La veille de l'enterrement, Eleanor et Harry restèrent jusqu'à tard dans leur Salle Commune, plongés dans leur réflexion.
"Comment tu te sens ? demanda finalement la jumelle.
- Je n'ose pas dire à Ginny ce qu'on doit faire... que le plus dur est à venir...
- Tu sais, je pense qu'elle l'a déjà un peu deviné, sourit-elle doucement. Elle comprendra.
- Que va dire George ?
- Je me déteste de lui infliger ça mais... il va comprendre. Il comprend toujours, c'est le meilleur. Le plus compliqué sera de parler à Remus... Tu sais, j'ai commencé à préparer des potions pour notre voyage... antidotes, polynectar, ... Hermione fait des recherches sur ce R.A.B., elle pense qu'il était proche de Voldemort.
- Tu as l'air d'accepter ça tellement facilement..."
La jeune fille se mordit la lèvre inférieure, envahie par la culpabilité. Il dut remarquer son trouble parce qu'il s'excusa aussitôt.
"Je suis désolé. C'est moi qui devrait-
- Non. Harry, tu fais de ton mieux et c'est parfait. Je ne tenais pas autant à Dumbledore que toi. Et je tiens toujours à Rogue... Je sais, tu ne comprends pas, mais il a été plus qu'un professeur pour moi, depuis le début. Et - elle se mit à trembler - j'ai tellement peur... Pour toi, pour nos amis, pour Remus, Tonks, Maugrey, Kingsley... Il va y avoir des morts, c'est inévitable. Mais je ne veux pas qu'ils soient certains d'entre eux... George.. Si il...
- Il ne mourra pas, affirma Harry. Ni Ginny, ni Remus, ni personne. Il faut qu'on leur fasse confiance. Il faut qu'on avance, ensemble. On va mettre un terme à cette guerre.
- Commençons par lui rendre hommage."
Sur ces mots, elle coupa en deux le petit gâteau qu'elle avait entamé et donna une moitié intacte à Harry.
"A Dumbledore, à Poudlard et à l'Ordre du Phénix, dit-elle solennellement en levant son morceau.
- A Dumbledore, à Poudlard et à l'Ordre du phénix, répéta Harry en l'imitant."
Tous deux finirent leur sucrerie un fin sourire aux lèvres, pensant que, s'ils étaient ensemble, rien ne serait totalement perdu. Le lendemain, la rouquine, revêtue sa robe la plus à propos, coiffa ses cheveux simplement. Guidés par leurs directeurs de Maisons, les élèves se dirigèrent vers le lac, à côté duquel une grosse centaine de chaises blanches avait été placé. Bien entendu, les membres du Ministère et de l'Ordre du phénix étaient là, habillés de noir. Elle adressa un sourire timide à Remus et Tonks qui se tenaient la main, les visages rivés sur la surface en mouvement ou des créatures de l'eau s'étaient rassemblées pour chanter. Dumbledore les adoraient. Cette seule pensée la bouleversa, il était parti. George s'assit à sa droite, lui attrapant la main pour la lui caressait du pouce, comme il aimait le faire. Son cour tambourina un peu plus fort dans sa poitrine, c'était une magnifique journée d'été.
Firenze était aussi venu, sa seule vision avait provoqué un haut-le-coeur chez Ombrage qui s'était éloignée sans ménagement. Le centaure regarda la Potter et elle hocha doucement la tête. Une nouvelle ère débutait, ils en seraient autant témoin qu'acteur. Harry tenait Ginny qui pleurait contre lui et Ron faisait de même avec Hermione. Les garçons eux-mêmes commençaient à avoir du mal à se retenir.
"Tu sais, lui chuchota George en se penchant sur elle, Dumbledore m'a parlé pendant le bal, il y a deux ans. Il m'a dit qu'il me faisait confiance et que j'étais la personne idéale pour toi. Qu'on forme un duo parfait.
- Dumbledore ne se trompait jamais, échappa la survivante malgré elle.
- Exactement, appuya-t-il en la fixant étrangement.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Ela, je ne suis pas stupide, enfin... pas complètement. Il y a quelque chose que tu n'as pas dit, à l'infirmerie.
- Tu ne veux pas savoir, dit-elle d'une voix trop aigue. Je ne peux pas t'infliger ça.
- Tu prends toujours pour principe que tu dois nous protéger de tout. C'est à cause de Remus, sans doute. Mais même lui sait que tout le monde préfère l'honnêteté. Je te l'ai déjà dit, je veux partager ton fardeau.
- Pas maintenant, coupa-t-elle. George... tu as bien conscience que tu ne pourras en parler à personne, pas même à Fred ?
- D'accord. Je n'en dirais rien."
Cette conversation lui rappelait celle qu'elle avait entretenu avec Rogue, des mois auparavant. Eleanor se mit finalement à pleurer. Elle se demandait s'il était toujours vivant. George embrassa sa tempe et un silence total gagna l'assemblée. Hagrid, ruisselant de larmes, portait le cercueil de son directeur le long de l'allée principale pour le poser sur une table en marbre dressée au bout. Un petit homme se leva alors et prononça un discours sur la grandeur d'âme de Dumbledore. Le chant s'était tu, rien d'autre que la voix du petit sorcier perçait le silence alourdi par la chaleur qui émanait du soleil.
Après cela, de grandes flammes blanches s'élevèrent autour du cercueil et disparurent l'instant suivant pour laisser place à une véritable tombe qui protégeait la dépouille de celui qui avait été le plus grand sorcier de son temps. C'était fini. Dumbledore était parti, définitivement. Chacun se recueillit encore de longues minutes. Voyant Harry parler enfin à Ginny, la rouquine entraina son petit-ami à l'ombre de l'arbre sous lequel ils avaient passé tant d'heures.
"Alors ? demanda-t-il d'un ton plutôt léger qui l'agaça.
- Rogue est de notre côté, il l'a toujours été, lâcha-t-elle, soulagée de cette révélation - des larmes tombèrent une nouvelle fois de ses yeux."
George fronça les sourcils.
"Mais il a-
- Dumbledore était condamné. C'est lui qui a demandé à Rogue de l'achever pour que Voldemort lui accorde son semblant de confiance.
- Comment le sais-tu ?
- C'est Rogue qui me l'a dit.
- Et... personne d'autre ne...
- Personne ! s'exclama-t-elle en se décomposant. Ils se sont acharnés sur lui, George ! Ils le croient vraiment coupable ! Ils ont... eux aussi ne lui avaient accordé qu'un semblant de confiance ! Il est... tellement seul."
Elle enfouit son visage dans ses mains, le souffle saccadé par des sanglots incontrôlables, à croire que les larmes se bousculaient pour quitter son corps. George la prit dans ses bras et lui caressa le dos.
"Il n'est pas seul, grâce à toi, assura-t-il d'une voix enrouée. Et toi non plus, tu n'es plus seule. Je suppose que tu as forcé pour savoir jusqu'à lui faire perdre son sang-froid, s'amusa-t-il.
- Voilà, tu as tout compris, ricana-t-elle. Il doit se sentir tellement mal... il avait tellement de respect pour Dumbledore. C'était son confident...
- Il a toi aussi, répéta George en lui prenant le visage dans ses mains. Merci de me l'avoir dit. Ton année a du être pénible...
- Etonnamment, ça allait.