Je suis enfin partie, j'ai quitté le lycée. Je n'ai pas supporté cette terreur à chaque fois que je sortais. Je n'en pouvais plus de refuser les balades entre amies et les déjeuners au carrefour du centre ville. Alors je suis partie, j'ai comme on pourrait dire, pris la fuite. C'était la meilleure solution. Un nouveau départ, c'est ça que je cherchais finalement. Alors me voilà encore une fois perdue dans le vide sans savoir où j'allais me retrouver mais en ayant en tête les rêves d'un jour nouveau. Je suis restée quelque temps avec maman. Ces temps-ci elle allait mieux, elle était souriante, enjouée. Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas vu sourire depuis le départ de papa. Elle chantait dans la salle de bain et moi je suis restée là à écouter contre la porte. A savourer cet instant si agréable en profitant de la voir, de l'entendre. Elle était joyeuse alors je l'étais aussi. Je ne m'inquiétaits pas pour l'avenir. Je voulais seulement rester là des heures. Rien que maman et moi contre le reste du monde...
J'ai donc trouvé un nouveau lycée, plus près de la maison mais toujours en internat et j'attendais avec impatience et appréhension le jour de la rentrée qui approchait.
Je me lève de bonne heure et enfile mon plus beau jean et un petit pull blanc avec un ananas brodé vers la poitrine pour démarrer cette nouvelle aventure. Je fut présentée aux autres filles de l'internat et à une nouvelle classe. Tous se connaissaient déjà d'avant et on pouvait remarquer que des petits groupes étaient formés. Je me suis retrouvée dans la chambre d'une fille, on n'était que deux et c'était tellement parfait. Qui aurait cru que cette fille allait devenir l'une des plus belles rencontres de ma scolarité. On était inséparables, les seules internes de notre classe, on ne se quittait jamais.
Et on riait, on riait tellement que je ne me souviens pas avoir une fois été triste avec elle. Notre chambre était devenue un refuge pour échanger sur nos journées, se raconter des histoires, parler des garçons et des problèmes de classe. On n'était pas très populaire, on s'était fait un petit groupe d'amies dans la classe. Je me sentais bien, je n'étais pas amie avec tout le monde mais j'avais mon petit groupe et c'était suffisant. Au fil des mois à l'internat on avait même sympathisé avec d'autres filles dans les chambres voisines. On s'échangeait des chocolats et autres bêtises par le balcon, des chambres, s'organisaient des soirées même en plein hiver avec les couvertures étendues sur notre petit balcon. C'était tout ce que j'avais toujours voulu, je me sentais si bien, je sortais, sereine et j'avais retrouvé la joie. J'avais arrêté de m'abîmer, les cicatrices commençaient à s'effacer petit à petit. Et j'avais mis de côté toutes ces épreuves pour vivre une nouvelle vie. Bien sûr il y avait des moments plus difficiles que d'autres mais j'avais un havre de paix, pour parler sans jugement. Je me souviens d'un soir où l'on s'était achetés pleins de bonbons, boissons et j'avoue un peu d'alcool aussi. Et on était toutes les deux avec ma camarade de chambre à discuter. On buvait, on riait tellement fort que les chambres d'à côté cognait les murs pour nous faire signe de baisser le volume. On dansait tous les soirs dans la salle de bain à l'heure de la douche, la musique à fond. On a fait des vidéos, testé des expériences quelque peu bizarres. On se cachait dans les placard du bureau pour faire peur à la surveillante pendant l'appel. On détestait cette surveillante, et on se moquait, on avait nos mots à nous comme des codes secrets que personne ne pouvait déchiffrer. On pouvait éclater de rire juste en se regardant. On avait même créé un tableau des garçons qui nous plaisaient mais qui bien qu'ils ne remarquaient même pas notre existence. On s'inventait des vies où on aurait tout ce dont on avait rêvé, en organisant des défilés de mode dans le self en espérant attirer ces garçons qui nous plaisaient tant.
Cela faisait près d'une année que j'avais intégré ce nouveau lycée. Bien sûr il y avait toujours quelques camarades un peu moqueurs , toujours là pour juger la tenue, la façon d'être mais je n'y prêtais pas attention. J'avais entendu à plusieurs reprises des petites voix chuchoter derrière mon dos à propos de mon passé avec Eden. En effet, je me suis retrouvée près de deux ans après cette relation et son échec cuisant dans le même lycée que lui. Il en avait dit des choses à mon sujet. La plupart étaient des excuses et explications infondées sur notre rupture qui lui ont permis de fuir ses responsabilités en rejetant toute la faute sur moi. Comment dire qu'en arrivant j'étais déjà bien connue, avec une réputation infondée sur des actes que je n'avais pas commis.
Je ne me suis pas laissée faire, cette fois-ci. Je me suis forcée à entrer en contact avec ces personnes, les amis d'Eden qui ignoraient la vérité sur moi. On avait des amis en commun avec ces personnes qui pensaient déjà tout savoir à mon sujet sans chercher à en savoir plus à mon sujet. Au bout de quelques mois j'ai réussi petit à petit à briser cette barrière de mots qu'Eden avait prononcé à son sujet, et ses amis commençaient enfin à se rendre compte de la réelle personne que j'étais. Nous sommes même devenus amis avec la plupart d'entre eux, qui se sont rendus compte de la vérité. Ils furent partie de mes plus belles rencontres. Petit à petit, le groupe s'agrandissait et j'avais enfin l'impression d'exister et d'être aimée en restant moi même. Je n'avais pas besoin de changer, de modifier mon caractère et ma façon d'être. Tout allait réellement pour le mieux.
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Le temps d'une rose
Teen FictionHistoire fictive d'une adolescente abîmée. Les épreuves d'une jeune fille faisant face à la réallité de la vie en société.