Trapped in.

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- Louane, c'est vous ? Le gardien se mit à chercher dans une pile de lettres, il en laissa tomber certaines, d'autres étaient éparpillé un peu partout dans l'ensemble du bureau.



- On allait vous l'envoyer, mais vous voilà. Vous pouvez la lire maintenant. Il l'avait entre deux doigts, elle ne signifiait pas grand-chose pour lui toutes ses pauvres feuilles blanches recouvertes d'encre bleue.


Je m'apprêtais à me retourner, quand il me rappela.


Le visage humilié, il me dit, "Madame Amiri ce n'est pas la seule."


11 lettres, elles étaient presque toutes à mon nom.


Je les pris.





Louane Soha

24 rue Jean Pasqual

75001, Paris 


Louane Amiri

01 rue Pierre Quant

75002, Paris. 



Khelis Amiri

01 rue Pierre Quant

75002, Paris. 



Sarah Amiri

01 rue Pierre Quant

75002, Paris. 




Mes adresses changeaient, il savait même que j'avais déménager. Il savait même que j'étais marié.  Il avait même écrit à mon mari, même à ma fille. 


C'était une écriture plus ou moins enfantine, une écriture qui me rappelait ce petit garçon aux cheveux longs, ceux que maman n'avait jamais voulu couper.

Mais cette écriture évoluait au fil du temps, les lettres n'étaient plus rondes et bien défini, elle étaient plus allongé, plus étiré. Il ne me fallait aucune date pour savoir laquelle était la plus récente.


Je commençais par celle qui me paraissait être écrite par un enfant. 



"




Coucou loulou,




Ça me fait énormément plaisir de savoir que tu penses à moi si souvent. Tu sais ces derniers temps, je suis plutôt la bête de la famille. On ne m'accorde que très peu d'empathie, ce que je comprends malgré moi.




J'ai blessé maman, elle n'arrête pas de pleurer, il parait. Je pense que bien des fois, on se rend compte des choses beaucoup trop tard. Elle me rassure en me disant qu'elle m'aime toujours, mais je sais qu'au fond d'elle une colère démesurée se cache. Les gens parlent d'elle dans la rue, les gens parlent de son honteux de fils, sans s'en cacher. Elle le supporte à peine un peu. J'ai fait de celles que j'aime le plus, des femmes exposé à la cruauté de ce monde. Je sais que tu fais de ton mieux pour la soutenir, je sais aussi que ce n'est pas ton rôle, que toi aussi, tu portes beaucoup sur ton dos, beaucoup trop. Papa lui aussi vie une sorte de prison, il se prive de sortir, car son cœur n'accepte pas la situation et il refuse d'être exposé au monde.




Les heures ici sont longues, on en souhaiterait presque la mort. Mais j'ai espoir, encore un peu, alors pour l'instant ces pensées ne m'envahissent pas. J'ai eu le temps de repenser à la famille dans son entièreté quatre mille fois, je me suis rappelé à quel point tu aimais regarder les photos de mes vacances. Tu voulais toujours que je t'emmène, mais je ne te répondais jamais positivement. Promis quand tout s'arrangera, je t'emmènerai où tu le veux. Tu mérites un long repos. J'ai aussi lu ce livre que tu aimes temps, j'ai l'impression de te reconnaître dans chacune des pages que j'ai tourné. C'est bien la première fois que j'aimerais te prendre dans mes bras sans grimacer. Viens me voir, je t'en supplie. Je sais que tu ne supportes pas de me savoir enfermé entre 4 murs. Mais je veux revoir ton sourire, celui qui redonne envie de vivre des années, celui qui saurait guérir mes blessures. S'il te plaît soi assez forte pour ne pas pleurer une seconde de plus. Je te promet que je ne tiens à rien. Je nous ai mis dans une sale situation ou chaque expression torture mon cerveau.




Je ne veux pas paraître égoïste en disant que ça me fait mal moi aussi. Mais j'ai trop longtemps pensé aux blessures que je vous ai infligées que j'ai laissé les miennes s'infecter. Tu serais étonné de savoir que ton frère sait pleurer.




L'ennui n'est plus une notion ici. C'est une manière de vivre. C'est un quotidien. Comme le brossage de dent trois fois par jour. Moi face à mon ombre, sur les épaules le poids de ce qui m'a traînée ici. C'est tout ce qui compresse ma poitrine le soir quand j'essaye de m'endormir. Ça me rappelle étrangement le jour où tu disais que vivre seul ce n'était pas bon pour toi, je crois que je te comprends maintenant. J'ai me plaignais souvent d'être à cours de temps, et maintenant je l'ai en entier, chaque seconde me son propre, je ressens chacune d'entre elles, et j'attends le cœur fendu par mes propres mains.




J'aime le fais que l'on s'écrive par lettre, je trouve ça particulier et beaucoup plus sincère. Promets-moi qu'on continuera quand je serais sorti. Moi, je promets de savourer le temps que j'aurais avec ma sœur quand je serais libre.




Loulou, ton frère ne te le dis pas, mais il t'aime beaucoup. Il a besoin de ton amour plus que quiconque. Fait attention à toi. Je suis toujours là pour toi, ne t'en fais pas, la seule différence, c'est que l'on ne se chamaille juste plus pour petit-déjeuner. (d'ailleurs, j'ai beaucoup aimé tes crêpes la dernière fois que j'y ai eu le droit.) "








- Madame, il vous attend dans la salle à votre gauche.




J'en avais lu des choses, mais jamais elles ne m'avaient perdu à ce point.




Mon corps suivit le geste de la main que ce foutu garde m'avait adressé. Celui qui n'en a rien à faire de chacun des mots qui étaient gravés sur ces pages blanches.






J'entrais, la luminosité était d'une violence peu supportable pour mes yeux. Il faisait plutôt froid, mais le frisson qui m'envahissait ne me parvint qu'au moment où je vis ce visage que je ne reconnaissais plus. Sa corpulence n'était plus frêle et maigre. Il me paraissait plus grand. 

Le petit enfant que moi et maman avions élevé avait grandit, il n'était plus un bébé. 

Mon cerveau du se faire violence pour m'ordonner de ne pas m'écrouler. 


Il s'était battu avec papa 6 ans avant que je n'accepte de lui écrire et de venir le voir.



Lui qui se demandait pourquoi je n'ai jamais voulu lui répondre, il regarda mes mains et compris. 

Mon frère savait pleurer, mon frère laissait défiler sur ses joues des larmes, non pas une, mais bien plusieurs.

Jeom.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant