à côté de la mienne me réveille de manière plutôt brutale et je jette mon oreiller contre le mur, un cri de rage qui sort de ma bouche.

Mon téléphone affiche un nouveau message, reçu il y a à peine 10 minutes et je me dépêche de l'ouvrir afin de découvrir ces trois mots qui me brisent encore un peu plus le cœur.

Liam : Laisse-moi tranquille.

Ma vue se brouille instantanément mais je décide de ne pas me laisser atteindre, supprimant, avec rage, le message du garçon une boule dans la gorge.

- Reprends-toi, Emma, me soufflé-je à moi-même.

Je me lève de mon lit, inondé de larmes, et me change à toute vitesse afin de prendre mes affaires et de sortir de chez moi, prenant le premier bus qui passe sous mon nez. Ce dernier m'emmène rapidement jusque dans le quartier de Sara et nous avons passé le restant de la journée à deux, loin de tous mes problèmes. À partir de ce jour, j'ai relativisé ; mes parents reviendront bien un jour, mais ce n'est pas leur absence qui fera que je me laisserai faire.

J'ai laissé mon frère vivre sa vie, j'ai essayé, tant bien que mal, d'éviter Liam lorsqu'il venait à la maison et Sara a forgé mon caractère, au fil des années.

Le temps d'un étéWhere stories live. Discover now