0 (zéro) limite

Chap 1 - Vendredi veille de week-end

Vivement ce soir, cette journée me semble interminable il y a beaucoup trop d'absent, obligée de devenir super Lili et remplacer la standardiste, le magasinier, l'assistante des achats, mon binôme et j'en passe ; des livreurs toutes les 5 min, les appels téléphoniques pour leurs fichus démarchages : la géo localisation ; les nouvelles offres promotionnelles pour divers contrats d'assurance, de téléphonie, d'abonnement fibre ou des photocopieurs. A croire qu'ils se sont tous passé le mot pour décider d'appeler aujourd'hui, un vendredi, merde ! Habituellement le vendredi c'est mort tout est calme, le seul jour où je peux rattraper l'ensemble de mon retard... vivement vendredi prochain car aujourd'hui ce sera mission impossible.

Quelle idée ai-je eu d'avoir choisi le bureau le plus proche de l'accueil avec vue direct sur l'extérieur dont l'accès livraison ? Pourtant ça me semblait être une bonne idée quand nous avons emménagés dans les nouveaux locaux. Immédiatement je donnerai tous mes desserts de la cantine afin d'échanger avec un collègue ayant le bureau le plus éloigné de cette entrée de malheur, ça éviterait qu'on toque à ma porte comme si j'étais hôtesse d'accueil, pourtant le bâtiment est fléché, l'hôtesse est juste un peu plus loin dans le hall, crotte ! Les gens ne savent décidément plus lire, toujours le nez collé sur leur téléphone ou à rechercher la facilité.

A cela s'ajoute les collègues qui ont besoin de matériels pour hier évidemment, où serait l'humour sinon ? Sérieux on dirait que je suis la seule de cette immense société à savoir utiliser le logiciel gestion commerciale et achat.
Ou encore ceux qui viennent juste pour colporter des ragots, comme si je ne savais pas comment occuper ma journée de travail. Parfois j'ai l'impression qu'ils se sentent obliger de me tenir compagnie et de me rajouter du boulot. Vivement que Bob (mon collègue, super ami, mon âme sœur d'ami masculin) revienne de congés, lui seul, arrive à me calmer quand la tempête me submerge.

Jetant un coup d'œil aux nombreux dossiers qui m'attendent gentiment sur le coin de mon bureau en s'empilant toujours et encore plus haut, c'est le pied total ! Je suis dépitée...

Un regain d'énergie, le sourire réapparait sur mon visage en repensant à la soirée qui m'attend. Si cette journée ne me tue pas, ce soir ce sera le week-end, mon amie Lucie me rend enfin visite. Ça fait un petit moment que nous n'avons pas eu le temps pour papoter. J'ai tellement hâte que je désespère de pouvoir enfin lire 17h00 sur l'écran du PC et par pitié laissez-moi tranquillement avancer sur mes dossiers.

Si ça ne prêtait pas à confusion j'afficherais volontiers une pancarte « ne pas déranger » sur ma porte. Je ne pense pas que ça plairait beaucoup à la direction, ma foi je devrais essayer un jour ! Au moins je me fais sourire, ça décompresse légèrement.

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Le reste de la journée se déroule comme elle avait commencé et évidement j'ai fait des heures supplémentaires.

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18h50 enfin dehors mais à la bourre, comme d'habitude, la ponctualité et l'organisation de ma vie privée ce n'est vraiment pas mon fort, ma conscience professionnelle ne me permet pas de partir en laissant un dossier inachevé, c'est tout bonnement impossible.

Prenant une grande respiration, je m'attèle à mon marathon, rapidement je me gare devant la boulangerie et achète quelques desserts, enfin ce qu'il reste un vendredi soir à 19h20. Gain de temps, je pourrais prendre une douche pour éliminer toute trace du stress accumulé puis direction le drive pour récupérer les crackers et les boissons. Nous commanderons s'en doute une pizza car vu l'heure, plus le temps de faire un repas digne de ce nom ! Je me lance des fleurs, étant vraiment une piètre cuisinière ! Seul mon estomac peut s'en plaindre et confirmer cet aveu.

Oufff enfin à la maison (à l'appartement en réalité mais on s'en cogne), petit câlin rapide à Opla & Oréo, ce sont mes chats. Hé oui c'est toute l'histoire de ma vie et ça fait vraiment clicher : célibataire, sans enfants, vivant avec deux chats dans un appartement. Il ne me manque plus que les lunettes, le rocking chair et le tricot pour peaufiner mon superbe tableau de la vieille fille trentenaire.

Mais non, mais non ! J'ai encore le temps de voir venir je n'ai que vingt-neuf ans ; puis rentrer dans ce tourbillon : homme, mariage, maison, bébé, vie bien rangée, je ne suis pas certaine de vouloir... c'est tellement... trop... commun ... suivre le mouvement ce n'est pas mon genre.

Ma conscience me répond que ce n'est que pour me rassurer ; mais je la balaye d'un revers de la main et saute sous un jet d'eau chaude.

C'est toujours à la douche que mon esprit décide de s'activer et ressasse chacune de mes pensées en faisant des réflexions plus poussées qui partent souvent dans tous les sens, avec mon caractère si indépendant, je suis sincèrement heureuse d'être célibataire. Après tout, depuis quand a-t-on besoin d'être deux pour être heureux ? Regarde autour de toi, il doit surement y avoir des couples malheureux, non ? Je proclame le bonheur solo c'est bien mieux que les prises de tête à cause d'un boloss, un gros emmerdeur ; c'est tout-moi ça, ma douche devait être rapide or j'y refais le monde tout en jouant à Freud avec ma psychanalyse.

A peine le temps d'essayer de dompter ma crinière bouclée, de m'habiller et mettre une crème pour égayer mon teinte blafarde... que la sonnette retentis. Le maquillage sera pour une prochaine fois, moi qui voulais tenter un maquillage léger pour ne pas ressembler à Casper (le fantôme). Merde ! merde ! merde ! et re merde ! Elle est déjà là hum beh tant pis elle m'a vu dans bien pire état et c'est réciproque !

Trop impatiente j'ai trop hâte de la revoir, elle est partie depuis si longtemps, OK pas si longtemps que ça ! Mais avec tout ce qui s'est passé depuis son départ j'ai l'impression que ça ce compte en année en réalité elle a pris l'avion fin octobre, il me semble, direction l'Italie avec son nouveau Jules, tout de même un peu plus de 5 mois. C'est long 5 mois sans sa meilleure amie.

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