My First Time [ Tome 1 ]

40• Ce que veulent les filles...

Une fois montée dans la voiture de Lucas, j'angoisse soudainement sur le fait d'être seule avec lui. Nous nous connaissons si peu. Mis à part des banalités échangées et un accrochage, nous n'avons jamais réellement pris le temps de nous connaître. Je me frotte la peau alors qu'aucune brise fraiche n'entre dans l'habitacle.

— Ça va? Tu as froid?
— Tout va bien, je suis juste un peu nerveuse.
— Tu n'as pas à t'en faire. Je vais bien m'occuper de toi. Et je n'ai pas eu le temps de te le dire avec tes gardes du corps qui me coupaient sans cesse la parole mais ta robe est superbe. Et encore je ne parle pas du modèle à l'intérieur.
— Merci.

J'ai si peu l'habitude d'entendre ce genre de mots que malgré mes rougeurs, j'en viens à douter et à me demander s'il s'agit d'une blague. Lors de ma présentation de la robe, les garçons ont eu un tel élan de gentillesse que cela m'a paru suspect. Ils devaient sûrement se tramer quelque chose qui est tombé à l'eau.
J'envisage de questionner Lucas sur ses passions quand il se rigidifie au moment où je pose la main sur la sienne, accrochée au levier de vitesse.

— Je pensais que tu inviterais Joy ce soir. Vous avez été si proches cette année.
— Oh. Euh. Je savais très bien qu'elle ne serait pas mon choix. Joy est un peu comme un Kinder surprise dont tout le monde a déjà déballé le chocolat et joué avec le jeu.

Je ne saurais dire si mon esprit est en accord avec lui ou s'il désire soutenir cette jeune fille qui assume ses pulsions.

— Mais je crois qu'elles sont aussi nombreuses à avoir joué avec ton jeu.

Lucas semble encaisser le choc de ma remarque, puis éclate de rire avant de grimacer bizarrement. Je le trouve tout à coup plutôt tendu. Peut-être est ce à cause de notre sujet?

— Ce n'est pas pareil pour un mec.
— Tiens donc. Vous montez d'échelon à chaque fille déshabillée et nous on descend vers la honte?

Je ne sais ce qu'il me prend de défendre une cause à laquelle je ne participe pas.

— Je n'ai pas envie qu'on se prenne la tête à ce sujet. Je veux juste que tu te dises qu'à mes côtés, tu seras traitée comme une reine.

Comme l'a été Joy avant qu'il n'y trouve plus son intérêt. Lucas se tord à nouveau en agrippant son volant et augmente le son de la radio pour couvrir ses plaintes. Gaho résonne dans l'habitacle, me permettant de penser à autre chose. Je ne sais pas s'il est bon d'avoir un débat philosophique avec son cavalier pile avant de passer la soirée avec lui.
Le ventre de mon voisin se met alors à gronder si fort que je me demande quelle tempête il s'y passe. Cela n'a pas l'air d'un manque de nourriture vu la puissance.

Ne voulant pas le mettre mal à l'aise, je me retiens de tout commentaire et lui laisse croire que je n'ai rien entendu. Pourtant, cela se réitère de plus en plus rapidement avec une souffrance qu'il ne peut plus masquer.
Lorsqu'il se gare sur le parking du lycée, sa chemise est trempée. Sa transpiration perle même sur son front. C'est à peine s'il arrive à se tenir droit en sortant de la voiture.

— Yeri...
— Ça va? Tu veux que j'appelle un médecin?
— Non, non. T'inquiète. Ça...

Le bruit de son ventre s'accompagne de quelque chose que je ne préfère pas imaginer avoir entendu. Je sens que mon cavalier va fuir, comme je le redoutais, mais pour une raison inattendue.

— Je te laisse quelques minutes. Je te retrouve à l'intérieur.

Je n'ai pas le temps de répondre qu'il s'enfuit à l'opposé du gymnase décoré pour l'occasion.
Deux voitures éteignent leurs phares à ce moment et je considère que cela est plus que troublant de voir mon frère débarquer au même moment avec sa troupe. Il est le seul à avoir une jeune fille de terminale à son bras. Les autres déambulent librement en ne fixant que mon visage. Pourquoi ai-je la désagréable impression qu'il ont joué un rôle dans cet abandon?