Playlist :
Hundida (Broken - spanish version) - Isak Danielson
Love me wrong - Isak Danielson
As we fall - League of Legends
2 mois plus tôt.
Carlyle et Tanya, les parents d'Aedan, me sont aussi précieux que s'ils étaient mes propres parents. Ils le sont même peut-être plus qu'eux. J'ai passé plus de temps chez eux que chez moi. En sortant de l'école le soir, ce n'était pas ma maison que je rejoignais, mais celle d'Aedan.
Il y avait toujours un goûter prévu pour moi, un couvert rajouté le soir si je voulais rester manger, un pyjama propre, juste au cas où. Et malgré les années, et le fait que j'ai désormais mon chez moi, ces habitudes perdurent. Il n'est donc pas rare que j'abandonne mon trente mètres carré pour dormir chez les Kristensen — surtout en ce moment que Serys, la grande sœur d'Aedan, est de retour dans le berceau familial.
Le renouvellement de leur voeux de mariage me tient par conséquent très à cœur. Je me suis mis sur mon trente-et-un et ai sorti le seul costume de ma garde robe — grâce auquel j'ai eu un compliment d'Aedan. Je mentirais si je disais qu'entendre de sa bouche que j'étais « super canon » ne m'avait pas fait plaisir.
Il n'a lui non plus pas lésiné sur l'élégance. Aedan porte une tenue à son image : chic mais avec une touche très casual. Une simple chemise blanche cintrée, faisant ressortir la couleur hâlée de sa peau, avec un pantalon de costume beige et une paire de sneakers blanche. Ses cheveux sont rabattus en arrière dans un effet décoiffé savamment étudié.
Nous rions, dansons et buvons. J'oublie l'espace de quelques heures mon fardeau et passe une soirée qui restera probablement gravée dans ma mémoire. Aedan disparaît régulièrement, je passe donc le plus clair de mon temps avec Charly, Milo et Serys qui nous rejoint occasionnellement.
— Pour une fois qu'Aed te colle pas aux basques, profites-en ! lance Charly joyeusement en commandant un verre pour moi à la barmaid de la soirée.
— Pas faux, ris-je.
— Il est où d'ailleurs ? demande Milo en balayant des yeux le jardin dans lequel se tient le mariage.
— Je l'ai vu s'éclipser avec sa meuf dans la maison, répond Charly.
Je regarde en direction de la maison distraitement, sans me soucier réellement de ce que peux y faire mon ami.
— C'est pas vraiment sa copine, clarifié-je. Ça l'était pas ce matin en tout cas.
Nous rions tous les trois, l'alcool m'aidant à relativiser.
— Elle est canon, dis-je sur le ton de la discussion.
— Mec, c'est pas canon à ce stade. C'est une déesse.
— Toujours dans l'abus toi, relève Milo. Il se la tape tu crois ?
Ils se tournent vers moi simultanément, avides de connaître les dernières nouvelles. J'hausse les épaules.
— Il m'a rien dit, donc j'imagine que non.
— Ça devrait pas tarder, va.
Entendre ces mots ne me fait pas grand chose. Je suis plutôt blasé. Ce n'est pas la première fois que je le vois avec une fille, et il est assez grand pour faire ce qu'il veut. Il n'a pas besoin que je sois derrière lui à spéculer et à analyser ses faits et gestes comme le font nos amis. Je ne l'ai jamais épié sur ce plan là, j'ai toujours respecté sa vie privée. Bien qu'il me donne l'impression de s'en ficher, et même de regretter que je ne m'y intéresse pas plus. Mais lui poser des questions intrusives sur sa vie sexuelle et sentimentale me ferait plus souffrir que de rester dans l'ignorance. Et de toute manière, il ne se gène pas pas pour tout me raconter de lui même.
Quelques heures plus tard, je suis bien trop ivre pour marcher droit. Il est quatre heures du matin, je tiens à peine debout. Charly a fini la soirée avec Sandy, la barmaid qu'il voulait originellement caser avec moi, Milo est, malgré l'heure, en grande discussion avec Erik, le meilleur ami de Carlyle et parrain de Serys.
Quant à Aedan, je ne l'ai pas vu depuis un moment. Je regarde autour de moi, et même si je n'y vois pas très clair, il me semble distinguer au loin deux silhouettes penchées l'une vers l'autre dans un coin du jardin.
— Je vais me coucher Nad, le hélé-je.
N'ayant pas envie de les interrompre, je préfère ne pas me répéter. Je lui envoie un sms pour le prévenir que je monte dans sa chambre. Mes jambes sont lourdes, mes yeux se ferment tous seuls et je rate une marche en grimpant les escaliers. Je peste contre moi-même mais j'atteins le lit sans me casser une jambe. Je trébuche une énième fois sur je ne sais quoi qu'à laissé traîner mon meilleur ami sur le sol de sa chambre.
Après cinq bonnes minutes à me débattre avec mes chaussures puis mes vêtements, je m'affale lourdement dans le lit. Ma tête est à peine posée sur l'oreiller, qu'elle commence déjà à tourner.
C'était la dernière fois que je buvais. Je déteste cet état où on est plus maître de sois même et de son corps.
☽
Hundida (Broken spanish version) - Isak Danielson
Les yeux gonflés par le sommeil, je parviens néanmoins à les entrouvrir lorsque je suis réveillé par une sensation de froid sur le visage. La première chose que je vois n'est autre qu'une main déposant un gant d'eau froide sur mon front.
— Oh pardon je t'ai réveillé ?
Je cligne plusieurs fois des yeux et sursaute quand je distingue enfin les traits d'Aedan penché au-dessus de moi dans l'obscurité.
— Hé, rit-il doucement. Calmes toi, c'est moi.
— Nghhh..., marmonné-je toujours dans mon demi sommeil.
J'ai beaucoup de mal à émerger et ne me rend pas vraiment compte de ce qu'il se passe. J'attrape le gant posé sur mon front.
— Qu'est-ce que...
— Garde le, t'es en nage, m'interrompt Aedan en reposant le gant sur ma peau.
Je le vois maintenant un peu plus distinctement et me rend compte qu'il est assis sur le bord du lit près de moi.
— Tu viens pas te coucher ? dis-je la voix pâteuse.
— Si je m'allonge maintenant, je vomis, rit-il.
J'entend dans sa voix qu'il est encore très ivre. Quelques secondes passent dans le silence et ma respiration ralentit de nouveau. J'ai beaucoup de mal à lutter contre le sommeil.
— Rendors toi, murmure-t-il en se levant.
J'attrape sa main dans un geste instinctif.
— Me laisses pas.
J'entrouvre les paupières suffisamment tôt pour voir ses sourcils se hausser de surprise puis ses yeux se plisser lorsque son expression se radoucit.
— Jamais, dit-il en se rasseyant.
Le silence se fait roi durant quelques secondes où nous nous dévisageons, puis Aedan repousse le gant frais de mon front à mes yeux.
— C'est toi qui ne cesse de m'abandonner, chuchote-t-il, plus pour lui-même qu'en attente d'une réponse.
J'entrouvre les lèvres mais n'ai pas le temps de le contredire.