Javert se mit à rire, amusé par cette histoire ridicule. Il revoyait sa mère, la gitane, les mains sur les hanches et les cheveux dénoués, une longue vague noire comme l'aile du corbeau. Ses yeux étincelaient, brillant de mille feux. Il reconnut ses propres yeux. Elle avait fait un geste de ses mains, incompréhensible pour le jeune garçon qu'était Javert à cette époque. Puis elle lui avait crié :
« Tu es maudit Fraco ! MAUDIT ! Tu ne connaîtras jamais l'amour !
- La belle affaire !, ricana Javert, en se détournant de sa mère et de la cellule dans laquelle il était né.
- On t'aimera mais tu seras aveugle ! Tu vas te tuer mille fois sans voir l'amour.
- Et je suppose qu'un baiser donné par une princesse me sauvera ?
- Non. Je t'ai arraché le cœur. Tu vas devoir le retrouver pour pouvoir aimer !
- Femme ! Tu es complètement folle !
- Sinon tu perdras ce que tu aimeras ! Et tu vivras éternellement pour le retrouver.
- Je ne comprends rien à tes stupidités ! J'y vais, le capitaine Thierry m'attend.
- MAUDIT ! »
Javert riait en relatant cette anecdote. Mais Valjean ne riait pas. Il commençait à se poser des questions sur ses voyages. Ce n'était pas lui qui était en cause, c'était Javert. C'était le policier qui vivait leur histoire éternellement et éternellement quelque chose ne marchait pas. Javert lui avait avoué tant de fois qu'il l'aimait et à chaque fois, il mourrait...ou partait...
Il eut peur tout à coup pour le lieutenant Javert de la police de New-York, il espérait que leur histoire allait bien se terminer. Pas de plongeon dans l'East-River ou d'accident de moto.
Javert lui avait dit qu'il l'aimait. Oui, mais... Il entretenait une correspondance irrégulière, il n'hésitait pas à passer trois ans sans venir le voir, il se tuait dans un accident de moto, il se laissait blesser à mort lors d'une arrestation, il allait sur la barricade sans une pensée pour Valjean. Il plaçait son métier avant lui.
L'aimait-il vraiment ?
Un homme au cœur de bois !
« Comment dois-tu retrouver ton cœur ?, demanda Valjean, essayant de rendre la question anodine.
- Aucune idée.
- Est-ce que tu m'aimes ? »
Une hésitation, le policier ne répondit pas, Valjean comprit et sourit tristement.
« Pardon, je ne veux pas te faire de mal.
- Viens ici, » murmura Javert.
Il attrapa Valjean par les épaules et le fit basculer au-dessus de lui, afin de l'embrasser. Désespérément.
« Je ne sais pas Jean, avoua Javert. Je ne sais pas.
- Ce n'est rien. Rien d'important. »
Donc, il allait peut-être voyager encore. A Faverolles ? Reprendre tout depuis le début ? Revenir à New-York ? Retourner à Montreuil ? Et recommencer encore et encore.
Valjean préféra embrasser profondément Javert pour oublier son chagrin.
Un baiser profond.
Baiser ? Oui, pourquoi pas ? Mais faire l'amour ? Il n'en était pas question. Pourtant, durant ces dix mois à Paris, Javert l'avait aimé ? Non ?
Les langues, les lèvres, les dents...tout entrait en contact et ils gémissaient... Après les chemises, il ne restait plus que les pantalons.
Les mains de Javert furent les premières à tâtonner au-delà du ventre. Apprenant la forme, découvrant la chaleur, testant la dureté. Valjean gémit et ferma les yeux.
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VOYAGES
FanfictionEt si Jean Valjean revivait son histoire ? Ailleurs ? A une autre époque ? Les choses pourraient-elles être différentes ? La couverture est de nuizlaziart !!!