Je suis restée à fixer Melanie durant quelques secondes, perplexe, avant finalement de me retourner vers les deux types. Je ne voulais même pas savoir le pourquoi du comment. Juste là, j'avais envie de leur fracasser le crâne, mais ça n'améliorerait pas la situation.
-Vous savez quoi ? Ai-je commencé. C'est le genre de chose qui me donne envie de me jeter d'une falaise, ou, en l'occurrence, d'une grande roue. Alors si vous voulez bien m'excuser...
Celui maigre comme un clou m'a saisie par la chose la plus proche de lui ; mon plâtre.
-Non, on ne t'excuse pas.
Je me suis retournée et l'ai gratifié d'un violent coup de pied dans les parties sensibles. Heureusement pour lui, il m'a lâchée. A la fenêtre de la boutique, Graham a décrit un cercle dans l'air. Je n'a pas vraiment compris le signe, mais ai tout de même décidé de me reconcentrer sur l'autre débile.
-La prochaine fois, je te rends stérile,
Pour la dernière fois, je me suis retournée pour revenir sur mes pas, et au passage, j'ai saisi Melanie par le poignet et l'ai entraînée avec moi.
-A plus tard, bande de connards, a-t-elle dit quasiment à voix haute alors qu'on a commencé à descendre l'avenue.
Dans la pénombre du parc seulement troublée par les lumières des attractions -quelqu'un avait trouvé le moyen de tout allumé-, j'ai enfin capté ce que Graham avait voulu dire ; rendez-vous à la grande roue.
A ma grande surprise, et de celle de Melanie également, personne ne nous a suivies. Je ne savais pas s'ils avaient pris mes menaces au sérieux, ou s'ils avaient vraiment pensé que j'étais partie pour me défenestrer, ou si c'est autre chose qui les a fait rester. En tout cas, il n'y avait plus personne pour nous embêter, et c'était déjà ça.
Pour éviter à Melanie d'avoir à raconter la même histoire une trentaine de fois, j'ai décidé d'attrendre que Graham soie là pour qu'elle nous explique ce qu'il s'est passé. Mes pensées ont commencé à dériver vers l'intriguante coïcidence de notre présence à nous quatre.
Selon les séries style Criminal Minds, deux victimes étaient une coïncidence. Trois un serial killer, et je ne me souvenais pas les avoir vu donner de règle pour quatre, mais à mon avis, ça voulait dire que le tueur était en forme.
Ca rendait obsolète ma théorie sur un Blumenfeld II ; si tout avait été organisé, à partir du tirage au sort, à quoi ça servait d'amener des gens qui avaient déjà muté dans le processus ? Ils pensaient que les nouveaux allaient avoir besoin de mentor ? Toutes mes hypothèses me semblaient stupides.
C'était dans ce genre de cas de force majeure que l'intellect d'Esther brillait. A ce stade-là, elle m'aurait déjà rendu un rapport de dix-huit pages sur comment VWR avait tout organisé, avec paragraphes argumentés et preuves à convictions. Elle aurait même eu le temps de faire du café.
Pendant ce temps-là, je tapais dans le tas. J'avais un problème de gestion de temps.
Melanie et moi sommes enfin parvenues à la grande roue, au terme d'une marche silencieuse d'à peu près un quart d'heure. Graham nous y attendait déjà et en avait profité pour entamer une boîte de pop-corn volé sur un stand. Je lui ai lancé un regard réprobateur. Avant de me servir.
-Bon, à quelle bande de tarés on a encore affaire ? A-t-il lancé après avoir fait passer le pop-corn.
Je me suis appuyé contre le grillage qui entourait l'espace de la grande roue. Melanie était adossée au panneau qui indiquait la taille réglementaire requise, et pour une fois, Graham était le seul à se tenir à peu près droit.
-Je sais pas, mais ceux-là sont vraiment bien bien tarés, ai-je commenté.
-Le type qui me frappait, c'était Noah. Le maigre, Felix, et d'après ce que j'ai compris, il y a un troisième larron.
-Ca va faire beaucoup de cadavres, a blagué Graham.
-Comment ils ont démarré ces conneries ? Ai-je demandé à Melanie.
-J'ai vu que les gens s'éclataient, alors j'ai voulu en profiter pour faire une attraction. Noah s'occupait de faire tourner le truc et vérifiait à l'entrée. Et comme une conne, je l'avais oubliée, moi !
-On est pitoyables, ai-je commenté.
-Faut absolument qu'on retrouve l'autre obèse, a dit Graham.
-A toi aussi il t'a dit qu'il adorait le Wendy's ?
Graham a fait comme s'il était en train de vomir, et j'ai dû expliquer à Melanie qu'on parlait d'Ethan. Elle a explosé de rire. Je crois que moi aussi, je vais me mettre à l'appeler l'obèse.
-Enfin, il faudrait déjà qu'on retrouve ce con, a dit Graham après qu'on se soie calmé.
J'allais lui poser une question à propos du fait qu'il semblait désigner tout le monde par des insultes, lorsque les hauts-parleurs qui jusque-là diffusaient des hits de l'année dernière à bas volume ont grésillé.
-Un deux, un deux, a commencé une voix.
-Mais pousse-toi ! A dit sèchement une fille.
Il y a eu un moment de battement et quelques bruits de fond, pendant lesquels Graham, Melanie et moi nous sommes entre-regardés.
-Bref ! A repris la fille. Bonjour bonjour, pour commencer. Donc on m'a passé une petite annonce à lire, je vais résumer ça rapidement avant que l'autre débile ne touche à quelque chose et foute tout le système en l'air. Bref. Histoire de s'amuser un peu, Felix a mis en place une, je cite « chasse aux mutants ». Le principe, c'est que vous trouvez tous les mutants que vous pouvez et vous nous les ramenez. Points bonus pour, je cite, « la conne qui m'a défoncée les couilles, sa pote et l'abruti à la fenêtre qui se croyait discret. ». J'espère que tous ces indices sont assez précis. Amusez-vous bien.
La musique est aussitôt revenue. J'ai ri plus nerveusement qu'autre chose ;
-Le débile à la fenêtre qui se croyait discret, ai-je répété.N/A : Hola ! Je pars en vacances vendredi (NEW YORK, BETCHES), et je ne sais pas si je pourrais updater toutes ces fictions depuis là-bas (entre les histoires de wi-fi et le temps que chaque chapitre me prend, ça risque d'être compliqué). Je vais faire mon possible pour garder le rythme ou bien me rattrapper à mon retour.
Aussi, j'ai besoin d'aide ; vous pourriez me donner des prénoms féminins et masculins qui évoquent le froid, le chaud, le soleil et la neige ? Ca m'aiderait vraiment.
S/C : Je ne sais pas pourquoi, mais ce chapitre me fait penser à la scène dans Glee où Sunshine et Rachel commencent un duo sur Telephone dans les toilettes, et Sue arrive et hurle « SHUT UP ». Je sais vraiment pas pourquoi.
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Piégés (FR)
Science FictionAprès les événements d'Échoués, Jana Mierzwiak, 17 ans, dépressive et bras dans le plâtre, se retrouve à nouveau dans de beaux draps. Après que son petit ami l'aie forcée à utiliser des tickets pour une semaine afin de se rendre à Lost Playland et s...