CHAPITRE 5

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ELIA

Quand je remonte, les yeux rougis et gonflés, je suis très gênée, encore plus que ce matin ou les autres jours. Je n'aime pas me sentir aussi faible et qu'on me voit dans cet état. En plus, mon esprit est maintenant perdu quelque part au Mexique. Je ne repense qu'à la discussion que je viens d'avoir avec ma mère. Je ne suis pas prête à retourner à la maison maintenant et je lui ai dit que j'étais décidée à chercher un appartement pour prendre ma vie en main.

- Elia, tout va bien ?

- Oui, Christian, merci.

Je pose le gros sac que ma mère m'a emmené juste à côté de mon bureau avant de m'asseoir sur ma chaise.

- Elia, je vois bien que ça ne va pas.

- Oui, je ne vais pas très bien en ce moment, et je suis vraiment désolé. Je vais vite me ressaisir.

- Je crois que tu as besoin de t'éloigner un peu d'ici.

- Quoi ?

Je tourne la tête et croise son regard concentré.

- J'ai appelé Jerry. Tu sais, Brenda est en arrêt pour encore trois semaines minimum. Il ne serait pas contre un petit coup de main.

Je ne comprends toujours pas. Qu'est-ce qu'il veut dire ?

- Est-ce que partir à New York quelques jours te ferait du bien ?

J'ouvre de grands yeux, surprise, mais touchée qu'il me propose d'aller là-bas.

- Je peux aussi l'aider en étant ici.

- Oui, mais aller à New York te ferait le plus grand bien. Je ne sais pas exactement ce qui se passe dans ta tête en ce moment, mais changer d'air te ferait du bien.

Je lui souris, reconnaissante de sa proposition. Est-ce qu'il vient vraiment de me proposer d'aller travailler à New York ? J'y suis déjà allé quelques fois et je trouve cette ville magnifique. Je ne suis pas contre y aller, mais est-ce que je vais réussir à m'en sortir toute seule sans pleurer ? Est-ce que ça va vraiment me faire du bien ? Je dois prendre le risque d’essayer, d’autant plus que je ne peux pas me sentir plus mal que maintenant.

- Tu veux que je parte quand ?

- Jerry t'attend dès lundi matin.

- Vraiment ? Je dois partir ce week-end ?

- Oui, quand tu voudras. Tu travailles encore demain et tu partiras ensuite. Que dis-tu de deux semaines ?

- Euh, oui, dis-je, perdue.

- Très bien. Je vois que tu as réussi à penser à quelque chose d'autre pendant un moment. Maintenant que tu as un objectif, concentre-toi dessus pour ne pas craquer.

Je lui souris doucement avant de me replonger dans mon travail. Bizarrement, depuis qu'il m'a dit ça, je n'ai plus envie de pleurer. Peut-être qu'il a raison. Peut-être que la solution est juste de s'éloigner de Miami et de me concentrer sur autre chose que sur Gus. Après tout, je suis jeune et libre, je ne dois pas m'apitoyer sur mon sort, même si c'est difficile de relever la tête alors que j'ai le cœur brisé en mille morceaux.


***


Ces quatre derniers jours sont passés plus vite que prévu. Je n'ai craqué qu'une fois pendant ma pause du midi le vendredi quand je suis sortie manger avec Cassidy, Millie et Elly. Je me suis confiée à elles et elles ont été de très bons conseils. Je ne dis pas que je me sens mieux, mais j'arrive enfin à reprendre un peu plus goût à la vie, même si ma rupture qui n'en était pas une est encore récente. Je prends mon départ pour New York comme un nouveau départ. Je ne pars que deux semaines, mais peut-être que ça va changer beaucoup de choses.

MONSIEUR GÓMEZ (TOME 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant