Chapitre 2. 2/2

1 0 0
                                    

Jacob, de deux ans le cadet de Kylan, entretenait une relation très étroite avec son père. Les deux hommes se supportaient difficilement. Sasha n'était pas d'un genre très mesuré et se confrontait souvent aux reproches de ses enfants. En apparence, les Powell semblaient être une famille parfaite. Leur histoire était tout autre.

— Je ne faisais que poser la question. Se contenta t-il de répliquer. La salière glissa alors d'elle-même le long de la table et vint trouver refuge dans la paume ouverte de Sasha, les yeux noircis de magie.

Ébahi par tout ce qui semblait un tant soit peu être de la magie, Alice ouvrit de grands yeux ronds et tenta de faire de même avec son verre sous le regard amusé de son père.

— Alice ! Coupa froidement sa mère. Sasha je ne peux tolérer ce genre d'enfantillage sous ce toit. Tu as passé l'âge et tu envoies un très mauvais exemple aux enfants. Elle saisit le verre de vin que lui tendait Ray, le majordome et le porta de suite à ses lèvres. Elsa était si élégante qu'elle ne laissa aucune trace de rouge à lèvres sur les bords.

— Je désapprouve toute forme de magie sous ce toit et vous le savez bien. Tout autant que vous êtes. Elle parcourut ses enfants du regard et termina par foudroyer Sasha du regard en posant son verre de façon sonore. Le tintement du cristal fit écho dans la pièce, comme si la maison répondait à la grandeur de sa maîtresse.

Chacun commença son dîner dans le silence, seuls Alice et Reed partageaient des bribes de conversation qui peut à peut firent débat autour de la table. Noël arrivait à grand pas et le maire avait fait appel à Elsa afin de superviser le discours lorsque le sapin de la ville serait allumé. Elle se faisait une joie d'allumer cet immense arbre décoré par les enfants de la ville et financé par les familles fondatrices. Elle s'était engagée à faire des sapins et bonhommes de pain d'épices qu'elle offrirait aux enfants. Alice promettait de l'aider mais la distance qu'imposait cette femme mettait souvent sa fille mal à l'aise. Elsa n'avait jamais voulu de fille. Elle aimait Alice d'une force incontestable mais les rapports entre les deux femmes restaient complexes. Chacune d'elles tentaient d'y mettre du sien afin de passer de bonnes fêtes et de faire exemple aux autres familles. Le sujet bascula ensuite sur l'entrée de Tyler à l'université avec un an d'avance. Il avait en effet reçu d'excellentes notes et pourrait dès la rentrée prochaine intégrer l'université privée de Danvers où étaient déjà Kylan et Jacob.

— Je pourrais t'initier au football si tu veux. Proposa Kylan. Les deux frères faisaient du football américain à l'université et il se trouvait que le sport était obligatoire en première année.

— Non merci, les sports violents ou sports tout court c'est.. c'est pas vraiment mon truc. Dit-il patraque. Je vais plutôt chercher autre chose.

— Et tu espères devenir un homme ? Le sarcasme de Sasha tonna dans la pièce. Tyler, dans la vie les hommes sont ceux qui sont forts, ceux qui ne s'écrasent pas. Ceux qui en veulent toujours plus. L'atmosphère semblait rétrécir et la pièce avec les mots de son père. Mon fils, tu seras fort toi aussi et un jour tes pouvoirs seront...

— Assez ! Cria Elsa en se levant brusquement et en jetant sa serviette sur la table. D'un geste indigné, l'homme poivre et sel reposa les mains sagement sur la table et fixa sa femme.

Au même moment, la porte d'entrée se fermait et la seconde d'après, Jacob entrait dans la salle. Elsa et Sacha s'étaient lancés dans un duel de regards intenses. Chacun de ses enfants étaient des joyaux uniques qu'elle aimait plus que tout. Elle adorait son mari mais son caractère abusif était détestable.

— Bien... Je vois que j'arrive au bon moment. Tenta Jacob. Bonne soirée à tous. Il retira son bonnet noir en dévoilant une masse de cheveux châtain clair lui tombant à la limite des épaules. Jacob quitta la pièce sans plus attendre, imité par Tyler. Alice et Kylan firent de même. Seul Reed, visiblement peu troublé par ce scandale continuait son dîner sans même se soucier de ce qui l'entourait. Alice rejoignit Tyler dans sa chambre, au second étage et tenta une approche maîtrisée.

— Tyler ? Dit-elle en toquant à la porte semi ouverte. Elle la poussa et découvrit sans surprise son frère assis au sol, derrière son lit, les genoux contre la poitrine. La chambre bleue et soignée reflétait bien le jeune homme. Des piles de livres désorganisées cassaient le rythme ordonné de la chambre. Il plaçait un casque sur sa tête et pianotait un titre sur son portable. Alice roula sur le lit et saisit le casque sur la tête de son frère et le porta à ses oreilles. Muse. Elle adorait ça.

— Alice, vas-t'en s'il te plait. Implora t-il.

— Tu n'as rien à te reprocher tu sais... Je t'adore comme tu es moi! Dit-elle en paraissant le plus gaie possible. Il eut un sourire, elle avait gagné. Avec Tyler les choses étaient si simples. Il était si tendre, si gentil qu'elle adorait passer du temps avec lui.

— Pour Kylan tout est facile. Il est leur préféré. Probablement le seul que notre père affectionne. Sans te compter. Il est comme lui.

— Tu le penses vraiment? Kylan était adossé à la porte de la chambre.

— Tu pourrais toquer.
Kylan toqua alors à la porte avec sarcasme.
— Tu te crois drôle ? Demanda Tyler.
Faisant mine de ne pas avoir entendu, Kylan prit un air

paternel et tenta de réconforter son petit frère. Mais il commença d'abord par le démentir.

— Détrompes-toi. Je ne suis pas comme lui. Je ne lui ressemblerais jamais. Et si un jour ce malheur devait arriver je préfèrerais mettre fin à mes jours plutôt que d'avoir à subir le même sort. Regardez le. A 50 ans, il en paraît 15 de plus. Notre père a abusé de ses pouvoirs tout au long de sa vie. Il s'est cantonné à faire les mauvais choix et a renié en son esprit chacun d'entre nous. Ne me compare pas à lui, Tyler.

Kylan était ferme mais il avait parfaitement raison. Il était davantage un père pour eux que ne le serait jamais Sasha.

— Les choses n'ont pas été plus simples pour moi qu'elles le sont pour vous.

Kylan vint s'asseoir à côté de lui, Alice toujours sur le lit et ils restèrent là à parler durant plusieurs heures. En bas, la dispute semblait avoir pris fin. Comme toujours Elsa concédait aux caprices de son mari. Elle semblait forte mais c'était une femme extrêmement fragile. Elle avait fait fusionner sa vie à celle de Sasha et elle l'aimait inconditionnellement. Elle ne pouvait concevoir sa vie sans lui. La nuit venue, Kylan regagna sa chambre au même étage et Alice fit de même. En entrant, elle découvrit la pièce telle qu'elle l'avait laissée. Une chambre assez grande pour contenir deux lits l'un à côté de l'autre, séparés seulement par deux tables de chevets. Deux bureaux blancs coordonnés trouvaient leur place l'un à côté de l'autre au fond de la chambre, près des grandes fenêtres, faisant face à un grand dressing. Les murs bleu nuit grimpaient jusqu'au plafond, offrant à voir à celui qui daignait lever la tête, un système astronomique complexe et parfait. Alice partageait sa chambre avec Reed. Ce n'était certainement pas dans un problème de place mais par pure volonté. Les jumeaux étaient unis par un lien fort et ils n'étaient pas encore prêts à s'éloigner l'un de l'autre.

Fraternel Salem - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant