Le Masque

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Assise sur mon lit, à travers les portes entrouvertes, je regardais la chambre de mes parents. Elle était vide. Depuis combien de temps était-elle ainsi ? Une semaine que mes parents étaient partis. Je commençais à me sentir seule dans ma maison. Mais je ne l’étais pas. Tout a commencé quand  j'ai découvert le jour-même, après leur départ, qu'ils avaient embauché une baby-sitter pour me garder. Dans ses yeux, j’étais une enfant sans autonomie et pas encore mature. Cela m’agaçait. Je voulais qu’elle quitte ce travail. Un jour, j’eus une idée. Je décidai de l’ignorer de mon mieux et je fis tout pour l’énerver. Peu de temps après, j’ai vite renoncé : la femme ne partirai pas parce qu’elle aimait trop ce travail. Mes efforts étaient inutiles.

     Encore trois jours avant leur arrivée.

     Plus que deux jours.

     Ce soir, c’était l’heure de tout ranger. Mes parents vont rentrer demain. Je scrutais paresseusement mon environnement : des bandes dessinées mal rangées et des couvertures et oreillers éparpillés dans chaque coin de la salle. Finalement, j’ai pu terminer avant sept heures. Le résultat de mon travail était satisfaisant. Je ne croyais pas que c’était ma chambre. Tout était à sa place. Encore quatorze heures avant que mes parents reviennent, quatorze heures jusqu'à ce que la baby-sitter parte.

     Ce matin, je me suis réveillée à sept heures. J’étais contente que la baby-sitter soit partie. Une sensation étrange m’obligea à me lever. Je descendis les escaliers en me précipitant. A ma surprise, mes parents étaient là, me souriant avec leur valise à la main. Je vis ma mère qui était magnifique dans un kimono traditionnel et mon père qui  tenait un éventail sur lequel étaient  inscrits quelques mots japonais à l’encre de Chine dont j’ignorais la signification. J’estimai instinctivement que mon cadeau devait être d’une grande valeur. Bizarre! Rien qu'en pensant à ce qu'ils allaient m'offrir, je me sentais déjà prête à leur pardonner. La légère lumière du soleil traversait le salon mais un vent froid m’atteignit. Dehors, tout semblait calme. Normal, c’est dimanche, personne ne se réveille tôt ce jour de la semaine. Le petit-déjeuner était prêt. Ma baby-sitter n’était pas la. A ce moment-la, je remarquai cet objet avec un forme étrange que ma mère me tendait. C’était mon cadeau! Le voici, délicatement enroulé dans un papier, un papier sur lequel étaient peintes des fleurs de Sakura. Je le pris. Il pesait plus lourd que j’avais cru. Je remarquai un trou et par curiosité, regardai à travers. Impossible ! Un œil rempli de terreur me fixait. J’allais pousser un cri. Mais je me tus. Ce n’est pas vrai, non, je ne pouvais pas en croire mes propres yeux. Déconfite, avec frénésie je déchirai l’emballage. En un clin d’œil, il était complètement détruit. C’était dommage mais je ne pouvais plus revenir en arrière. Trop tard. Je tenais un masque horrible. Je restais là pour un moment, sans même remarquer que mes parents étaient montés dans leur chambre. Et quand je m’aperçus de leur absence, je laissai tomber l’objet de mes mains et courus dans ma chambre. C’est le seul endroit où je peux me concentrer et me reposer, mon propre univers. Allongée sur mon lit, je couvris le drap sur moi, de sorte à former  une protection. Une série de questions m’embrouillaient : Qu’allais-je faire avec ? Le porter ? Pourquoi me l’ont-ils acheté ? Pour que j’ai sans cesse des cauchemars toutes les nuits ? Je ne comprenais toujours pas pourquoi ils me l’avaient acheté !

     Quelqu’un frappa à la porte.

-           Papa ? demandai-je.

Mon père entra.

-           Oui, ma chérie, je voulais juste passer jeter un coup d’œil. Tout va bien ? Ta mère est trop fatiguée après les douze heures d’avion. Ah oui, je t’ai ramené le masque que t’as oublié en bas ! Ca te va si je le mets ici ? questionna  mon père en désignant la petite table devant mon lit.

Le MasqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant