Posté originellement le 2 octobre 2022.
1h48 du matin. Sur la route qui mène à l'hôpital, avec Mitsuya en moto.
-Ça va pas trop mal ?
-J'ai le bras de travers mais sinon ça va.
-On est bientôt arrivé.
Aussitôt dit, les lumières de l'hôpital apparaissaient. Quelques heures plus tard, on ressortait, moi avec un bras dans le plâtre.
-Je te ramène chez toi ?
-S'il te plaît. Je vais avoir du mal à raconter ce qu'il s'est passé à mes parents. Ils ne sont pas vraiment d'accord avec ce que je fais de mes journées, tu vois.
-Ah oui mince. Invente une excuse bidon, comme d'habitude.
-Oui...
On fit le chemin inverse. Arrivés dans ma rue, on s'aperçut que les gars avaient fait le ménage. Il n'y avait plus personne aux alentours.
-Bon je te laisse, me dit il. Et euh, si tu revois des mecs chelous autour de chez toi, n'hésite pas à venir dormir chez l'un de nous. On te protégera.
-Tu es drôle. Je ne suis pas la première greluche venue. Je suis cheffe de gang je te rappelle. Mais c'est gentil de proposer.
-C'est juste pour que tu saches qu'on est là au cas où. Allez je te laisse.
Il partit et je me retrouvai seule. La nuit me fit frissonner et je me dépêchai de rentrer chez moi.
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Le surlendemain. 31 décembre.
Hier, je m'étais jetée sur mon lit à tâtons dans le noir, j'en payais le prix ce matin. Dans un gros vacarme, mon corps percuta le sol, mon bras cassé prenant tout le choc.
-Ça va mon coeur ? Ma mère se précipita dans ma chambre. Je t'ai entendue hurler comme pas possible. Mais qu'est-ce que tu as au bras ? Tu t'es encore battue ? Et puis regarde l'heure ! Il est quinze heures passées. Il serait temps de se lever.
Je l'avais évitée toute une journée hier pour ne pas qu'elle me voit comme ça. Mais il faut croire que c'était inutile.
-Non... juste une mauvaise chute. Un peu comme là.
Je me relevai tant bien que mal tandis que maman rangeait mes vêtements propres dans mon placard. C'était une belle femme, dans la fleur de l'âge, mais avec un regard perçant qui faisait fondre tes mensonges comme de la glace sous le soleil.
-Tu n'es pas du genre à te faire mal en tombant. Dis moi la vérité.
-Oui je me suis battue, mais je tiens à dire que ce n'est pas moi qui ait engagé le combat et c'était que de la défense.
-Ma chérie...
Elle lâcha son panier pour m'enlacer, ce qui était rare.
-Vous me faites peur, toi et ton frère. Déjà qu'il a quitté la maison, je ne sais même pas s'il est encore en vie.
Je ne disais rien, parce que je ne savais pas quoi dire. Mes parents comptaient beaucoup pour moi, et j'essayais de protéger la ville en la contrôlant avec Mikey, chacun de notre côté.
-Je vais faire ton plat préféré ce soir, alors rentre tôt s'il te plaît ? J'aimerai qu'on fête le nouvel an tous ensemble, ton père, toi et moi.
-Promis.
Je m'habillai rapidement et sortis dans le jardin pour aller vers le garage. De là, je récupérai ma moto pour conduire jusqu'à chez Mikey. Je voulais m'assurer que tout allait bien.
En arrivant, trois motos en plus de celle de Mikey étaient stationnés chez lui. Je reconnus celles de Draken et Mitsuya, mais la troisième ne me disait rien.
Je rentrais alors dans la dépendance qui sert de chambre à Manjiro, et qui autrefois appartenait à Shin'Ichiro. C'est alors que je vis le troisième visiteur.
-Sanzu !
Je connaissais mal Sanzu. Il était très calme et réservé, et d'après ce que je savais, il avait un passé commun avec Mikey, ce qui expliquait pourquoi il était venu. Il m'avait l'air de quelqu'un de plutôt équilibré, et il attachait une grande importance à la loyauté. Je l'imaginais pas du tout mal tourner comme m'avait expliqué Hanagaki.
Les garçons me saluèrent. Je vis alors Mikey. Il paraissait tout à fait normal, avec sa bouille fatiguée et son doudou sale. Draken s'attelait déjà à la tâche de le coiffer.
-Ça va [T/p] ? Ton bras ? me demanda Mitsuya.
-Je suis tombée dessus ce matin en me fracassant la gueule par terre.
-Du toi tout craché. Mucho m'a dit de te dire quelque chose, dit Draken.
-Je t'écoute.
-D'abord, il m'a demandé de te prévenir que ça n'a pas été facile d'extorquer leurs aveux. Apparemment, leur chef leur faisait plus peur que les menaces et les coups de Mucho. Ce qui n'est pas peu dire.
-Ensuite ?
-Apparemment, le commanditaire serait un gars de deux ans plus jeune, style pas net et très intelligent. Ils ont pourtant refusé de dire son nom.
Serait-ce ce fameux Kisaki Tetta que Takemichi m'avait parlé ? Ça ne pouvait être que lui. Mais pourquoi diable pointait-il le bout de son nez maintenant alors qu'il était encore trop tôt ? Normalement, il devrait faire des siennes que dans quelques mois en même temps que l'arrivée de Takemichi dans le Toman. Hanagaki et moi avons nous déjà changé le futur irréversiblement ?
-Je vois merci pour l'info.
Est ce que je devrais les prévenir du danger ? Si je parlais maintenant, tout pourrait être éviter, mais le problème, c'est que je n'avais aucune preuve. Tout reposait sur la confiance qu'ils m'accordaient. Aussi, je ne voulais pas prendre une décision sans consulter Takemichi avant. C'était plus sage.
-Hey les gars, dit soudainement Mikey.
On se retourna tous vers lui.
-J'ai faim.
Sanzu lui tendit un dorayaki bon marché qu'il avala tout cru.
-Plus sérieusement, ça vous dit de faire une tournée en moto après avoir réuni tous les gars ? C'est le nouvel an faut fêter ça.
-Je suis grave pour, mais le problème c'est que je peux pas trop conduire avec mon bras dans le plâtre.
-C'est pas grave, tu montes derrière moi. De toute façon, tu es la cheffe d'un gang, alors ta place doit être à ma hauteur.
Je l'avouai, j'eus du mal à cacher mes joues rouges de félicité.
-D'accord.
-Moi aussi je suis partant. Ça va être génial, dit Mitsuya.
-Ça marche, je convoque tout le monde, proposa Draken.
Aussitôt dit, aussitôt fait, une heure plus tard, tout le Toman se retrouva au sanctuaire pour la dernière réunion de l'année. Comme toujours, Mikey se plaça devant tout le monde pour parler et mes hommes se tenaient à droite. Moi aussi, j'étais au niveau de Mikey, mais un peu reculée, effacée, parce que je savais que ce n'était pas à moi d'être là.
-C'est parti les gars. On y va pour la dernière virée de l'année !
À partir de ce moment, ce fut tout bonnement génial. Pendant des heures et des heures, on roulait tous ensemble sous nos drapeaux respectifs pour nous imposer dans notre ville. On ne s'arrêtait que pour acheter de quoi grignoter, et pour les plus vieux et même les plus courageux, des canettes de bière.
Je ne vis pas le temps passer. C'était tellement bien d'être avec ces gars là à rouler toute la nuit. À être accrochée à Mikey sur la même moto. Et quand celui ci eu la bonté de me ramener chez moi à minuit et demi, le nouvel an passé, je ne me rendis pas compte que mes parents m'avaient attendue toute la soirée, seuls, leurs repas froid à côté du mien sur une place vide.