Chapitre 4

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- Alierys ? Claqua la voix de la reine dans la grande pièce.

Je levais mes yeux vers elle. Ses cheveux auburn descendaient en cascade dans son dos. Ses lèvres pleines, sa mâchoire bien dessinée et ses sourcils drus faisaient d'elle l'une des plus belles femmes que j'ai pu voir de ma vie.

- Oui, votre majesté ? Je demandais.

- Je te trouve dans la lune ces temps-ci. Les rêveries sont aussi des sentiments qu'il faut dissimuler.

Elle tria négligemment les documents qui étaient dispersés autour d'elle. Je regardais par la grande alcôve qui donnait sur le balcon, puis sur le parc du château. Il y a à peine 24 heure, c'est là que Aemond m'avait consolé auprès de la fontaine.

Nous nous étions séparés après cela, sans rien nous dire de plus, et je ne m'étais pas présentée au diner le soir, incapable de l'affronter. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait en moi.

Depuis, ma vie avait repris son cours, entre vol de dragon et leçon de danse. Après quoi j'avais déjeuné avec Helaena, et juste après mon heure de repos, j'avais rendez-vous avec la reine.

Chaque semaine, à la même heure, le même jour, je me rendais dans ses appartements. C'est là qu'elle me donnait classe, comme elle aimait le dire. Que m'enseignait la reine, c'était de devenir comme elle, de camoufler ma sensibilité et de protéger les miens pour et contre tout.

- Le Maître des dragons m'a rapporté que tu étais de plus en plus proche avec Aegon. Je trouve cela très positif. Arrives-tu à... canaliser sa personnalité ? Me demanda-t-elle.

Elle se pencha pour me servir un verre de sirop. Je la remerciais.

- Je crois, je n'en suis pas sûre. Cela fait longtemps qu'il n'a pas fait de... malaise. Je pense qu'il va peut-être mieux en ce moment.

- Il te parle de lui ? De ce qu'il aime faire ? Avec qui il aime être ?

Je me mordillais l'intérieure de la joue.

- Pas vraiment, non, je répondais.

- Essaye d'en savoir plus, Alierys.

- J'essaierais, votre grâce.

Je buvais quelques gorgées de ma boisson dans une coupe en argent, où était gravé un dragon à trois têtes. Je caressais le blason de ma maison du bout du pouce. Mon regard s'attardait, comme à chaque fois, à chaque détail de la grande pièce. Il s'agissait du salon de la reine. Une grande pièce, lumineuse, avec du bois, comme on en voit rarement dans les châteaux. Le marbre du sol brillait comme de l'or que l'on aurait coulé et chaque meuble étaient lustrés. De plus, les tapis et les rideaux rouges épais apportaient un sentiment chaleureux. J'aimais cette pièce. La reine faisait gratter sa plume de gauche à droite tandis qu'elle répondait à l'un de ses émissaires. Les rayons de soleil venaient réchauffer certaines parties de mon corps, et l'air chaud et doux de l'extérieur faisait voler nos cheveux.

- Et avec Aemond ? Quand est-ce que tu vas te réconcilier avec lui ?

Je fronçais des sourcils. Presque un an qu'elle me harcelait de lui pardonner, chose à laquelle je n'y arrivais pas.

- Il est venu s'excuser, je disais.

Je la surpris à sourire.

- Vraiment ? Et comment as-tu réagi ?

- Ce n'est pas si facile que ça...

Elle mit son visage dans sa main, accoudé à la table. Elle soupirait.

- Le Prince Aemond vient s'excuser auprès de toi, et tu le congédies ? Me demanda-t-elle exaspérée.

- Je ne l'ai pas congédier, j'ai juste...

La Danse des DragonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant