Valse avec les vagues

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Soudainement les vagues m'ont emportée, jetée sur le sable. L'eau qui était partout s'est peu à peu retirer, avant de remonter plus violemment encore. Ma peau brûlait, j'étouffais.

Je me suis relevée en boitant, j'ai marché aussi loin que j'ai pu pour m'éloigner de ce déchaînement qu'était devenue la mer. En instant elle avait repris ce sourire que seule la caresse de l'eau sur ma peau savait provoquer, elle l'avait effacé et menaçait de ne jamais me le rendre.

La peur avait pris le dessus. Je contemplais l'écume qui effleurait mes pieds comme une excuse silencieuse, incapable de faire un pas de plus vers l'immensité qui s'étendait devant moi. Mon coeur pleurait vainement cet abandon ; j'avais perdu mon insouciance au milieu des vagues.

Il m'avait pourtant semblé que la danse que j'avais entamée, rythmée par la musique des doux mouvements de l'eau, ne trouverait de fin que lorsque mon corps ne serait plus capable de supporter plus longtemps le bonheur qui l'assaillait. Mais c'était ma tête qui me trahissait et je ne pouvais rien y faire.

Je craignais la fin de cette valse comme on craint la fin de l'enfance, avec une résignation monotone et une résolution à profiter du temps qu'il me restait. La vie m'a arraché ces instants que je croyais acquis.

Alors j'ai couru. J'ai couru vers l'horizon, vers le soleil qui se couchait en répandant de l'or sur les vagues. J'ai couru vers ces sourires, ce futur qui m'avait souvent paru hors d'atteinte. Et soudain, du bout des doigts, je l'ai effleuré.

J'ai rigolé doucement en fermant les yeux, ma peau étincelante des milles gouttes d'eau où le soleil semblait se refléter.
Il me semble bien qu'à ce moment-là, même l'océan s'est joint à mon bonheur.

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