Mon Alpha

Chapitre 1

Je ne comprends pas les limitations de vitesse.

Il n'y a personne sur la route, à part les quelques chauffeurs routiers longue distance que je dépasse ou que je croise, et de rares véhicules. Pourquoi est-ce limité à 75 mph ? Je suis en plein milieu du désert du Nouveau-Mexique. est-ce que c'est pour me permettre d'avoir le temps de voir des OVNI ? Depuis des heures j'écoute malgré moi de la musique country. Je dis souvent que c'est de la musique ringarde pour sentimentaux dépressifs, mais quand on n'a pas le choix côté stations de radio, vu qu'il n'y a que ça, et qu'il faut bien un fond sonore pour me maintenir éveillé, je finis par me faire avoir et taper le volant ou une cuisse du doigt. Enfin si, j'ai le choix, c'est de la musique country ou des prédicateurs. J'ai choisi la country. Les leçons de morale j'en ai assez entendu comme ça dans mon enfance. Bon sang ! Je suis claqué. J'hésite en voyant un panneau, je m'arrête dans cette petite ville ou je poursuis ma route jusqu'à Albuquerque, 130 Miles plus loin à en croire le panneau ? Deux heures de route. Voilà pourquoi je ne comprends pas cette limitation de vitesse, j'y serais déjà. Ça doit être pour favoriser l'économie locale, forcer les gens à s'arrêter, comme je suis en train de faire, vu que le soleil se couche, en prenant la sortie en voyant le panneau d'affichage annonçant différents hôtels. Je ne comprends pas, il y a plus de chambres d'hôtel que d'habitants à Santa-Corona, à moins de posséder une épine de la couronne de Jésus, qu'est-ce qu'il peut y avoir comme attraction touristique dans ce trou ? Surtout que les premiers commerces que je vois sont fermés. Crise économique ou ravages post-COVID ? Il n'y a aucun building ici, tout est au ras du sol, comme les quelques personnes que je croise sur les trottoirs, écrasés par le soleil. Le ciel est bleu, sans nuage. Il fait 35 degrés à l'ombre, mais il n'y en a pas. Je poursuis ma route, pour m'arrêter dans un motel, le Silver dollar. J'aime son style, plutôt qu'une chaîne hôtelière où tout est similaire. C'est comme manger dans un McDonald. Aucune surprise, aucune différence. Que ce soit à Miami, New York ou San-Francisco. Si ce n'est le paysage extérieur, l'intérieur, lui, est identique. Je préfère les motels ou les hôtels non affiliés. Pareil pour ma nourriture. J'évite les chaînes de Fast-food, je préfère les restaurants locaux ou les diners.

Le Silver dollar a l'avantage de répondre à mes deux besoins, trois en incluant le prix. Je paye pour la nuit et je me gare devant ma chambre. Mon vieux Bronco de 96 est fatigué lui aussi. Je vais devoir lui remettre du liquide de refroidissement, le moteur chauffe. Faisant un tour d'horizon, je récupère mon sac dans le cargo bed et entre me rafraîchir. Tee-shirt changé, je traverse le parking pour entrer dans le restaurant familial et je m'installe à une table. L'ambiance me plaît, la musique country est juste assez basse pour que je puisse manger tranquillement. Je pourrais tester la spécialité du chef ou la cuisine locale, mais on est en Amérique, c'est Hamburger dans toutes ses déclinaisons. Je choisis celui que je peux manger sans avoir à ouvrir la mâchoire en grand, au risque de m'en foutre sur le nez et le menton. Par contre, je suis comme mon Ford Bronco, il me faut du liquide de refroidissement aussi je demande à la serveuse un pichet d'eau. La jeune femme me sourit en apportant mon assiette, en proposant de remplir mon pichet à moitié entamé. Le burger est bon, vraiment bon, rien à voir avec la merde servie dans les fast-food. La serveuse, Jenny, selon son badge, me sert de guide, me vantant les attraits touristiques de la région. Devant son enthousiasme, je ne l'interrompt pas en lui disant que je poursuis ma route demain. Repas et pourboire payé, avec un remerciement sincère, je retourne dans ma chambre me reposer. J'ai encore de la route à faire. Je ne regarde pas la télévision, il n'y a rien d'intéressant de toute façon. La dernière fois que j'ai regardé la télévision, Friends venait d'être renouvelé pour une dernière saison. Le journal d'information ne représente aucun intérêt non plus, la météo encore moins, surtout dans le désert.

J'ai vérifié les draps avec une lampe UV, ils sont propres. Le couvre-lit, lui, mériterait un sérieux lavage au vu des tâches que j'ai vu. En caleçon, je m'allonge et sourire en m'étirant, le matelas est confortable, j'ai bien fait de m'arrêter ici, je vais bien dormir.