Chapitre 10

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Chapitre 10 :

On reste au bord de la route pendant une quinzaine de minutes avant qu'une voiture s'arrête. J'ai des courbatures dans les jambes et des fourmis dans le dos, et je commence à m'endormir.

La voiture qui s'arrête devant nous est en fait une camionette bleue, toutes vitres ouvertes. Un homme d'une trentaine d'année est à l'avant, seul. Il y a trois places à l'arrière. Il nous fait signe de monter et on s'éxécute. Julian va à l'avant place passager et je m'assois sur la place du milieu à l'arrière.

Une odeur de bois règne dans l'habitacle, et le moteur fait un bruit douteux lorsque la voiture démarre ; les sièges sont en cuir marron et ne m'apportent pas beaucoup de chaleur.

- Alors, que font deux jeunes garçons frigorifiés sur cette route ?, demande t-il d'une voix forte et grave.

C'est Julian qui s'occupe de faire la conversation, bien sur.

- On est cousins. On voulait aller à la fête du village, vous savez, le village des environs...

- Oui, je vois ce que c'est.

- ... On a loupé le dernier bus et notre tante va s'inquiéter si elle ne nous voit pas rentrer avant minuit. Vous savez, elle se fait vieille, elle s'inquiète encore de l'heure à laquelle nous rentrons.

- Elle a raison. Vous me paraissez jeunes pour être sur le bord de la route à cette heure ci.

- Si jeunes que ça ? Je viens d'avoir dix – huit ans.

Ce qui est un mensonge, bien sur. Je suis abasourdi de voir Julian mentir avec autant d'abilité, mieux que moi.

L'homme garde les yeux rivés sur la route, il ne peut pas vraiment nous détailler en profondeur. Il n'a sans doute pas remarqué nos uniformes. Ses petits yeux noirs sont soulignés de cernes violets, et il est très maigre, presque flottant dans son t – shirt gris délavé.

L'homme doit m'avoir vu claquer des dents car il explique qu'il y a deux pulls dans le coffre que je peux atteindre avec mon bras. J'obtempère, bien trop heureux de pouvoir me réchauffer, et en prends un pour Julian et un pour moi.

Je le mets avec empressement, me débattant avec la ceinture de sécurité. Il est chaud et réconfortant, mais malheureusement dégage une odeur d'essence qui agresse atrocement mes narines et je me vois obligé de respirer par la bouche.

- Je m'apelle Paul. C'est quoi vos noms ?

- Jules, ment Julian en souriant.

Pourquoi est ce que le pull lui va à merveille ?! C'en est presque indécent, cette manière que le tissu a à mouler son corps pour dévoiler ses épaules carrées et les muscles de son ventre. Je dois réfléchir cinq bonnes secondes pour réussir à répondre également sans le fixer des yeux.

- Alexis.

Le reste du voyage est une conversation entre Julian et Paul, qui parlent un peu de tout, du temps, du foot, de la végétation des environs, et bien sur Julian prend plaisir à poursuivre son mensonge, nous invente un oncle après la tante. Paul parle aussi de sa femme, mais je ne retiens pas son prénom qu'il répète pourtant beaucoup.

Je colle ma tête à la vitre, suivant des yeux le paysage qui défile dans la nuit. Il n'y a pas beaucoup d'autres voitures sur la route. Je me sens bien, à présent que je suis réchauffé et que j'entends Julian discuter allégrement. Si il est confiant, je le suis. Je m'assoupis un instant, mais me réveille pas longtemps après.

J'irais en EnferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant