Compagnie d'infortune

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    D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été avec ma petite sœur, Louise. Nos parents étaient très absents, déjà lorsque j'étais fille unique. Je me sentais vraiment très seule chez moi et à l'école également. Les enfants de mon âge étaient souvent cruels avec moi et je n'ai jamais pu me faire d'ami à cause de ça. Mais lorsque ma petite sœur est née, tout a changé pour moi. Mes parents ne semblaient pas si heureux que ça d'avoir de nouveau un enfant. Ils avaient même parfois l'air triste, alors qu'en ce qui me concerne, je crois que je l'ai aimé dès l'instant où je l'ai vu. Elle était parfaite. Ses beaux yeux bleues étaient profonds, ses petites lèvres semblaient avoir été sculptés avec précision et son petit nez était en harmonie avec tout le reste de son visage fin et sans défaut. Si je ne détestais pas autant mes parents, je crois que je les aurais applaudis pour avoir réussi à créer un être vivant se rapprochant tout simplement du chef-d'œuvre. Mais ses qualités ne s'arrêtaient pas seulement à des traits physiques, loin de là ! Elle avait également une peau aussi douce que de la soie et sa voix résonnait comme un chant de rossignol. Lorsqu'elle était bébé, ses gazouilles étaient pour moi une source de réconfort intense et jamais je ne voulais qu'il s'arrête un jour. J'ai absolument tout fait pour qu'elle ne subisse pas les déceptions de ce monde. Dès qu'elle est née, ma priorité dans la vie fut qu'elle ne devait pas souffrir. Je voulais à tout prix préserver ce petit ange qui m'avait été envoyé. Ce ne fut pas tâche facile cela dit. Quelques jours après sa naissance, ma mère est partie de la maison et nous laissa seul moi, ma sœur et mon père et je ne l'ai plus jamais revue.

    Les années sont passées et ma petite sœur était de plus en plus belle et possédait de plus en plus de qualité. Chacun de ses gestes étaient d'une grâce incomparable et en plus d'être une jeune fille splendide, elle était également très intelligente et avait un véritable don pour le chant. Malgré le fait qu'elle me surpassait en tous points, je n'ai jamais éprouvé de jalousie à son égard. J'étais surtout très admirative et indigne d'elle, car oui, je n'ai pas parlé de sa qualité principale. Elle était incroyablement gentille. Elle me donnait énormément d'amour et je lui rendais comme il se devait. Mon père m'ignoraient toujours autant et l'école était devenue un véritable calvaire lorsque je suis rentrée au collège. Ceux qui me harcelaient en primaire, avaient continué de me harceler au collège et les autres enfants de mon âge faisaient de même. A l'école, je suis devenue la risée de tout le collège, mais lorsque je rentrais chez moi, j'étais la grande sœur la plus aimée du monde. Louise me sautait dessus et me serait fort dans ses petits bras frêle, en me regardant avec tout l'amour du monde à travers ses magnifiques yeux bleues.

- Justine ! Tu m'as manqué ! Exclamait Louise de sa douce voix.

- Toi aussi tu m'as manqué Louise. Disais-je en lui caressant ses doux cheveux blond.

    Lorsque j'ai grandis, j'ai choisi de ne pas faire d'étude trop longue pour éviter que mon père ne puisse pas payer à ma sœur les études qu'elle souhaitait faire, mais j'ai tout de même réalisé un minimum d'étude, afin de servir d'exemple. Je ne voulais certainement pas devenir une mauvaise influence envers elle, si bien que je n'ai jamais "profité de la vie" comme disaient les gens de ma classe. J'ai eu mon diplôme et j'ai travaillé immédiatement, afin de pouvoir aider ma sœur financièrement si jamais mon père ne lui payaient pas ses études.

    Je n'aimais pas vraiment mon travail. Il était très ennuyeux et mes collègues de travail étaient aussi puérils que mes anciens camarades de classe. Puis du jour au lendemain, mon père m'a virés de la maison, en me criant comme quoi j'étais une moins que rien. J'en ai été anéanti. Il m'avait séparé de ma tendre Louise, qui était à ce moment-là une splendide jeune femme, en larme devant la réaction de mon père. J'ai pu trouver un appartement misérable rapidement et ma sœur venait m'y rendre visite chaque jour. J'avais beau lui répéter qu'il fallait qu'elle se concentre sur ses études, mais il était hors de question pour elle de me laisser seule. J'en pleure encore de joie rien qu'en repensant à sa dévotion envers moi. Mais le renvoi de mon père de la maison familiale et le harcèlement que je subissais au travail eurent raison de mon moral. J'ai fait une dépression sévère. Ça me pendait au nez depuis longtemps. Mon médecin m'a donc prescrit des anxiolytiques et j'ai été obligé de voir une psychologue une fois par semaine. Les médicaments étaient si puissants, que je n'avais pas le moindre souvenir des passages de ma petite sœur chez moi. Mon état était si pitoyable qu'elle avait fini par venir de moins en moins souvent, jusqu'à ne plus revenir du tout. Quand je me suis rendu compte que j'avais perdu la seule personne sur cette planète pour qui j'avais de l'importance, j'ai tenté de me suicider en buvant une bouteille de whisky que j'avais achetée à l'épicerie en dessous de chez moi et en prenant ce qui restait de mes médicaments. Mais le vendeur avait appelé la police après que j'ai acheté la bouteille, car il soupçonnait que quelque chose n'allait pas. Quand je me suis réveillé à l'hôpital, un médecin se tenait devant moi, mon père à sa droite. Mais Louise n'était pas présente. J'ai alors versé des larmes.

- Où est Louise ?  Avais je demandé, la gorge nouée.

- Qui est cette Louise ? Demanda le médecin à mon père.

- C'était sa petite sœur. Soupira mon père, désemparé. Mais elle est morte quelques jours après sa naissance. Elle a un simple délire.

Compagnie d'infortuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant