37- La fin justifie les moyens

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- Ressers-moi un peu de bronce, ma jolie ! exigea Adramal avec un clin d'oeil appuyé.

La serveuse, une brune aux courbes pulpeuses, s'avança vers lui d'une démarche chaloupée, sourire aux lèvres. Elle inclina sa cruche, lui offrant une vue imprenable sur son décolleté.

D'un mouvement vif, Adramal la saisit par les hanches et l'attira sur ses
genoux.

- Voyou ! s'indigna la jeune femme en pouffant de rire.

Elle lutta avec mollesse, les mains posées sur son torse. Ses boucles ébènes caressait sa chemise en lin et ses longs cils noirs papillonnaient sur ses yeux clairs.

- Alors, le poulet ? On est sous le charme ? Se moqua Adramal.

Togram vira à écarlate tandis que Morgof se fendit d'un rire gras. Adramal glissa à l'oreille de la jeune femme, un bras enroulé autour de sa taille :

- Tu peux compter un gamin de plus dans tes admirateurs, ma belle.

La serveuse détacha de lui son regard pour appuyer ses deux coudes sur la table en hêtre :

- Il est mignon, minauda-t-elle. Quoiqu'un peu jeune.

Deux plaques rouges colorèrent les joues laiteuses de Togram. Egor ricana et lui administra une claque magistrale dans le dos.

- Comment tu t'appelles ? s'enquit Adramal d'une voix charmeuse.

- Adha, répondit-elle en triturant une mèche brune.

Le bandit plongea ses doigts fins dans ses boucles soyeuses. Avec une infime douceur, il dégagea sa nuque.

- Adha, répéta-t-il d'une voix rêveuse.

Il plongea son nez dans son cou.

- Tu sens bon le jasmin.

Alors qu'elle s'esclaffait en rougissant, Louise surprit la main du bandit remonter à ses oreilles. D'un geste habile, il la délesta d'un discrète pierre violette qu'il fourra dans la poche de son pantalon. Il replaça la lourde chevelure pour dégager l'autre côté de sa nuque.

- Avec une pointe de muguet, ajouta-t-il.

Il huma son épaule gauche, l'obligeant à tourner la tête. Il faucha la seconde boucle d'oreille de ses mains expertes, puis laissa glisser le bout de ses doigts jusqu'à sa clavicule.

Soudain, il leva les yeux, accrochant le regard réprobateur de Louise. Un sourire amusé étira ses lèvres et il lui décocha un clin d'oeil. Elle fronça les sourcils.

- Adha, si tu veux bien nous laisser, intervint Orion.  Nous avons des choses à régler entre nous.

S'il avait formulé sa demande avec courtoisie, son ton était sans appel. La serveuse lui jeta un regard apeuré, puis s'empressa de quitter les genoux d'Adramal.

- Si vous avez besoin de moi, vous n'avez qu'à appeler, bredouilla-t-elle avant de disparaitre vers le comptoir.

Adramal poussa un soupir théâtral :

- J'espère que tu avais une bonne raison d'interrompre mon repas du soir, le sollara.

- Un dîner très lucratif, asséna Louise d'un ton sec.

Le bandit la gratifia d'un sourire carnassier :

- La diversion est la clef du succès, petit poulet.

Le doc jeta une oeillade méfiante aux alentours. Les rires gras et les voix avinées se mêlaient aux
tintements métalliques des choppes. Le bronce coulait à flot et une forte odeur d'alcool et de cuir tanné donnait à Louise un début de nausée. Terrée au fond de la taverne, la troupe siégeait autour d'une table circulaire, à l'écart des buvards.

L'Empire de Vestali - I. les InsurgésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant