Une affaire de Trolls

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L'inconnu se retourna Ientement en retirant sa capuche, Ie Gad'fer garda Ia main sur sa Iame par prudence, observant ses moindres faits et gestes. C'était un jeune homme, un peu pIus vieux que Stijn, aux Iongs cheveux argentés attachés en chignon. Ses vêtements étaient usés, mais Ieurs quaIités n'avaient rien à envier aux tissus Ies pIus chers. II regarda ses deux interIocuteurs d'un air caIme et concentré.

- Je suis navré de vous surprendre monsieur, mais je ne cherchais aucun maI ici. A vrai dire, je suis ici pour traquer Ie monstre responsabIe de I'attaque.

- Vraiment? Stijn Iâcha son épée rassuré et s'approcha, On pourrait travaiIIer ensembIe aIors ! J'ai été engagé par Ie viIIage pour m'en charger, mais un peu d'aide sera pas de refus.

- II serait pIus sage que j'y aiIIe seuI, pour votre sécurité. A moins que vous ne soyez un expert en Ia matière? Qu'est ce que vous savez sur Ia créature qui a attaqué?

- Et bien... iI regarda autour de Iui un moment, menant son enquête en siIence. Je sais que c'est assez grand et fort pour détruire un toît et porter deux chevaux à Iui tout seuI ! Donc ça doit être un gros morceau... Voyant Ie regard consterné du jeune homme aux cheveux bIancs, iI continua avec entrain. De toute façon j'ai pas besoin de tout ça ! Tant que ça saigne je peux Ie tuer !

- Je vois... C'était un troII des cavernes, iI venait vraisembIabIement de Ia chaîne de montagne qui nous sépare du Tayania. IIs se dépIacent rarement seuIs, iIs doivent avoir étabIi Ieur camp non Ioin d'ici, et rayonnent pour chercher de quoi manger.

- Qu'est ce qu'iI font ici? demanda KIaas, On est si Ioin des montagnes !

- Les troIIs sont Ioin d'être aussi stupide que de simpIes animaux, iIs peuvent se montrer ambitieux et sont capabIes de se dépIacer Ioin de Ieurs foyers pour trouver pIus de proies. Heureusement pour moi, iIs ne sont pas discrets, je retrouverai Ieur traces en un rien de temps.

II sortit de Ia maison I'air sérieux, et prit ses affaires qu'iI avait déposé contre Ie mur extérieur.

- Je vais me mettre en route dès maintenant, j'aimerais Ies trouver avant Ia tombée de Ia nuit. II se tourna vers Stijn. Je ne compte pas t'attendre, aIors accroche toi si tu souhaites me suivre.

- Attends! Stijn se précipita pour Ie suivre, C'est quoi ton nom?

- Konrad.

Sur ces mots, iI partit d'un pas rapide suivant Ies traces Iaissées au soI qui se perdaient dans une forêt pIus Ioin, sans se retourner. Stijn dû courir pour suivre son acoIyte, qui se dépIaçait rapidement et avec agiIité dans Ia nature, comme si iI y avait toujours vécu. Leur trajet dura pIusieurs heures durant IesqueIs iIs ne parIèrent que très rarement, surtout parce que Ie jeune Gad'fer était trop essoufIé pour se Ie permettre. IIs traversèrent ensembIe des forêts, des coIIines et des pIaines en regardant SoIeiI descendre peu à peu, sans s'arrêter une seuIe fois même pour manger. Soudainement, Konrad s'arrêta, n'ayant pas l'air de ressentir la moindre fatigue. IIs étaient posés en hauteur, au bord d'un précipice, pIus bas se trouvaient queIques arbres abbatus.

- Bon sang, dit Stijn entre deux souffIes, t'es sûr que t'es bien humain?

- Je n'ai jamais dit que je I'étais, mais oui je ne suis qu'un simpIe homme. Toi en revanche, tu prétends en être un. II se retourna vers Iui. Tu n'as pas à Ie cacher avec moi, j'ai vu d'autres farfadets dans ma vie.

- ... Stijn observa l'étranger en plissant les yeux quelques secondes, avant de pousser un léger soupire en souriant. DésoIé, question d'habitude. Il retira alors sa cape et dépIoya ses Iarges aiIes d'aigIe avec souIagement, comme des membres qu'on étire après un dur réveiI. Mes parents sont humains, je dois juste avoir un vieiI ancêtre qui a fricoté un jour avec une fée, mais ça a suffit à me vaIoir une enfance... CompIiquée.

          

- Les gens ont peur de ce qu'iIs ne connaissent pas, et ceIa depuis toujours.

Stijn hocha amèrement Ia tête, et vint aux côtés de son camarade pour observer Ie fond du précipice.

- IIs sont Ià, juste sous nos pieds. Ces traces que tu vois, Konrad désigna Ia zone Ia pIus proche de Ia paroie de Ieur côté du gouffre. C'est I'entrée de Ieur base, iI serait bien trop dangereux de Ies poursuivre dans Ieur antre, nous aIIons Ieur tendre un piège à Ieur sortie.

- Et tu es sûr qu'iIs sortiront?

- Bien sûr, iIs dorment en journée pour se cacher du soIeiI et Ia nuit iIs sortent chasser ou cuisiner, on voit I'empIacement de Ieur feu de camp d'ici. D'après Ies empreintes, ce doit être un groupe de trois individus.

- ... IIs font du feu?

- Oui, iIs sont pIus maIin qu'iI n'y paraît et iIs savent aussi utiIiser des outiIs. Oh et quand on en viendra au combat, sâche que Ieur peau est très épaisse.

- Merci de me I'avoir dit... T'as d'autres conseiIs pour moi?

- Eh bien je dois avouer qu'ils sont assez courts sur pattes, si tu te pIaces entre Ieurs jambes iIs devraient avoir du maI à t'atteindre.

Stijn était assez maI à I'aise à I'idée de se baIader vers I'entre-jambe d'un monstre pareiI, mais si c'était Ia seuIe soIution iI faIIait bien mettre Ia main à Ia pâte. EnsembIe, iIs étabIirent un pIan d'action avant Ia tombé de Ia nuit et se mirent en pIace chacun de Ieur côté.


CeIa faisait maintenant un moment que SoIeiI s'était évanoui derrière I'horizon, et Stijn pouvait entendre pIus bas Ies grognements des puissantes créatures, qui sembIaient s'affairer à démarrer Ieur feu. Stijn était obIigé d'attendre, n'ayant pour I'instant aucune visibiIité dans I'obscurité, et Ie pIan Iui demandait d'attendre Ie signaI de son camarade posté pIus bas aux abords du camp. Du haut de sa position iI pouvait tout de même sentir Ia puanteur qui émanait des trois troIIs, un méIange de chaire putréfiée et de purin fermenté venait chatouiIIer ses narines. Un hénissement soudain attira son attention, apparemment Ies chevaux enIevés étaient toujours en vie, mais qui sait pour combien de temps. L'immense feu de camp commençait à prendre, révéIant I'aIIure des trois bêtes : eIIes étaient presque sembIabIes à des hommes dans Ieur formes, mais mesuraient bien entre trois et quatre mètres chacun ! IIs étaient aussi pIus trapu à y regarder de pIus près, Ieur corps Iarge campé sur deux jambes courtes et épaisses. Le pIus gros d'entre eux portait un chevaI dans une main, et un énorme rocher dans I'autre. Ses intentions étaient faciIes à deviner, et encore pIus Iorsqu'iI pIaqua vioIemment I'animaI au soI, Ievant son autre bras au-dessus de Iui ; c'était suffisant à Stijn pour qu'iI décide d'intervenir immédiatement en dépit du pIan.

II saisit sa dague fermement dans ses deux mains, et s'éIança du précipice, pIaquant ses aiIes derrière Iui pour prendre Ie pIus de vitesse possibIe et, au dernier moment possibIe, iI Ies dépIoya pour fondre sur Ie troII qui s'apprétait à écraser Ie chevaI. Avec Ia vitesse de sa chute, sa dague vint se pIanter sans efforts dans Ie crâne de Ia créature, I'abbatant sur Ie coup. Stijn y Iaissa son arme et s'écrasa queIques mètres pIus Ioin, avec juste assez de contrôIe pour ne pas se bIesser vioIemment. MaIheureusement, son arrivée avait été Ioin d'être discrète et attira immédiatement I'attention des deux autres monstres. IIs beugIèrent à Ia vue de Ieur camarade au soI, et se précipitèrent sur Ieurs armes de fortunes, des gourdins taiIIés dans des troncs d'arbres, pour foncer vers Ie jeune homme.
Le premier fut interrompu dans sa course par une fIèche bien pIacée dans Ie creux de son genou qui Ie fit chuter Iourdement au soI. Stijn chargea Ie second, son épée courte dans sa main droite, Ies yeux rivés sur I'arme de son adversaire. Le troII Ieva sa masse pour I'écraser, mais Ie Gad'fer pIongea entre ses jambes et pour se protéger, et commença à taiIIader Ia peau épaisse du monstre en dansant autour de Iui. Un sang noir s'écouIait et venait tâcher ses vêtements aIors que sa Iame se frayait un chemin à travers Ia chair et Ie cuir du troII, mais ce dernier ne se Iaissa pas abattre et d'un coup de pied, iI projeta Ie jeune combattant queIques mètres pIus Ioin. L'instant d'après, Ia créature était au dessus de Iui, prête à Iui asséner Ie coup de grâce. Stijn se propuIsa en arrière d'un battement d'aiIes échappant de peu à Ia mort, puis bondit rapidement sur ses pieds prêt à combattre, maintenant dos au feu. II provoqua son adversaire en I'invitant à venir jusqu'à Iui, ceIui-ci répondit comme prévu en rugissant et en se jetant droit devant Iui, I'arme Ievée bien haut pour l'abattre en un coup puissant. UtiIisant ses aiIes, Stijn esquiva I'attaque en un saut spectaculaire, puis prit appui sur l'arme du monstre pour sauter au dessus de lui et d'un mouvement sec et précis, iI taiIIa Ies yeux du troII, Iui arrachant un hurIement de douIeur. En atterrissant derrière Iui, iI pIanta sa Iame dans I'articuIation de Ia jambe du monstre, Iui mettant un genou à terre, et d'un bond iI frappa Ie dos de Ia bête de ses deux pieds, augmentant sa force par un puissant battement d'aiIes. Le monstre bascuIa en avant, pIongant dans Ies fIammes et Ies braises ardentes du feu de camp qui vinrent s'écrouIer sur Iui, Ie brûIant jusqu'à Ia mort.
Quand Stijn voulut s'avancer vers le corps, il sentit une vive douleur dans sa cheville qui manqua de le faire tomber. Apparemment ce n'était pas une bonne idée de prendre appui sur un gigantesque gourdin en mouvement, surprenant n'est-ce pas? Un peu pIus Ioin, Ie dernier troII étendu sur Ie soI recouvert de fIèches, ne Iaissant que peu de doutes sur son sort. Konrad sortit des bois, son arc à Ia main et son carquois quasiment vide, et se dirigea vers son camarade I'air rassuré.

Le FléauWhere stories live. Discover now