Chapitre 7

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– La bande s'agrandit ! dit Fitz, un sourire éclatant aux lèvres.

Je crois que, à ce moment-là, mon cœur rata un battement. Puis quelque chose fleurit en moi. Je détournai mes yeux qui commençaient à devenir humides. Cela n'échappa pas à Keefe. Digne du farceur que j'avais entrevu en lui, il passa un bras autour de mes épaule en s'esclaffant. Malgré tout, ce fut avec un sérieux solennel qu'il me chuchota à l'oreille «Les larmes sont tout aussi belles que les sourires». Mon cœur rata deux battements. À ce rythme là, je devrais bientôt consulter un médecin.

Sans vraiment y prêter attention, le jeune Sencen continua sa phrase, à voix haute cette fois.

– Mais je pense que, quelle qu'en soit la raison, les deux doivent être partagés. Alors, oui, bienvenue dans la bande ! s'exclama-t-il.

Fitz poussa un soupir excédé.

– En gros, tu as juste dit la même chose que moi mais de manière plus philosophique.

Keefe le gratifia d'un clin d'œil.

– Tu dois le respect à ton nouveau maître, Fitzounet.

Et, pour la première fois depuis des années, je me sentis à ma place.

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Ce soir-là, quand je rentrai chez moi, j'étais d'une humeur radieuse. Littéralement. Je rayonnais. En jetant un coup d'œil dans le miroir de l'entrée, mes cheveux me parurent plus clairs qu'avant. Un sourire étira mes lèvres. Sourire... J'avais passé tout l'après-midi à le faire. Des beaux sourires sincères. Ils n'avaient rien à voir avec les sourires forcés que j'adressais au lycée.

Ma mère arqua un sourcil en me voyant sautiller jusqu'au salon.

– Tu as passé un superbe après-midi à ce que je vois.

Je lui souriai de toutes mes dents. Encore un sourire non feint... J'espérais, qu'un jour, je ne les compterais même plus.

À la vue de ma bonne humeur, ma petite-sœur grimaça. Je levai les yeux d'un air interrogateur. Avec un sourire satisfait, elle mima un haut-le-cœur. Puis, elle s'approcha de moi pour murmurer :

– Tu es amoureuse ou quoi ?

Je poussai un cri surpris qui se transforma en toux. Ma mère leva les yeux et je lui signifiai d'un geste rassurant que j'allais bien. Puis, jetant un regard noir à ma sœur, je montai dans ma chambre. Une fois la porte passée, mon lit m'accueillit de toute sa chaleur.

Quelle idée ! Moi, amoureuse ? De qui ? Je repoussai la vision de yeux tantôt bleu glacier, tantôt bleu-vert qui apparut dans mon esprit. Ma vie de lycéenne n'allait pas être de tout repos...

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Le lendemain, je me réveillai avec un affreux goût en bouche. Un mélange de terreur, de soulagement, de dégoût et de détachement. Ce jour-là, je devais passer la dernière journée de toute mon existence dans mon ancien lycée. Enfin, mon prochainement ancien lycée. Il n'en était pas moins le lycée de mes cauchemars.

J'avalai ma salive, étrangement semblable à de la pierre. J'avais à la fois hâte de laisser tout ça derrière moi et à la fois peur de faire face à Lou Falson. Ce sentiment de terreur sans nom, je l'avais déjà connu. Je m'y étais presque habituée. Mais il n'en restait pas moins éprouvant.

Ce matin-là, je pris mon petit-déjeuner en compagnie de ma mère. Elle me regardait, les lèvres tellement pincées que je me demandais si elles n'allaient pas disparaître. Au bout de plusieurs minutes éprouvantes, elle se leva et vint se placer devant moi. Elle me saisit les épaules, comme pour m'ancrer à ce monde.

– Tu vas y arriver, Sophie Elizabeth Foster. Tu es ma fille et tu es une battante. Si ces pu... enfin... ces filles te font du mal, n'hésite pas à m'appeler.

J'acquiesçai, la gorge étrangement nouée par l'émotion. Je me répétai les paroles de ma mère. Je vais y arriver. Je suis une battante.

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Assise à ma place habituelle, j'attendais le début du cours. Mon téléphone en main, je lisais un article sur les meilleurs moyens de s'adapter à un nouvel environnement. Je n'avais pas remarqué Lou Falson, penchée par-dessus mon épaule. Je sursautai violemment, lui administrant un coup de tête au passage. Je ne pus arrêter le frisson de satisfaction qui me parcourut. Malheureusement, cette jubilation fut de courte durée.

Le professeur Marc se tenait devant moi, furieux.

– Que s'est-il passé ici ?

Toutes les amies de Lou s'étaient regroupées autour d'elle. Cette dernière sanglotait doucement. Des murmures s'élevèrent du fond de la classe. La chaleur me monta aux joues, stimulée par la honte et la colère. Cette imbécile de Lou faisait semblant de souffrir au plus haut point. Je l'injuriai mentalement. Le professeur écouta attentivement le témoignage de celle qui m'avait tourmentée pendant des années. À la fin de son récit qui - je n'en doutais point- devait être larmoyant, M. Marc se tourna à nouveau vers moi.

– À la vie scolaire.

Alors que, ruminant mes plus sombres pensées, je me dirigeai vers la porte, Lou me fit un croche-pied. J'eus la satisfaction de ne pas trébucher. Avant de partir, je jetai un coup d'œil à mes camarades. Ils m'avaient tous abandonnée. Je n'eus donc aucun scrupule à leur faire mes adieux.

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Sans grande surprise, j'avais passé le reste de la journée en permanence. Premièrement, parce-que j'avais blessé de manière tout à fait volontaire ma camarade de classe. Deuxièmement, parce-que le directeur s'inquiétait quant à mon état émotionnel. Et troisièmement, parce-que j'avais déclaré souffrir de maux de tête intermittents. Pourquoi n'étais-je simplement rentrée chez moi ? Je ne sais pas. Je pense que je voulais rester un peu plus longtemps, pour que le soulagement de partir ne soit que plus grand. Ce qui fut effectivement le cas.

Une fois dehors, le vent caressant mon visage, je poussai un long soupir. Je me sentais libre. Je sortis mon téléphone pour appeler ma mère mais ce que je vis me coupa le souffle. Keefe m'avait envoyé un message. De nervosité, je portai ma main à mes cils.

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Ça fait beaucoup beaucoup de temps, je vous l'accorde. Mais j'avoue qu'entre les cours, les devoirs et les évaluations, je n'ai pas vraiment trouvé d'inspiration. Mais bon, je suis de retour ! J'attends vos retours avec impatience !

Ciao, RaylaSelene.

    Ciao, RaylaSelene

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Blue Eyes - Une Histoire SokeefeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant