Jour J

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Deux semaines et cinq jours plus tard, l'alarme du rassemblement sonna dans le croiseur de Nehfir. L'équipage se rassembla dans le hangar, entre les transports et chasseurs et Nehfir monta sur une estrade, un minuscule micro collé sur sa gorge. Meng se concentra afin de saisir ce que Nehfir allait dire dans sa langue natale, le modsai. La voix amplifiée du chef de guerre résonna dans dans la salle :

« Soldats ! Il est temps que le Fléau, le grand empire Modsai, retrouve sa gloire mutilée et n'exerce sa domination légitime sur la galaxie. L'heure est venue. La porte sera activée dans huit cycles. Alors préparez vous ! Je veux tous les postes de communication en action immédiatement pour transmettre la nouvelle à nos vaisseaux dans les systèmes environnants. L'heure est venue ! Dominer, toujours !

- Lasfwe n'ehsen !» répétèrent alors les soldats avant de disperser les rangs pour se rendre à leur poste.

Meng sentit l'angoisse lui tordre les entrailles. Huit cycles. Trois jours. Il ne restait que trois jours avant que le plan de Nehfir ne soit lancé. Plus que jamais, le regret d'avoir abandonné l'équipage de Ylys l'envahit. Elle était maintenant immobile, au milieu d'une armée en effervescence, prisonnière et impuissante tandis que l'horreur de la situation l'accablait. Cependant, elle ne pouvait rien faire. Elle se jura alors de, lorsque l'occasion se présenterait, tuer Nehfir. Elle décapiterait cette armée, ou mourrait en essayant, mais jamais il ne serait dit qu'elle s'était rendue complice des horreurs qu'il comptait causer.

Dans la corvette Modsai, Daenide, somnolant sur la console de contrôle du vaisseau, sursauta soudainement en voyant les nouvelles qui lui arrivaient. Les différents agents qui avaient été envoyés pour surveiller les croiseurs Modsai rapportaient tous, les uns après les autres, que l'armée décollait. Après quelques minutes, sous les yeux écarquillés de l'archéologue, arriva la transmission envoyée par le croiseur de Nehfir, interceptée par l'un des alliés qu'ils avaient recruté. Il se leva alors et se mit à crier :

« C'est le moment ! L'assaut sera lancé dans trois jours ! Il faut y aller ! »

La vingtaine de personnes présentes dans la corvette se rassembla immédiatement. Deux Modsai s'installèrent aux postes de communication afin de ne pas éveiller les soupçons si quiconque tentait de s'assurer de leur identité, tandis que tous les autres, pour beaucoup des ouvriers, allaient à leurs postes pour contrôler les armes. Les quelques uns avec des connaissances en pilotages se mirent aux côtés de Daenide et les réacteurs de la corvette se mirent soudainement à briller et la vitesse subluminique fut enclenchée.

Kohad, dans un petit vaisseau de transport dans un système non-loin, recevait également les informations sur l'appareil à son poignet. Elle soupira, serra le poing avant de dire doucement, la colère perçant légèrement dans sa voix :

« C'est le moment.»

Les deux jours suivants furent consacrés à l'organisation, qu'importe le camp. Devant la porte, seul mais pour bien peu de temps, était stationné le croiseur de Nehfir. La communication était établie entre les deux, et le chef de guerre avait le contrôle total sur l'ancienne structure etchoki. Le Modsai sentait l'excitation monter en lui, alors qu'il voyait sa victoire s'approcher, l'acmé de son plan, l'aboutissement de plus de vingt ans de travail. Il déambulait dans les couloirs de son vaisseau, inspectant chaque détail pour être certain que tout était prêt.

Dans la corvette, Némésis avait finit par rejoindre Daenide et se trouvait avec lui. Les deux archéologues, à l'instar de Nehfir, voyaient se terminer ici des années de lutte. Ils savaient que s'ils ne gagnaient pas le lendemain, ils ne gagneraient jamais. En fonction des événements, leur vie prendrait sens ou fin. Noktan, lui, était resté presque silencieux. Après les dernières semaines à voyager avec Némésis et préparer leur plan, il voyait le tout se concrétiser. Il avait arrêté une croisade dix millénaires avant, tout ça pour être réveillé et recommencer. Cependant, il n'avait pas particulièrement de regret à cette idée. S'il devait encore en arrêter mille, il le ferait. Son but était de protéger la galaxie des guerres inutiles, des morts injustifiées, et peu importe qui tenait l'arme et qui était devant son canon, il continuerait à poursuivre cet objectif.

Un sujet restait tendu entre Daenide, Kohad et Alice, et ils n'en parlaient pas : le sort de Meng. Daenide était favorable à l'idée de la garder en vie, qu'importe son opinion, tout comme Ange et Nino. Elle avait agis par colère et souhaitait se venger. Il serait toujours temps de réparer leurs torts envers elle après la bataille. Kohad et Alice, elles, savaient qu'elles tueraient Meng si cette dernière n'exprimait pas ses remords immédiatement. Elles n'auraient aucune indulgence envers elle. Si elle avait le droit de se venger, alors elles aussi, et personne ne pourrait se mettre sur leur chemin. Nehfir payerait, et peu importe si cela nécessitait de laisser une pile de cadavre sur le chemin. Il payerait pour ce qu'il avait fait à Némésis, peu importe les conséquences.

Quelques heures plus tard, dans le croiseur de Nehfir, le Modsai observait la porte, pour le moment éteinte, par la vitre du poste de contrôle. Des alarmes se mirent soudainement à sonner tandis que des communications diverses arrivaient, et des dizaines de vaisseaux Modsai commencèrent à sortir de vitesse subluminique autour de la porte. Leur taille aillait d'une petite frégate à celle d'un croiseur léger. Leur nombre augmenta progressivement, et rapidement, plus de deux cent bâtiments stationnaient autour de Nehfir. Si cette armée n'était pas équivalente à celle du Fléau, et qu'elle n'aurait aucune chance en cas de guerre ouverte contre l'Union, son nombre était cependant largement suffisant pour mener une attaque de grande envergure directement au centre de la galaxie. Avec une rapidité et une efficacité suffisante, il ne suffirait que de quelques jours pour prendre le contrôle de l'Union.

Parmi les centaines de vaisseaux, cependant, se trouvait une corvette ne payant pas de mine, restant discrètement en stationnement au milieu des autres. À l'intérieur, Daenide, Némésis et Noktan gardaient un œil sur le croiseur de Nehfir. Les quelques heures suivantes seraient décisives.

Les Portes d'union [Terminé] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant