La mère, Shuko Hakken, travaillait en tant que rédactrice des actualités, dans une entreprise de journalisme depuis 7 ans. Elle était très prise par le boulot et avait tout fait pour que ses enfants ne soient pas victimes de son travail en décidant de les inscrire dans plusieurs activités, comme tout enfant japonais.
Le père, Haruo Hakken, était lui chargé d'études techniques et de l'équipe de hand-ball le week-end, une discipline qu'il ne partageait pas avec ses deux fils, à son plus grand regret.
L'appartement comptait 3 chambres, ainsi qu'une salle de bain japonaise. La cuisine se trouvait à droite du couloir en rentrant et à la gauche se trouvait un petit salon avec le stricte minimum. L'appartement était sobre avec peu de décorations, les papiers posait dans le salon et les photos des deux garçons lorsqu'ils étaient petits, suffisait à le décorer. La cuisine était souvent en bazar et Lumios était chargé de s'en occuper ou du moins faire le strict minimum pour que ses parents en soit content.
La salle de bain se trouvait à côté du salon et en face à côté de la cuisine on pouvait rentrer dans la chambre des parents.
C'est au fond du couloir que deux portes nous faisaient face. A droite la chambre de Lumios et à gauche celle de Kitori.
Kitori est le frère aîné de Lumios, 2 ans de plus que lui. Lumios et Kitori ne se sont jamais beaucoup entendus, ils ne partagent pas forcément les mêmes passions, ni les mêmes points de vue.
Kitori était assez sociable, il avait un petit groupe d'amis avec qui le feeling passait bien. Il trouvait cependant les relations superficielles et il savait que moins il en aurait à entretenir mieux il se porterait. C'était un élève doué à l'école, qui portait la fierté de ses parents sur le dos, contrairement à son frère. Il rêvait d'intégrer une école d'histoire pour étudier les vestiges de la seconde guerre mondiale et parcourir le monde pour découvrir ce que celui-çi a à lui offrir. Il avait une attitude de lassitude face à ce que pouvait lui proposer les japonais et ne voyait pas tellement les choses existantes du pays du soleil levant. Il rêvait de partir faire ses études dans un pays avec un vécu dense de réalité.
Kitori semblait simple mais intérieurement il bouillonnait face à tellement d'hypocrisie et de non réaction face au habitant de son pays et de son entourage.
Cela lui arrivait d'avoir voulu tout quitter, partir de l'école, de chez ses parents et de ne jamais revenir pour partir à la découverte du monde. Et ce sentiment s'était agrandi depuis que Lumios avait voulu cesser d'aller à l'école.
Lumios avait contraint ses parents d'arrêter l'école, ou plutôt son anxiété sociale s'en était chargé. Cela faisait 7 mois qu'il restait enfermé entre les quatre murs de sa chambre. A s'occuper comme il le pouvait. Au départ il avait relu toute sa collection de mangas et regarda toutes les animés qu'il avait dans sa liste "à regarder". Mais l'ennui était très vite arrivé et Lumios ne s'était pas décidé à retourner à l'école.
C'est bien 2 mois après être resté chez lui, que le fils de sa voisine vint déposer son ancien ordinateur, car il en avait acheté un autre avec sa paie, qu'il avait fièrement mérité. Il pensait que c'était judicieux pour Lumios d'occuper ses jours ainsi.
Mais sa famille ne le voyait pas d'un très bon œil. Lumios restait avachi devant l'écran à jouer à des jeux vidéos, et ça jusqu'à pas d'heure.
Il se couchait tard quelques heures avant que ses parents ne partent pour le travail. C'était arrivé une fois où deux qu'il les entendait même se lever et se préparer, et à ce moment-là il essayait de faire le moins de bruit possible, pour éveiller le moindre soupçon.
Lorsqu'il avait reçu l'ordinateur, quelques jeux étaient déjà installés. Mais celui qui faisait battre le cœur de Lumios, était Final Fantasy XIV.
