MAXINE
Le prince charmant est un connard.
Si je l'affirme haut et fort, c'est que je suis bien placée pour le savoir vu que j'en suis un. Je l'ai compris très tôt dans ma vie de femme et vous le comprendrez aussi. Un sauvetage inopiné. Une rencontre romantique. Une magnifique balade à cheval. Une première danse. Un doux baiser. Un mariage féérique. Un merveilleux château. D'adorables enfants. C'est le rêve de toutes les femmes, n'est-ce pas ?
Pas moi.
Que ce soit clair : je tiens les rênes de ma vie et je sais où je vais. Je n'ai pas besoin d'un prince charmant pour mener ma vie. De toutes façons, c'est moi qui charme, pas l'inverse. Je contrôle la rencontre, le rythme, le déroulement et surtout le dénouement. Ça se passera comme je le souhaite et uniquement si je le désire. D'ailleurs, je ne me suis pas présentée. Je m'appelle Maxine Dumont. Je déteste mon prénom. Mes parents me l'ont donné parce qu'ils sont fans de la chanteuse Maxine Sullivan. C'est en dansant sur sa chanson Blue Skies qu'ils ont eu le coup de foudre l'un pour l'autre. Toujours est-il que leur couple a tourné au vinaigre quelques années plus tard. Merci, le coup de foudre. Parlons-en, de ce procédé magique qui fait tant tourner la machine à billets dans les comédies romantiques. Cette fameuse sensation que l'on éprouve au plus profond de soi, cette certitude absolue qu'il n'existe qu'un être au monde auquel on puisse être destiné, et qu'il se tient là, juste devant soi. On le reconnaît au premier coup d'œil, c'est immédiat. On le sait. On le sent.
Ce n'est pas mon cas. Les relations amoureuses, le coup de foudre, la notion de couple... Ces expressions ne sont que des artifices. Des excuses que l'on se raconte pour parvenir à combler sa propre solitude. C'est pour cela que l'on cherche à attirer l'attention de quelqu'un d'autre. Parce qu'on est trop faibles pour rester seuls. Si les gens pouvaient atterrir deux secondes, ils réaliseraient que l'amour n'est rien de plus qu'un concept. Combien de cœurs brisés pour ceux qui se sont aventurés à rêver un peu trop fort et trop longtemps ? Quand on repasse de l'autre côté de l'écran, l'amour ne paraît plus si aveuglant. Les couleurs de la vie réelle sont plus ternes que la 4K. Hollywood, la plus puissante machine à rêves au monde, l'a bien compris. C'est même son fond de commerce. Et c'est exactement similaire pour moi. Tellement que j'en ai fait mon métier.
Aujourd'hui, j'ai vingt-huit ans et des poussières. Je suis directrice générale et future PDG de Dumont Group. Au cas où ça ne serait pas évident, ma famille possède ce groupe. Il s'agit de l'un des plus gros conglomérats de France. Nous sommes présents dans les télécommunications, l'immobilier, la high-tech et l'hôtellerie. Nous descendons d'une très ancienne lignée de la noblesse française, ce qui explique en partie notre immense fortune. Ça vous donne le ton, non ? Problème : si je n'engendre pas de descendance avant mes trente ans, je n'hériterai jamais de la direction du groupe. C'est une tradition familiale stupide, je vous l'accorde, mais c'est une tradition quand même. Et s'il y a bien un principe auquel les familles nobles tiennent, c'est bien celui de la tradition. Pour moi, il s'agit surtout d'une énorme et pénible épine dans mes plans. Contourner la question ? Impossible. Reste la solution de s'y plier et de passer à la suite. Après tout, concevoir ne semble pas être un problème bien difficile à résoudre à première vue. N'est-ce pas ? Tout à fait... s'il n'y avait pas quelques obstacles.
Pour commencer, j'aime les femmes. Ça réduit déjà les possibilités. Ensuite, je suis célibataire. Plus difficile dans ces conditions, mais pas impossible. Jusqu'à ce que les médecins m'apprennent que je suis atteinte d'infertilité inexpliquée. La voici, ma belle épine. Mais pas le temps de m'apitoyer sur mon sort. Je ne m'attarde pas sur les problèmes, uniquement sur les solutions : s'il m'est impossible d'engendrer une descendance par mon propre biais, je trouverai une pauvre cruche pour le faire à ma place. Avec l'argent, on obtient tout ce qu'on veut dans ce monde. Oui, c'est illégal. Non, je n'ai pas peur de sortir du cadre. C'est la raison pour laquelle je viens d'acheter un aller simple pour Los Angeles. L'essentiel est que je parvienne à mes fins, peu importe les moyens.
En réalité, ma vision est simple : dans la vie, il y a les meneurs et les rêveurs. Les premiers savent ce qu'ils font. Ce sont ceux qui font avancer le monde, qui entreprennent, qui ont une vision globale. Ils entraînent les autres dans leur sillage à la force de leurs idées. Ils n'ont pas froid aux yeux et ne craignent pas de repousser les limites. S'ils réussissent, c'est parce qu'ils osent. Les rêveurs soupirent auprès d'un idéal, ils attendent et espèrent qu'une figure salvatrice les emmènera au plus haut parce qu'ils n'ont pas le mental pour le faire d'eux-mêmes. Ils longent la ligne et ne la dépassent jamais par peur de l'inconnu et de l'échec. Ils n'entrevoient même pas la possibilité de réussir.
Les femmes appartiennent à cette seconde catégorie. Attentistes, passives. Incapables de se dépasser par elles-mêmes. La seule conscience dont elles peuvent faire preuve, pour certaines, c'est de leur corps. Ce sont les pires. Elles plaisent, elles le savent, et se disent qu'elles parviendront à alpaguer le premier prince qui passera par là. Elles n'ont pas complètement tort. Mais j'ai raison à cent pour cent : les femmes sont les pires rêveuses du lot et la plupart ne le savent même pas.
Je le constate tous les jours. Entre le Moyen-Âge et notre époque moderne, peu de choses ont changé finalement. C'est juste un vernis différent. La voiture de sport a remplacé le cheval blanc. Le loft a remplacé le château. Les PDG sont les nouveaux princes des temps modernes. Celles qui ne changent pas, ce sont les femmes. Il est si facile de les séduire. Du rêve. C'est tout ce qu'elles veulent. Devenir une princesse moderne. De l'attention, être au centre du monde, briller sous la lumière avec l'éclat de bijoux onéreux, puisqu'ils leur vont si bien. Ça tombe à point nommé. Vendre du rêve, c'est ce que je fais de mieux. La clé de ma réussite ? Je ne rêve pas. Je désire et j'obtiens. Et ce que je désire le plus au monde, c'est le leadership de Dumont Group. Je veux hériter de cette place. Je suis née pour ça, je m'y suis préparée toute ma vie et je suis prête à tout pour y arriver. Même à traverser les océans et enfreindre la loi pour forcer le destin.
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Like A Boss #1
RomanceLiées par un secret, une héritière arrogante et une jeune livreuse luttent contre une intense attirance et les dangereuses conséquences qu'elle déclenche. *** Riche et puissante, la belle Maxine Dumont possède tout, excepté ce qu'elle désire le plus...