Chapitre 13

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Parée pour ma mission nocturne, je commence à tourner en rond à la nuit tombée. Azraël m'a un peu plus tôt quémandé de l'attendre pour venir en expédition avec moi, malheureusement, il est bientôt minuit et je n'ai toujours pas vu l'ombre d'un os de son squelette se montrer.

Peut-être devrais-je m'inquiéter comme une personne lambda le ferait, mais être inquiète qu'il puisse arriver quelque chose d'inattendu à l'ange de la mort serait similaire à dîner un jour avec monsieur Lucifer en personne. Autrement dit, les chances sont quasi nulles.

Cela dit, je suis encore là, dans ma cave aménagée, à l'attendre comme une gentille fifille qui l'écoute au doigt à l'œil. Du moins, plus au doigt me concernant, car Azraël est loin d'avoir une vue irréprochable, ce dernier n'en n'ayant pas du tout. Quoiqu'il en soit, que ce soit une phalange ou un œil inexistant, je ne serais jamais à son service. Encore moins en son absence.

- Qu'est-ce que tu fabriques, Az ? soupiré-je, de plus en plus impatiente.

Un éclair jaillit soudainement dans mon cerveau !

- Satané sac d'os ! Tu t'es bien moqué de moi, n'est-ce pas. Tu as vraiment cru que j'allais rester planté chez moi à t'attendre toute la nuit, tu espères peut-être que je patiente ou qu'éventuellement, je m'endorme comme une faible petite humaine ? Eh bien, tu te trompes, mon cher ! Je vais sortir, et sans toi ! Après tout, tu t'acharnes à vouloir faire de moi un bon petit soldat en m'envoyant au front seule ces dernières temps. Regarde ça ! Ton vœu est exhaussé ! J'irais sans toi !

Je me fiche bien de savoir s'il m'a abandonné volontairement ou non, tout ce qui compte pour moi, c'est de partir à la chasse. Une chasse nocturne où, ce soir, j'aurais tout le loisir de choisir ma proie, qu'Azraël le veuille ou non.

Face à ma pièce emplie d'arme, j'enfile ma tenue sombre qui galbe parfaitement le peu de courbes que mon corps possède. Je n'oublie pas de mettre mon gilet par balle de la même teinte que ma combinaison. Les scratches bien serrés, j'empoigne un sabre que je cale entre mon dos et mon gilet. Je cache quatre poignards aux extrémités de mes membres, aux chevilles ainsi que le long de mes avant-bras.

Soucieuse de prendre avec moi des armes différentes afin de pouvoir gérer le moment dit avec le bon matériel et de me sécuriser le plus possible.

J'attrape donc ma ceinture qui accueille une arme à feu, une bombe lacrymogène et une matraque télescopique.

Avec tout ça, je pense être prête pour aborder cette nuit de manière sereine.

Je claque bien la porte de ma cave afin que je puisse parfaitement la verrouiller sans que celle-ci ne s'ouvre par mégarde, comme cela a pu m'arriver il y a quelques semaines. Heureusement pour moi, les occupants de l'immeuble où je réside ne viennent que très rarement dans les couloirs de ce sous-sol aux odeurs nauséabond et souvent inondé par temps de pluie. Un endroit désert où je trouve une paix intérieure que seuls ces lieux boudés peuvent me procurer cette sensation de bien-être.

Avant de sortir à l'extérieur, dans ce monde nocturne où seuls les dépravés, les fêtards, mais aussi les chasseurs en tout genre, je revêts la capuche de mon habituel manteau qui m'arrive au milieu des mollets.

Dans mon accoutrement tout de noir vêtu, je prends une grande inspiration et expire de longues secondes après avoir retenu mon souffle. Là, je me sens bien, je me sens vivre. Je suis moi-même, celle que je cache au fond d'un tiroir toute la journée. Celle que j'aimerais être au quotidien. Une jeune femme de vingt-huit ans qui n'est ni plus, ni moins qu'une femme qui ne vis que pour torturer et tuer.

Mes boots frôlent les pavés qui entourent le bâtiment que je quitte, le regard vide, mes pensés fixés que sur un seul et même objectif : traquer quelqu'un. Peu importe qui sera la personne à qui je devrais me confronter, du moment que ce soit un individu qui ne mérite que ce que j'ai à lui offrir : la fin pure et simple de son existence.

Avant de m'engager dans le centre-ville qui n'est qu'à deux pas de chez moi, j'attache mon masque qui dissimule entièrement mon visage.

Jusqu'ici, je n'ai jamais été prise à mon propre jeu, ni même suspectée de quoi que ce soit. Et je dis bien un jeu, car au fil des jours, c'est exactement ce que mes virés nocturnes sont devenus. Un jeu sinistre pour certains qui est plus qu'enivrant pour moi.

Alors je croise les doigts pour que mon jeu morbide subsiste encore longtemps. Et puis d'un autre côté, je donne un sacré coup de main aux autorités en nettoyant les rues de cette ville.

D'ailleurs, les délits et les crimes ont énormément baissé et ceci depuis que j'ai serré la main d'Azraël.

Étrange coïncidence ? Bien sûr que non, mais ça, ça reste entre nous...

AZRAËLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant