Le baldaquin rouge

Epilogue

Devant son miroir, Hermione ajustait nerveusement son tailleur. Elle avait choisi un bleu foncé surmonté par une broche en or, symbolisant les couleurs du drapeau européen moldu. Pansy avait insisté pour lui fournir sa tenue pour l'occasion. Malgré la confiance que lui procurait son armure de bataille, cela faisait des années qu'elle n'avait pas été aussi stressée. Cet état d'anxiété était proche de celui qu'elle connaissait à Poudlard juste avant des examens, qu'elle finissait par réussir haut la main. Même lors de sa soutenance, elle n'avait pas été aussi nerveuse.

Son agitation actuelle n'entamait en rien la fierté qu'elle ressentait de voir l'aboutissement du projet européen. Elle se sentait privilégiée d'avoir assisté et contribué à l'union des États magiques, même chemin avait été long et tortueux. Les vœux de Kingsley avaient été exaucés et les Français avaient changé de chef d'Etat, facilitant grandement le processus.

La veille, les différents ministres de la Ligue avaient signé le traité d'Édinbourg, actant la naissance de l'union entre leurs pays. Il avait fallu encore bien des mois pour finaliser cet accord fortement influencé par les recherches d'Hermione. Près de deux ans après le lancement des négociations, tout était prêt pour le lancement concret. Tout, c'était parler un peu vite. Aujourd'hui, Hermione allait devenir directrice d'un nouveau département du Ministère de la Magie : celui des affaires européennes.

Au même moment dans tous les pays membres, une cérémonie d'investiture allait avoir lieu. Elle avait beau être ambitieuse, jamais elle n'aurait cru être retenue pour ce poste, tout du moins pas dès sa création. Les journaux avaient beau justifier cette nomination par sa célébrité et sa proximité avec le Ministre de la Magie, Hermione savait qu'elle était l'une des seules employées à avoir l'expertise et la poigne nécessaire pour faire face aux autres représentants de la Ligue ainsi qu'aux différents Ministres européens.

Alors qu'elle finissait de rajuster sa coiffure, elle sentit des mains effleurer sa taille et le corps de son petit-ami dans son dos. Fermant les yeux et inspirant profondément, elle sentit son stress la quitter petit à petit. Cet homme était un calmant pour la boule de nerfs qu'était Hermione à ce moment précis. Tous deux face au miroir, elle ne pouvait faire autrement que de se perdre dans le gris de ses yeux. Il lui souriait comme il le faisait si souvent, avec tendresse et un soupçon de dévotion. Il était parfait dans son costume noir et le miroir renvoyait une vision digne des plus grands magazines de mode.

"Je suis tellement fier de toi, mon amour." murmura Drago Malefoy à son oreille.

Hermione lui rendit son sourire. Même après deux ans ensemble, elle avait toujours des frissons quand elle sentait son souffle contre sa peau. Elle se demandait souvent si la passion qui les habitait s'éteindrait un jour, mais elle en doutait. Ils avaient fini par emménager ensemble au bout d'un an. Tous deux avaient abandonné leur logement respectif et ils avaient acheté un petit cottage à la sortie de Londres. Elle avait même convaincu Drago d'adopter un chien. C'est ainsi que Willow, un labrador noir était entré dans leur vie. D'abord sceptique, Drago et Willow étaient désormais inséparables. Chaque fois qu'elle voyait Drago jouer avec l'animal avec enthousiasme, elle ne pouvait être qu'attendrie pas cette vision et se faisait souvent la réflexion qu'il ferait un bon père. Cette pensée était en général accompagnée d'une claque mentale, elle était trop jeune pour être mère.

Elle sortit de ses réflexions et se tourna vers lui, passant ses bras autour de son cou pour l'attirer vers elle. Malgré les années, la lueur qu'elle avait eu tant de mal à identifier dans les yeux de Drago était toujours là. Cette lueur, elle le savait maintenant, c'était l'amour qu'il lui portait. C'est lui qui finit par briser le silence apaisant entre eux :

"Épouse-moi."

****

1er septembre 2020

L'agitation sur le quai 9 ¾ était palpable, les cris des enfants se mêlaient au bruit de la locomotive écarlate. Au milieu de la foule, Drago Malefoy n'était jamais très à l'aise. Cela faisait plus de 20 ans que la guerre était finie, pourtant certaines personnes continuaient de le dévisager. Il laissa son regard trainer sur le groupe d'enfants devant lui : James Potter entrait en 6ème année, petit frère en 4ème année et la petite Lily démarrait sa 2ème année. Ginny était en train de sermonner son ainé qui avait tenté d'emmener des produits de la boutique Weasley avec lui.

Il finit par reporter son attention sur la raison de sa présence ici, à savoir la petite tête blonde qui regardait avec angoisse dans ses affaires.

"Maman, est-ce que tu es sûre d'avoir vu ma plume d'oiseau tonnerre dans ma malle ?"

"Oui ma chérie" répondit Hermione Granger-Malefoy en se penchant vers sa fille. "Luna m'a bien précisé que si je ne m'assurais pas de sa présence dans ton sac, elle ne m'adresserait plus jamais la parole. Je l'ai rangé dans son étui, mais rappelle-toi qu'elle est irremplaçable, alors prend en soin."

Jamais il ne se lasserait de cette vision, la jeune Eléanore Malefoy-Granger était la perfection incarnée pour son père. Elle avait hérité de ce qu'il y avait de mieux chez ses deux parents. Elle avait les cheveux de son père, mais les yeux de sa mère. Elle avait sa ruse mais l'érudition d'Hermione. Elle avait le sourire de sa mère et à chaque fois qu'il éclairait son visage, Drago se demandait comment il était possible d'aimer quelqu'un aussi fort.

"Rappelle-toi de ne pas écouter tout ce que disent James et Albus, la moitié de ce qu'ils racontent est faux. N'oublie pas de bien te nourrir et de t'appliquer en classe. Oh et écrit nous au moins ..." récita frénétiquement Hermione.

"Maman ! Je ne suis plus une enfant ! Je suis une future Serpentard et tu n'as plus besoin de me couver" la coupa sa fille en levant le menton, fière comme son papa.

Hermione ne put s'empêcher de pouffer face à la réaction de sa fille. Son père s'approcha de la fillette et s'accroupit devant elle.

"Eléanore, ne vends pas la peau du Demiguise avant de l'avoir trouvé. Rien ne me rendrait plus fier que de te voir entrer dans la noble maison de Salazar Serpentard, mais ne t'en vantes pas avant d'y avoir été répartie. Imagine ton embarras si tu finis à Serdaigle, ou pire, chez les Gryffondor ?"

Cette remarque lui valut un regard noir de la part de sa femme. Sa femme... Même après tant d'années de mariage, il résistait à l'envie de se pincer pour être sûr de ne pas rêver. Il prit son enfant dans ses bras avant de l'aider à hisser sa malle dans le Poudlard Express. Il ne quitta pas le train des yeux avant qu'il ne soit qu'un petit poing écarlate dans l'horizon.

Quelques minutes plus tard, Hermione et lui se retrouvèrent dans les rues animées du Londres moldu.

"Alors, madame la Ministre, maintenant que le nid est vide, comment allons-nous occuper nos journées ?" demanda Drago.

Hermione planta son regard dans le sien, un sourire mutin sur le visage.

"J'ai ma petite idée" répondit-elle, la voix pleine de sous-entendus.

Par Merlin, cette femme aura sa peau. Mais au moins, il pourrait mourir comblé.

FIN.