Chapitre 12.

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Le lendemain je me rendis à 8h au restaurant le Cornier. On m'accueillit très chaleureusement. Je fus mise tout de suite en service. J'eu peu de mal à m'habituer. La seule difficulté résidait dans le fait que je restais tout le temps debout à courir partout et les clients grossiers.

Quelques jours passèrent ainsi. Je mettais un peu plus tous les jours de côté pour mes études. Je rentrais tard le soir, j'étais à chaque fois éreintée. Avant de m'endormir je consultais mes messages pour voir si Christian m'en avait envoyé un mais il n'y en avait jamais. Depuis qu'il était partit à son voyage d'affaire, il semblait m'avoir oubliée. Je me demandais pourquoi je lui avais donné mon numéro pour qu'il ne m'envoie jamais de message. Est-ce qu'un ami est sensé ignorer son amie comme ça ?

— Abygaelle ?

Je relevai la tête. Mon heure de pause devait être terminée. Je remis mon tablier et sortis de la cuisine. La salle était bondée comme souvent à vingt et une heure. La serveuse qui m'avait appelée me dit en désignant une table à l'écart derrière laquelle attendait un homme :

— Dépêche-toi, il attend depuis longtemps qu'on vienne chercher sa commande.

J'acquiesçai et allai rapidement jusqu'à l'endroit indiqué. Dès qu'il me vit l'homme tapa du poing sur la table. Je fis mine de ne pas m'en être rendu compte et sorti mon carnet pour prendre sa commande.

— Vous désirez ?

Il cracha sur la table.

— Ah oui ? Il y a même pas d'excuses ? J'attends depuis 20 minutes !

Je souris gênée.

— Je suis désolée du retard mais comme vous pouvez le voir, la salle est bondée et nous essayons de servir dans l'ordre d'arrivée. Que voulez-vous manger ?

L'homme me regarda avec un sourire carnassier et attrapa mon poignet violemment. Je basculai en avant.

— Tu veux te faire pardonner ma belle ?

Je déglutis. Je sentais son haleine fétide sur mon visage. Je ne savais pas comment réagir dans ce genre de situation. Je regardai autour de moi. Il y avait tellement de monde et les serveuses courraient partout, même si je criais, personne ne m'entendrait. Je tentai de me dégager de la poigne de ce pervers mais il attrapa mon deuxième poignet et me tira vers ses genoux. Une lueur étrange dansait dans ses yeux. La panique m'envahit. Il était plus fort que moi et l'espace qui nous séparait s'amenuisait de plus en plus.

Soudain quelqu'un m'attrapa par la taille et arracha mes poignets des grosses mains du pervers. Je tournai la tête et sursautai.

— Christian ?

Ses yeux flamboyaient de colère. Il me serra d'avantage et je me trouvai contre son torse. Mon cœur s'accéléra. Il dit d'une voix sourde :

— Vous ! Qui êtes-vous pour oser toucher ma petite-amie ?!

Le pervers se racla la gorge et rétorqua :

— C'est elle qui essayait de me séduire ! Voulez-vous que je me plaigne à la direction de ce restaurant ? Pas sûr qu'elle garde sa place !

Je sentis le corps de Christian se tendre. Je me détachai de son étreinte et le tirai hors du restaurant.

— Ca suffit comme ça. Tu vas me causer des problèmes si tu te bats avec cet homme ! Et aussi je ne suis pas ta petite-amie. Mais... hum merci pour ton aide, si tu n'étais pas intervenu je ne sais pas ce qui serait arrivé...

Il semblait bouleversé. Pourquoi était-il aussi atteint parce qui venait de se passer ? Et puis n'était-il pas revenu plus tôt, il m'avait semblé qu'il devait rentrer dans deux jours ?

Je m'approchai de lui, il se recula. Je fronçai les sourcils intriguée.

— Christian, ça va ?

Il secoua la tête et me regarda perdu.

— Non ça ne va pas, tu me manquais tellement que j'ai raccourci mon voyage et voir cet homme essayer de t'embêter m'a complètement retourné le cœur, je voulais à tout prix te protéger ! Abygaelle   je pense que... ça ne peut être que ça... je t'aime.

Je restai un moment sans bouger, troublée par ces paroles que je ne m'attendais absolument pas à entendre de la part de mon ancien ennemi. Mon cœur battait la chamade. Christian m'aimait... pour de vrai ?

Pourquoi cela se passait-il comme ça ?

Il s'avança vers moi. Mon cœur cessa de battre. Je n'arrivais plus à bouger. J'étais sous le choc. Il posa ses mains sur mes épaules me faisant tressaillir et me demanda :

— Est-ce que... tu ressens quelque chose pour moi ?

Je levai le regard et croisai ses yeux vert. Son visage était très proche du mien. Je détournai la tête.

— Non...

Ses mains tombèrent de mes épaules. Il se recula.

— Pardon si je t'ai gênée, ce n'était pas le but.

Je gardai la tête tournée. Mon cœur cognait violemment dans ma poitrine. Je dis d'une voix basse :

— Je vais rendre mon tablier, tu devrais rentrer chez toi, il se fait tard.

J'attendis de ne plus entendre ses pas pour tourner la tête. Je peinais à croire ce qui venait d'arriver. Comment avait-il pu passer de la haine à l'amour dans un aussi court laps de temps ? Notre amitié avait duré à peine cinq jours.

Je rendis mon tablier et partis me ressourcer dans mon endroit favoris. Je m'assis sur la mousse mouillée par la fraicheur de la nuit et laissai mes pieds se balancer dans le vide.

Aujourd'hui j'avais perdu un ami. 

La tisseuse de rêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant