XX: Soins, cheval et problème

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Je me trouvais alors là, devant cette porte close. Qu'est-ce que je pouvais donc bien faire ?

Dépitée, je décidais de marcher dans les rues du village, sans pour autant oublier l'adresse de la maison à laquelle j'avais frappé.

Le hameau me semblait familier, avec ses petits chemins de terre claire et ses deux grandes allées pavées par endroit, que le roi aurait décrites comme semblables à celles des romains. Le coin était plutôt plaisant à voir. Reposant, calme. Mon cheval, Lemil, lui, ne semblait pas de cet avis. Je le tenais par les rennes, mais il manquait parfois de glisser sur les pavés, ou de s'entraver.

Après une vingtaine de minutes de marche, j'avais fais le tour de l'endroit. J'avais repérée une auberge, et c'était le seul bâtiment où j'aurais pû passer la nuit, alors, je décidais d'aller voir si il y restait des chambres.

En entrant, je remarquais qu'il n'y avait personne, excepté un homme et une femme, derrière le comptoir, essuyant des verres à bière.

"Bonsoir.

-Bonsoir. répondirent-ils en chœur, tout deux étonnés de ma venue.

-J'aimerais savoir si il vous reste des chambres ? Et si vous auriez un endroit pour attacher un cheval ? Je viens de loin et j'ai beaucoup marché, j'aimerais me reposer un peu.

Les deux travailleurs se regardèrent, et la femme, contournant le bar s'approcha du bar, avec une carte en main.

-Alors, non, nous n'avons plus de chambre Mademoiselle, j'en suis navrée. Mais mon frère tient aussi une auberge, plus loin. À cheval vous y serez dans une heure et demie. Ce sera long, mais c'est tout ce qu'on peut faire pour vous. Regardez, nous sommes là, et son auberge à lui est là. dit-elle, en me désignant le hameau et un village un peu plus grand, derrière un lac.

-D'accord... Je vais essayer de m'y rendre. En espérant qu'ils aient encore de la place pour moi.

-Comme vous le shouaitez.

-Mais, pourrais-je emporter du pain ? Ou des fruits ? Ou du moins un peu d'eau ? Je suis affamée, et mon cheval aussi.

-Bien sûr. Henry, apportez donc une miche de pain et donnez-lui le reste de la récolte de raisin de ce matin, il en reste dans les vignes, on en récoltera encore demain, ce n'est pas grave. Et vous avez une gourde ? Mon mari peut vous la remplir.

-Oh, heuh oui... Tenez. "

Une dizaine de minutes s'écoulèrent pendant lesquelles j'attendais, assise à une table proche du bar. Une fois l'homme revenu, je me levais. Je voulais le remercier, mais il me coupais soudainement, me donnant la nourriture que j'avais demandée.

" Si le cheval a faim, il doit nous rester un peu de foin dans l'étable, ou quelques carottes que l'on peut vous laver. Mais ce sera tout ce que l'on pourra faire pour vous malheureusement. Ici nous ne pouvons accueillir que dix personnes maximum, nous n'avons pas beaucoup de chambres. Ce n'est pas un coin très touristique ici, le village ne vend pas du rêve...

-Oh... heuh, ne vous inquiétez pas, ce n'est pas grave. Ce n'est pas grave du tout. Et, oui, mon cheval doit avoir très faim lui aussi. Où est l'étable ? dis-je, en mettant les vivres dans mon sac.

-Suivez-moi."

Il me conduisit derrière l'auberge. Deux chevaux étaient assoupis dans l'étable en question, et l'homme saisit du foin, qu'il fourrais dans deux paniers d'osier.

"Là. Voilà, tenez.

-Merci."

Sa femme nous rejoignit dans la cour.

"Il n'y a plus de carottes dans la réserve. Excusez-nous.

-Ne vous inquiétez pas, après tout je suis arrivée à l'improviste... Vous ne me devez rien, c'est déjà beaucoup ce que vous avez fait pour moi, merci énormément. Je vais y aller maintenant."

Quelques minutes plus tard, je nourrissait mon cheval et je repartais sur la route, lisant la carte que la dame m'avait donnée. Effectivement, nous allions devoir beaucoup "marcher".

Je carressais mon cheval alors que nous nous déplacions. L'animal était brûlant, et son pouls était très haut, très rapide. Inquiète, je descendais. Il ne me restais que quelques kilomètres, environ quinze, mais son état était très préoccupant.

"Ça va, Lemil ?" dis-je, comme si j'attendais une réponse ou un quelquonque signe qui m'aiguillerait sur ce que je pouvais ou devais faire.

Mais il ne réagissais pas, me regardant simplement fixement. Alors je lui donnais de l'eau, ne sachant que faire.

~~~~~~~~~

Toute la nuit j'étais restée auprès de l'animal, mais rien n'y faisait, son état ne s'était pas amélioré.

Au petit matin, il s'effondrait à mes pieds. Je restais là, à caresser son ventre, les larmes aux yeux. Je m'étais attachée à ce cheval. On me l'avait donné au début de ce voyage, et je sentais déjà qu'un lien s'était créé entre nous. Il aurait dû me détester pour l'avoir fait autant marcher et l'avoir affamé, il aurait dû me montrer qu'il me détestait, s'énerver, s'emporter, mais non, il n'avait pas réagit. Pas du tout. Il avait juste suivi et fait tout ce que je lui avais demandé.

Alors que je le regardait doucement s'en aller, un bruit de roues en bois se fit entendre sur le sentier.

"Eh ben mademoiselle ! Qu'est-ce qu'il se passe ?

-Mon cheval a problème. dis-je, sans me retourner.

L'homme sautais de sa charrette et décidais de s'approcher. Alors, d'un ton bien plus calme, comme si il était triste, plein d'empathie, il se mit à genoux près de moi.

-Elle est morte la pauvre bête ?

-Non non. Mais elle est sur le point de mourir.

-Vous savez ce qu'elle a ?

-De la fièvre, un pouls très rapide, et, nous avons marché énormément ces derniers jours, et peu mangé. Je l'ai nourri hier soir, après trois jours sans nourriture, mais je pense qu'il ne tiendra pas le choc malheureusement.

-Oh... Je dois peut être avoir quelque chose dans un sac. Attendez là, je reviens.

-Je ne risque pas de bouger."

Je continuais de caresser le cheval. Jusqu'à présent, il avait eu les yeux clos, mais cette fois, il les ouvrit, et je croisais son regard. Il avait la bouche entre-ouverte, et me regardait, comme si il me suppliait, en soufflant de l'air par ses naseaux, puis, il détournait lentement le regard, se mettant à fixer le ciel.

L'homme arrivait, et s'agenouillait auprès de nous.

"Il a déjà rendu l'âme."

{Corbeau} fanfiction KaamelottOù les histoires vivent. Découvrez maintenant