La première fois il avait peur de lancer le jeu, sachant que c'était un jeu en ligne, il redoutait que d'autres joueurs viennent lui parler. Mais il s'était vite rendu compte, que la plupart jouait dans leur coin sans déranger personne. Il avait reçu quelques demandes d'invitation pour rejoindre des CL. Mais il les avait vite déclinés pour ne pas la quitter deux jours plus tard, sentant l'angoisse monter en lui.
Il avait essayé de convaincre ses parents de lui prendre des abonnements, leur promettant de ranger l'appartement et de les aider dans les tâches quotidiennes. Choses qu'il avait faites dans un premier temps. Sa mère avait cédé car elle avait de la peine que son fils tourne en rond dans l'appartement.
Après des heures de jeu, Lumios avait développé l'envie de créer lui-même son propre jeu vidéo. Il s'était d'abord renseigné sur les démarches à suivre, en suivant multiple tuto et vidéo sur internet. Il découvrait conseil après conseil que la tâche allait être colossale. Mais il ne perdait pas espoir. Il savait juste qu'à lui seul, il ne pourrait jamais le finir.
Il avait cependant voulu tester, et commencé à essayer les logiciels préconisés dans la barre de description sous les vidéos. Et marqué ses idées sur un bout de papier pour ne rien oublier. Mais ayant aucune expérience et une démotivation extrême, il gardait tout cela dans un coin de sa tête.
Lumios était quelqu'un de rationnel, il savait où était la réalité - même un peu trop parfois - et cela l'avait souvent fait souffrir.
Il se doutait bien que rester à vie dans sa chambre n'allait l'aider en rien dans son projet. Mais l'idée d'affronter le monde extérieur était source d'angoisse.
Il s'imaginait souvent arriver à retourner à l'école, à affronter ce qui le terrorise mais il ne trouvait en lui aucune force qui pourrait l'aider à surmonter tout ça.
C'était affronter les autres, qui le repoussait. Affronter le regard de ce que peut penser celui en face de nous. Affronter les paroles de ses camarades ,il y a 7 mois plutôt. Passer au-dessus de tout ça... C'était trop pour lui ! Il préférait rester dans ce confort, qu'il savait n'allait pas durer toute sa vie.
Peut-être qu'un être imaginaire allait venir l'aider et résoudre tous ses problèmes. Un être sur qui compter ! Est-ce trop demander...
La voisine était passée amener les courses, celle-ci remarquait que Lumios avait beaucoup de mal à interagir avec elle, elle développait une certaine peine pour lui et ses parents. Elle imaginait que le jeune adolescent allait devenir comme toutes ces personnes recluses chez elle, qui ne souhaitent plus sortir et qui vivent au dépend de leur famille. Les Hikikomoris, les appelle-t-on. Elle espérait elle-même que Lumios trouve une solution pour retourner dehors, mais si une chose qu'elle avait appris avec les années. C'était qu'il ne fallait jamais se mêler de la vie des autres. Elle en avait fait les frais pendant sa jeunesse à vouloir résoudre les problèmes des personnes qui l'entouraient, mais cela lui était souvent retomber dessus. Elle préférait juste s'occuper des courses comme lui avait demandé Shuko et garder ses espoirs pour elle.
Lumios retournait sur son ordinateur pendant une heure, en regardant des Stream sur la plateforme- Twitch-, il ne parlait cependant jamais dans le tchat, et restait un simple spectateur à écouter parler ses joueurs préférés, affronter des boss dans des donjons, ou donner des conseils sur le jeu.
Vers 17h, une heure avant que le père de Lumios rentre, Haruo, le jeune adolescent prenait le temps de prendre un bain. C'était un moment de solitude pour lui, enfermé dans la petite salle de bain. Mais la sensation de l'eau chaude sur son corps le berçait dans des pensées, où il essayait de refaire le monde. Et si l'humain n'avait pas provoqué de guerre, serions -nous en paix ? Et si l'école n'était pas obligatoire, serions-nous obligés de travailler lorsqu'on devient adulte ? Et si la lumière n'existait pas, aurait-il la vie ? Si la mort n'existait pas, l'humain choisirait-il de mourir ?