Face au miroir, un jeune adolescent scrutait son propre visage. En fait, pour être plus précis, il se défiait du regard. Il voulait voir, s'il allait pleurer. Si ces rivières, ayant déjà creusées d'innombrables sillons sur ses joues creuses, réapparaitraient.
Mais son regard scrutateur était surtout rempli de peine. Car ce visage qu'il voyait tout les matins devant la glace, il avait l'impression de l'observer pour la toute première fois.
Alors, il posait des questions à sa propre conscience. Ses réponses honnêtes peinaient le jeune garçon.
Il se demandait pourquoi ses traits étaient aussi féminins. Et ses pensées insensibles lui répondaient d'un ton froid qu'il n'avait pas les hormones qu'ont les garçons habituellement. Ces hormones affinaient ses traits et le faisait ressembler à une fille.(*)
Alors il demandait pourquoi il n'avait pas les hormones qu'ont les autres garçons de son âge. Sa conscience lui répondait d'un ton tranchant et sans espoir de mensonge que ce garçon n'avait pas le "bon" sexe (***). Et aussi que c'était pour cela qu'il devait s'habiller en mettant des robes et des jupes. Aussi pour cette raison que sa mère l'obligeait à garder de longs cheveux bien coiffés.
La peine submergeait peu à peu le cœur du jeune adolescent mais, dans un élan d'espoir ou de désespoir, il demanda tout de même à qui était la faute. Car c'est ce que chacun cherche inconsciemment quand il y a un problème. Et la réponse de son esprit fût ce qui permit à ses larmes de se creuser un sillon sur ses joues pâles.
Son esprit avait répondu d'un ton incertain que c'était la faute à tout le monde et à personne en même temps. Personne n'avait décidé quelles hormones il aurait. C'était le Hasard qui était vraiment responsable. Et le Hasard était en fait le seul coupable indiscernable aux yeux du jeune homme.
Même si au fond de lui une voix murmurait que c'était de sa faute.
Il se reconcentra sur ce reflet qu'il avait appris à détester. Il défit le masque invisible qu'il portait depuis sa naissance.
Il détacha ses longs cheveux bruns et jeta violement l'élastique sur le sol. Ces longs cheveux qu'il n'avait jamais aimé.
Sa mère avait une image de lui faussée. Il le savait mais il avait si peur qu'elle ne l'aime plus tel qu'il était.
Sa peine était bien trop dangereuse pour lui à ce moment là, il le sentait. Et il ne voulait pas toucher à ces pensées obscures qui étaient toujours sur le point de l'emporter.
Alors son regard perdu et fuyant se posa sur une paire de ciseaux posée sur la petite table qui lui servait de bureau et qu'il avait installé là.
Il pris cette paire de ciseaux et les dirigea vers ses cheveux.
Il se fichait que ce soit moche. Il se fichait que ça lui aille. Il se fichait de tout à cet instant. Tout sauf cette peine et cette souffrance qui torturaient son cœur fragile et abîmé.
Une fois qu'il eu fini, qu'il fût satisfait du résultat, il sentit une si grande satisfaction se fondre dans son corps. Lui qui n'avait jamais connu que cette sensation étrange qui faisait bizarrement souffrir son cœur, une satisfaction grandiose et immense se répandait dans tout son corps.
Dans ce miroir qu'il avait toujours détesté car ne reflétant qu'un mensonge, il voyait enfin sur ce corps, qui ne le représentait pas, un écho de lui. C'était rassurant. Pas parfait. Mais il pouvait enfin supporter son propre regard. Il ne se trouvait pas beau. Mais regardable.
Puis il remarqua ce qu'il avait toujours préféré ignorer.
Cette poitrine dérangeante. Cette mâchoire bien trop fine. Cette taille bien trop ... fille. Et puis ces cuisses bien trop grosses à son goût. Il ne voulais que voir son visage.
Son visage qui maintenant était plus lui. Plus comme ce qu'il imaginait. Plus garçon.
Il arrivait à l'apprécier un peu plus, son visage. Ses cheveux d'ailleurs, il les détestait moins. Lui qui les haïssait autrefois, aujourd'hui, tout ce qu'il ressentait envers eux, c'était de la culpabilité et de l'espoir.
Nous étions le soir. En fait, ce n'était pas un soir quelconque.
En effet, nous étions la veille de la rentrée. Jimin avait enfin libéré ses cheveux et ses désirs enfouis en même temps. Lui qui avait l'habitude de se laisser marcher sur les pieds ne le voulait plus à présent.
Il se sentait à présent... libre. Mais était aussi apeuré. Effrayé des autres. Des gens. Ils allaient le genrer du mauvais pronom. Il le savait. Peut être certains, polis, allaient lui dire qu'il était plus belle avec cette coupe de cheveux.
Ce compliment était faux. La politesse à l'intérieur l'était aussi car c'était impoli de se tromper sur le genre d'une personne. Jimin le savait. On lui avait appris. Mais pourtant tout le monde lui avait aussi dit qu'il était une fille. C'était écrit sur sa carte d'identité et dans ses gènes. Il le savait aussi.
Mais lui, lui qui maintenant s'était libéré des doutes qui l'enchainait autrefois, lui il était mort de peur. Il se ferait lyncher en public jusqu'à chez lui alors qu'il ne faisait rien d'autre qu'être lui même. Mais il savait aussi que ce n'était pas vraiment de leur faute. A ceux qui ignoraient. Qui ne savait pas qu'il était un garçon. Ceux là, il ne pouvait pas vraiment leur en vouloir. Mais sa famille. Il allait leur dire la vérité ce soir. Il n'avait pas vraiment le choix.
Mais s'ils ne l'acceptaient pas ?
Il aurait mal. Il était leur fils. Il le savait ça aussi. Que ce serait dur pour sa famille. Mais il ne savait plus s'il devait se concentrer sur lui ou sur les autres.
Les autres, il s'était déguisé en fille pendant toutes ces années pour eux. Car il les avait écoutés, alors il finit par penser que maintenant, il allait se concentrer sur lui même et tant pis s'il finissait par en mourir. Il mourrai en essayant d'être heureux. Il préférait ça plutôt que vivre en mentant, en souffrant. En vivant la vie d'un autre.
Alors incertain et effrayé bien que déterminé, Jimin sortit ce sweat qu'il n'avait jamais eu le droit de mettre car il l'avait acheté dans le rayon homme d'un magasin. Il ne trouva rien pour cacher sa poitrine gênante. Il se promis de réfléchir à une solution plus tard.
Ensuite il mit un jean qu'il aimait porter mais que sa mère ne supportait pas. Car ce jean, il ressemblait beaucoup à ce qu'aimaient souvent mettre les garçons.
Devant le miroir pour la deuxième fois, il se regarda longuement. Il voyait beaucoup de choses qu'il n'aimait pas, mais s'habiller comme il avait toujours voulu le faire lui faisait tellement plaisir...
Alors passant outre sa poitrine qui, selon lui, gâchait cette tenue, il sourit face à son reflet. Il essaya de trouver une solution temporaire pour sa poitrine. Elle le gênait de plus en plus sans qu'il ne s'en rende compte. Plus il la regardait, plus il voulait qu'elle disparaisse. Mais il pensait que c'était impossible donc il s'empressa de faire taire ces pensées.
Au bout d'un long moment, après de multiples essais, il se résolut à adopter la position d'être rentré sur lui même, cela rendait sa poitrine moins évidente.
Même si ça lui donnait un air antisocial et étrange.
De plus, il savait qu'il ne faisait ça que pour lui. Sa mère, son père et son frère s'en ficherait bien. Eux, tout ce qui leur importerai ce sera de ne pas déshonorer la famille. De ne pas être exclus par les gens.
Alors qu'il s'observait attentivement dans ce miroir, une voix retentit de la cuisine.
"Jimin ! On mange, dépêche toi, je te rappelle que demain c'est la rentrée, tu dois te coucher tôt ce soir ma chérie.
- Oui m'man, j'arrive !"
Jimin avait sentit comme mille aiguilles s'enfonçant dans sa peau lorsqu'il avait entendu le "ma chérie" employé par sa mère pour parler de lui.
Mais il n'en fît rien. Elle ne savait pas. Ce n'était pas de sa faute.
Il se regarda une dernière fois dans la glace et partit dans le couloir jouxtant sa chambre.
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JIMIN (Tome 1)
FanfictionTitre complet de l'œuvre : Jimin and the Angel's Cafe Jimin, c'est un prénom que beaucoup de parents d'origine coréenne donnent à leurs petites filles. Pourtant, lui il s'appelle Jimin, et c'est un garçon. Son frère a un comportement étrange depuis...