J'ai d'abord dans l'idée d'aller directement prévenir Zoe. Je sais que c'est Marc qui a envoyé la photo compromettante de moi et Brian à toute l'entreprise et j'ai un témoin.
Mais sur le moment, elle se met en colère.
- « Je vais convoquer les syndicats et lui foutre un procès-verbal. »
Est-ce qu'elle s'inquiète pour moi?
- « Tu peux retourner voir Mathilde du marketing? J'ai rien à te donner pour l'instant. »
- « Mais si! J'ai pas encore terminé le compte rendu des rendez-vous de... »
Elle m'interrompt :
- « Alors va terminer tes comptes rendus dans son bureau. »
Son ton est très sec. Je sais parfaitement c'est à cause de quoi, on doit mettre les choses au clair une bonne fois pour toutes. Je sais que j'ai quand même beaucoup forcé pour qu'elle m'embrasse, mais je sais également qu'elle en avait aussi envie que moi.
- « Pourquoi pas rester dans votre bureau? Vous me chassez? »
- « Oui Alessia, prends ça comme tu veux. Le fait est que je ne veux pas te voir traîner dans mon bureau dans l'immédiat. »
- « Pourquoi? » J'ai pas dis mon dernier mot, et s'il faut forcer pour avoir ce que je veux, alors je le ferai.
- « Depuis quand j'ai besoin de justifier mes décisions ?
- « C'est à cause de hier? » J'insiste.
Elle ne me répond pas immédiatement et se contente de me regarder sans émotions.
- « J'espérais que tu puisses faire la différence entre le privé et le pro. Ne parle pas de ça ici, on travaille. » Elle me prévient.
- « Parler de quoi? »
Elle aime pas quand je lui réponds. Depuis que je la connait, je fais la connaissance d'une petite voix dans ma tête, rebelle, effrontée et perverse. C'est un aspect de moi même que j'ignorais, mais elle me donne du courage et du cran, et j'ai bien envie de l'écouter.
Je me laisse guider et je met mon cerveau sur pause, je l'endors totalement et j'écoute mes hormones en feu (très mauvais choix d'ailleurs).
Sans hésiter une seconde, je m'approche de Zoé jusqu'à me retrouver juste devant elle, puis je m'assois a cheval sur ses cuisses. Dans un premier temps, elle se raidit et sa respiration trébuche, mais elle se reprend très vite.
- « Ça va pas quoi?! Descends! »
Elle repousse tant bien que mal, mais les mains fermement agrippées au dossier de son fauteuil, je me laisse pas faire.
- « Alessia arrête ça tout de suite! Lâche moi! »
- « Non. »
- « S'il te plaît arrête tes conneries... »
Je vois qu'elle craque, ses efforts pour me repousser sont moins déterminés et ses yeux louchent sur ma jupe, qui s'est complètement remontée quand je me suis assise sur ses cuisses.
Elle me repousse une dernière fois, et au même moment on entend la poignée de la porte de son bureau, alors je ne résiste pas et recule de plusieurs pas en un éclair.
L'homme qui est entré semble être un livreur, il fait signer une feuille à Zoé, lui dit que le camion est garé « comme d'habitude. »
Elle signe et le remercie. Une fois l'homme parti, elle se lève et vient à ma rencontre.
- « Tu vois où tes bêtises nous mènent? Quand je te dis non c'est non! Et t'as plus intérêt à me forcer la main pour avoir ce que tu veux, maintenant c'est à moi d'avoir ce JE veux. Et je veux que tu me laisses tranquille. Tu m'as pris pour qui? Tu crois vraiment que je suis attirée par toi? Mais regarde toi dans la glace tu es une gamine! Donc va jouer avec des gamins de ton âge, et laisse-moi dans la cour des grands. »
Elle me pousse jusqu'à la sortie et claque la porte.
Ouch. Je prends soudain conscience de mes agissements des derniers jours, je l'ai limite harcelée. Je m'en veux énormément, j'ai tout gâché.
C'est sans entrain que je descends voir Mathilde. Piteusement, je lui demande si je peux terminer mes comptes rendu dans son bureau et je lui promets que je ne la dérangerai pas. Elle me regarde avec compassion.
- « La chef et de mauvaise humeur hein? »
- « On peut dire ça comme ça... » Je répond, avec honte.
Mathilde est super gentille avec moi, c'est une jeune femme douce et très jolie. Une brune avec des yeux très légèrement bridés. Pourquoi est-ce que tout le monde dans cette boîte ressemblent à des mannequins?Je me suis réconciliée avec Eloïse. Elle m'a dit qu'elle est désolée de m'avoir ignorée et de ne pas avoir cherché à calmer notre situation avant. J'accepte ses excuses, je m'en veux même de l'avoir soupçonnée d'avoir été à l'origine de la fuite qu'on appelle désormais « l'affaire Brian Alessia ». Et quand je dis « on » c'est tout le monde sauf moi. Ahhh, RIP ma réputation. J'espère que Zoé va réellement mettre en place ce fameux conseil pour procès-verbal, cet homme a besoin de redescendre un peu.
Ahhh, Zoé... vraiment je regrette qu'on ne soit plus en bons termes. On se connaît pas réellement, on a jamais vraiment discuté de pleins de trucs et je ne sait quasiment rien d'elle, de sa vie, mais qu'est-ce qu'elle me manque. Je me demande si elle est mariée, à un homme ou une femme, si elle est lesbienne ou bi, si elle assume ou se fait croire à elle-même qu'elle est juste hétéro curieuse... ou si elle fout juste de moi. Ce qui me dérange le plus, c'est qu'elle a dit qu'elle n'était pas attirée par moi, c'était un mensonge? Et si non, ça veut dire que quand elle m'a embrassé la dernière fois, c'était par pitié? Par curiosité ? Elle en avait même pas un tout petit peu envie? J'aimerais tellement avoir quelqu'un avec qui en parler mais malheureusement, il faut que je me taise sur ce sujet, je me suis déjà attirée assez d'ennuis comme ça. Mais le fait de ne pas en parler... ça m'obsède encore plus.
Le plus gênant, c'est qu'on est quand même amenées à se côtoyer par rapport à ce que je dois faire et mes tâches en cours, même si la plupart du temps je suis dans le bureau de Mathilde. Je ne monte voir Zoé que pour rendre le fruit de mes travaux, et encore, ça c'est quand je ne peux pas tout lui envoyer par mail. Donc c'est très malaisant; on échange que le strict minimum en terme de mots. J'ai décidé de l'ignorer totalement, lui laisser l'espace et la distance qu'elle a voulu. Il arrive qu'on se croise dans les couloirs, sur le parking, dans l'ascenseur etc...et dans ces cas, je ne la regarde même pas.
Je veux lui donner l'impression que je suis passée à autre chose. Mon ego a prit un gros coup quand elle m'a réprimandé dans son bureau et qu'elle m'a dit qu'elle était pas attirée par moi parce que je suis une gamine.
Je veux lui faire comprendre que je suis pas désespérée, qu'elle n'est pas le centre du monde et que je rebondis vite. Y'en a pleins d'autres qui auraient aimé être à sa place.Toute la semaine qui suit, je me concentre sur mon travail, l'écriture de mon rapport de stage et quand je n'ai plus rien à faire, je vais explorer d'autres services, trouver d'autres personnes qui ont besoin de moi pour faire des tâches en rapport avec mes objectifs de stage. Je propose mon aide partout, afin d'être la plus occupée possible et ne pas penser à... enfin, ne penser à rien d'autre que le taf. J'ai d'ailleurs le sentiment que mon rapport sera excellent.