Le destin de Malikah

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"One love, One heart, One destiny "-  Robert Marley

**Juin 2020**

Nous étions en voiture avec ma mère qui était venue me rendre visite pendant les vacances d'été. Je ne bossais pas cet été alors ça tombait bien. D'ailleurs, ce n'est pas moi qui conduisais. Je tenais à le préciser, car dans la société actuelle, ne pas avoir son permis, c'est comme choisir de se marginaliser. À mon grand âge, je n'ai toujours pas le permis. Mais vous savez quoi ? Je n'en ai absolument pas honte. Chacun son rythme et ne laissons personne nous dicter les choix de notre vie ou nous mettre la pression.

Enfin bref, nous nous sommes rendus au marché, elle voulait faire des achats, puisque je n'y connaissais rien, je décide de la suivre silencieusement perdue dans mes pensées.

Je ne suis pas très loquace. Et je ne saurai vous dire pourquoi je suis devenue comme ça. J'emploie le terme devenu, car plus jeune, je me souviens qu'on me promettait un avenir en tant que journaliste tellement je posais toutes les questions qui me passaient par la tête.

Je profitais donc de sa présence en silence, sachant pertinemment que ces moments ne dureront pas longtemps. Elle rentre bientôt. Rien que le fait de penser qu'elle sera bientôt loin de moi me serre le cœur. Mais ça, je n'arriverai jamais à le lui confier. 

Qu'elle me manque...

- Malika, tu m'écoutes ?

- Ah oui, excuse-moi, tu disais quoi Yaye* ? (Maman en wolof)*

- Qu'est-ce que tu as ? Tu as l'air ailleurs...

Je lui souris pour la rassurer

- Ne t'inquiète pas, je pensais à la manière dont on allait rentrer

Ce qui n'était pas un réel mensonge. Une copine à moi devait nous déposer avec sa voiture pour nous éviter de prendre les transports, mais elle ne répond toujours pas. Dans tous les cas, je prendrai un Uber ou un Heetch parce qu'il est hors de question de tenir des sacs dans les transports. 

Nous nous arrêtons à un stand de fruits. J'ai une appétence particulière pour les raisins verts. Ma mère décide d'acheter des bananes, des nectarines et bien évidemment des raisins. Le vendeur de fruits, content de nos achats, me tend une banane pour me l'offrir.

- C'est cadeau !, dit-il

Contente, je la prends en le remerciant puis la donne à ma mère pour qu'elle la range dans le sac de fruits. Cependant, elle fronça les sourcils en attrapant la banane.

- Vous n'allez quand même pas donner cette banane à ma fille ?

Le vendeur un peu gêné baragouine qu'on ne refuse pas les cadeaux.

Elle reprit de plus belle

- Vous devriez lui donner une banane qui équivaut à sa beauté alors !

L'observant ainsi défendre mon honneur, je ne pouvais m'empêcher de rire face à cette situation. Et surtout à l'aplomb dont elle a fait face. Je trouvais que même si cette banane avait un côté un peu trop mûr, ce n'est pas grave. Seul le geste comptait.

Mais ce n'était pas de l'avis de ma mère.

Un collègue arriva à la rescousse et échangea la banane contre deux autres un peu plus "présentables". Il se confondit en excuse et parla en arabe à son pair. Qui, lui, ne semblait s'en inquiéter plus que cela.

Je dis au revoir aux deux vendeurs plutôt sympathiques et nous nous dirigeâmes vers l'arrêt de bus le plus proche. J'appelle ma copine pour qu'elle vienne nous chercher, mais comme je m'en doutais, elle a eu un empêchement. Je lui passe alors ma mère à sa demande afin qu'elle puisse la saluer.