Chapitre 24 : Jour 365 :

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" Louis,
Je n'ai pas beaucoup de temps.
Je suis si désolée.
J'ai hésité à venir.

Ça y est.
Ça fait un an.
Déjà un an.
Un an tu es couché sur ce lit d'hôpital.
un an.
365 jours.
J'ai du mal à y croire.
Une année entière.
Et tu es toujours là.
Couché.
Livide.
A deux doigts de mourir.

Je ne voulais pas venir.
Je te l'avoue.
J'avais très peur d'arriver dans ta chambre et de la voir vide.
Sans toi.
Qu'il t'ait déjà débranché, qu'il t'ait déjà laissé tomber.
Que je ne puisse pas te dire au revoir.
C'est si dur.
Pour moi.
Pour ta grand-mère.
Pour tout le monde.
C'était pourtant essentiel que je revienne te dire au revoir.
Alors me voilà.

Je suis si fière de toi.
Si fière d'avoir pu être à tes côtés jusqu'à ce que tu décides de t'en aller.
Je suis reconnaissante d'avoir pu t'aimer, d'avoir pu être ton amie, la meilleure d'après ce que je sais.
Je suis si touché d'avoir vécu une grande partie de ta vie à tes côtés, d'avoir pu être cette amie sur qui tu pouvais compter.
Je me sens chanceuse désormais de pouvoir marcher, respirer et vivre librement quand toi tu n'es plus là pour le faire.
Je me sens honorée d'avoir eu un ami si bon à mes côtés, un ami qui veillait sur moi et qui continuera de le faire aujourd'hui, même en étant absent.

J'espère que tu seras en paix là où tu iras.
J'espère que tu ne cesseras jamais de te souvenir de nous.

J'aurais tant aimé pouvoir être franche avec toi beaucoup plus tôt.
On aurait peut-être pu vivre quelque chose ensemble, quelque chose d'incroyable, avec des sentiments et des émotions des plus sincères.
Je me déçois tellement de t'avoir caché tout cela et d'en avoir des remords aujourd'hui.

Et je suis là au-dessus de toi, à peine vivant.
Et je n'aurais jamais l'occasion de te dire droit dans les yeux à quel point je t'ai toujours aimé secrètement.
Je t'aime depuis tant d'années, dans mes notes, mes carnets, mes souvenirs.
Il n'y avait que toi au bout de ce tunnel, au bout de la lumière.
Il n'y avait que toi à la tête de mon cœur, que toi à l'entrée pour le protéger de tous les autres.

Et j'espère que tu pourras me pardonner.
De ne jamais te l'avoir dit.
De te l'avoir caché pendant tant d'années.
D'avoir eu des sentiments pour toi en disant que je n'en avais pas.
D'avoir pu t'aimer sans que je puisse m'arrêter, sans même m'en rendre compte.
Je suis si désolée.
Je me sens tellement impuissante, tellement faible.
Et j'ai si peur de te perdre.
Je me sens si mal.

Mes larmes au bord des yeux,
Je ne peux te promettre d'être forte.
Je suis désolée Louis... "

Les médecins sont arrivés.

Mademoiselle, il va falloir que vous partiez maintenant.

Je suis restée figé les yeux humides, remplis de larmes incapables de tomber. Ta grand-mère est rentré à son tour dans la chambre, les larmes aux yeux, la main sur la bouche, essayant d'être le plus humble possible pour ton départ. Les infirmières m'ont fait sortir, me poussant hors de ta chambre.

— Il n'y a que la famille qui a le droit de rester ma petite, met toi dans le couloir, tu veux.

Je t'ai regardé une dernière fois et j'ai obéi. Je n'avais en rien la force de me battre, aucune envie même de le faire. Les scandales ne seront pas pour aujourd'hui. Je suis restée figé devant ta porte quelques instants les pieds serrés, le corps complètement contracté. J'ai repris une respiration en voulant aller me mettre assise sur les chaises plus loin. Mais en m'avançant, l'un des médecins avait mal fermé les stores de ta fenêtre. L'un d'eux était légèrement plié et permettait de voir à travers la vitre. Je me suis décalé de quelques centimètres m'adossant au mur d'en face dans l'angle parfait pour te voir encore un peu.

Entre l'ami et la mort [AUTO-EDITÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant