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Bonne lecture !















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Silence
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Léana

Synrei, 07 : 42

- S'il vous plaît, attendez ! J'arrive, attendez !

Et une journée de plus qui commence comme les précédentes.
Et une journée de plus où ce garçon court après le bus, le suppliant de s'arrêter.
Et une journée de plus, où mon silence fût interrompu par cette voix que je ne connaissais que trop bien.

Le bus s'arrêta, me faisant pousser un grognement de colère.
Pourquoi le conducteur, ne peut-il pas le laisser courir après le bus quelques mètres de plus, ou l'abandonner ?
Dis de cette manière, c'est un peu sadique mais j'aimerais bien qu'un jour, il soit laissé au bord de la route, la fumée du bus dans les narines, tel l'idiot qu'il est.

Le conducteur appuie négligement sur un bouton, et les portes vitrées du véhicule s'ouvrirent afin de laisser rentrer le retardataire, qui s'empressa immédiatement.

- Écoutes gamin, que ce soit la dernière que tu arrives en retard. La prochaine fois, je n'aurais aucune pitié. Je te laisserais, compris ?

Il ne le fera jamais, c'est ce qu'il ne cesse de dire chaque jour. Malgré cela, il s'arrête quand même, sûrement rongé par la pitié envers ce jeune garçon.
Pourtant j'aimerais bien voir, la réaction de l'enjoué lorsque le bus le laissera un jour en plan, planqué comme un piquet.

Le garçon hocha vivement la tête, ce sourire beaucoup trop joyeux accroché aux lèvres. Ses cheveux étaient éparpillés dans tous les sens, ses vêtements un peu froissés, et son visage, de ce que je pus voir, luisait de sueur sûrement dû à sa course.

Ce garçon avait aussi une habitude, un peu proche de la mienne. Il ne montrait jamais l'entièreté de son visage, la moitié était camouflée par un bob, lui cachant les yeux, mais laissant entrevoir ses cheveux.
On ne pouvait qu'apercevoir son sourire. Il portait aussi des sweat noirs à capuches, souvent sans capuches, un pantalon slimé de la même couleur mettant en valeur ses jambes élancées, ainsi que ses éternelles bottines noires cirées, que je trouvais lourdes de loin.

Certes, je me fichais complètement de lui, mais j'ai quand même réussi à connaître certaines de ses caractéristiques qui me permettent de le reconnaître.
À force de le voir tous les jours, j'ai réussi à savoir l'identifier par son style.

Il remercia le chauffeur se courbant à 90°, il montra son ticket de bus.
Après l'aquiescement du conducteur, il se retourne vers nous, et annonce un "bonjour" à toute l'assemblée.

Seul le conducteur, accompagné d'à peine 5 personnes répondirent à sa salutation.
Même pas la moitié du bus lui avait répondu, à croire que tout le monde s'en fichait, tout comme moi d'ailleurs.

Cela ne semblait pas lui poser de problèmes, il se dirige en sifflotant et en sautillant vers sa place habituelle, ses mains fines posées sur les bretelles de son cartable, ce sourire idiot collé à la face, saluant souvent au passage quelques personnes.

Il s'assit à sa place sans me lancer ne serait-ce qu'un seul regard.
Une question vint troubler ma tête :
Pourquoi ne me salue-t-il pas ?

Certes, je m'en fichais de lui, je le rappelle, mais il aurait quand même pu m'adresser la parole.
Il saluait la presque totalité du bus, pourquoi pas moi ?
Je le recalerais sûrement, je l'ignorerais évidemment, mais tout de même.

De toute façon, je ne voulais pas chambouler cette routine. Tant pis, si il ne me salue pas, tant mieux d'ailleurs.

Il m'agaçait, cela m'étonnerait que je puisse le supporter 5 secondes, si ce n'est moins.
Ma vie était bien trop triste pour un garçon comme lui. Bien trop morose pour tant de vivacité. Bien trop ennuyeuse pour une puce comme lui.

De toute façon, je m'en fichais, tant qu'il reste à sa place et moi à la mienne, tout se passera bien.
Je ne veux en aucun cas que ma vie soit chamboulée.
Elle est déjà assez compliquée comme ça, sans qu'on y rajoute des problèmes. Le calme constant, voilà ce que je recherche dans ma vie.
Tout simplement et uniquement.

Un grincement se fait entendre, me sortant de mes réflexions. Ce grincement que je connaissais comme ma poche et qui m'énervait au plus haut point.

Il commençait.
Il commençait à se balancer dans tous les sens sur son siège. Ce siège n'était pas stable et tanguait au moindre mouvement, alors il s'amusait à se dandinner de gauche à droite, de devant à derrière.

Résultat, le siège tapotait mon visage de plein fouet, m'écrasant presque le nez. Je pouvais supporter cela, mais le grincement était tout juste insupportable.

Étant proche, celui-ci attérissait directement dans mes oreilles, tandis que le garçon se mettait à rire, inconscient de ma torture.

Certes, je ne le connais pas.
Mais une chose est sûre, je déteste cet abruti.

𓏧

Ça c'est moi, dans les transports en commun. Le pire c'est que tu peux rien dire.
Mais quel horreur !

Zeinaj.

- L' Autre Abruti -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant