Chap 9 : information , ma mere , strategie

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#𝓙𝐞 𝐃𝐨𝐫𝐦𝐚𝐢𝐬 𝓐𝐮 𝓔𝕚𝕞𝕖𝕥𝕚𝕖𝕣𝕖##

Une main de bébé ! Je ne comprenais pas.
Rien ne devait plus me surprendre pourtant.
Je croyais avoir dépassé le stade de surprises mais je me trompais lourdement. Maintenant que j'avais compris que le jeu était plus sérieux que ce que je pensais. Il était temps pour moi d'adopter d'autres stratégies.
C'était un rituel me dit Roger lorsqu'il vint me voir. Une fois par trimestre, on devait y passer.
— Pourquoi ? Demandai-je grâce à mon bloc note qui était devenu mon compagnon fidèle.
— Nous devons renouveler nos forces et seule la chair humaine est capable d'arriver à de tels résultats.
— Je vois.
J'avais un haut le cœur en regardant le plat devant moi... C'était une main de bébé qu'on avait réduite en viande !
C'était totalement fou.
— Excuse-moi Roger !
Je sortis de la table pour me rendre dans la salle de bain.
Là, je fouillai mon petit livre.
Je ne savais pas exactement comment j'allais esquiver cet épisode de chair à
manger mais je ne me croyais pas capable d'y arriver. J'ouvris le livre et je commençai à lire.
Les mots pénétraient mon âme et me faisaient frissonner. Pourquoi avais-je reçu le livre ?
Le couteau était encore là !
J'avais fait quelques recherches sur Roger durant les heures écoulées. Roger n'avait jamais été marié contrairement à ce qu'il avait affirmé.

Il avait bâti sa fortune sur des projets douteux. Sa fille, on ne savait même pas qui était sa mère. Il était apparu un jour avec un bébé annonçant que sa mère était décédée.
Il avait une tante qui vivait dans la ville. L'article que j'avais lu ne s'épanchait pas sur ses parents.
En quelques clics, il était facile de rassembler des informations sur un individu. Maintenant, il fallait distinguer le bon grain de l'ivraie. J'avais pu mettre quelqu'un sur le coup. Il allait me dénicher l'adresse de la tante et très
rapidement.
Je me devais de résoudre ce mystère.
Le temps m'était compté.
S'ils me donnaient de la chair humaine aujourd'hui, je ne savais pas ce qu'ils allaient faire demain.
Je comprenais déjà ce que j'allais faire. Pour les combattre, il fallait être comme eux.
Il fallait entrer dans leur antre.
Je ne pouvais réussir qu'en me pliant aux règlements.
J'eus comme une révélation et je souris. Tout me paraissait soudain moins sombre. Je me levai en cachant le livre.
Il était temps d'être complètement dans le jeu. Je me rendis au salon
— Roger, mange-t-on la viande avec du piment ?
Je devins un bon élève, conciliante et posé.
Jamais je n'aurais cru que j'allais manger de la chair humaine. C'est ce que
je fis pourtant, bon gré, mal gré. Ceci marqua une étape décisive dans ma vie. Roger comprit que j'étais avec eux.
J'avoue avoir tout rejeté après le départ de Roger. Il m'avait regardée en secouant la tête.

J'étais dotée d'une nouvelle énergie qui me semblait me faire pousser les ailes. Je devais aller à la chasse aux informations fiables.
Cette nuit-là, avant de me coucher, je pris la peine de lire mon livre.
Il me donnait un sentiment de plénitude.
J'étais plus calme et sereine lorsque je le lisais.
Le monstre était là, tapis en moi.
J'avais compris que c'était ma colère qui le faisait sortir de son trou. Lorsque j'étais calme et faisais ce qu'il voulait, je pouvais dormir sans souci.
Je me recroquevillai sous mon lit.
Le crâne était toujours en dessus.
Roger avait remplacé le mobilier cassé sans poser de question.
C'était normal de trouver une chambre qui ressemblait à un champ de bataille.
Plusieurs jours s'écoulèrent ainsi dans une quiétude totale. Le monstre n'apparut plus.
Je n'avais pas à me tracasser pour ça.
Aujourd'hui, j'avais devant moi une journée chargée. J'avais à ma disposition un chauffeur.
Je lui fis signe de m'amener à la banque.
Après avoir géré mes transactions toute seule, je lui glissai une enveloppe. Avec un mot:
" Ceci est pour vous. Conduisez-moi où je vous dirai. Ça reste entre vous et moi"
Il leva la tête pour me regarder... J'attendais sa réponse. Il secoua subitement la tête en signe de refus.
Il me fallait être plus persuasive.
Je pris une liasse de billets dans mon sac que je déposai devant lui. Finalement, il accepta.
L'argent corrompt.

Je dormais dans un cimetière Où les histoires vivent. Découvrez maintenant